Violences meurtrières à Conakry : Kaly Diallo dénonce « une situation vraiment déplorable »

Cinq morts, des dizaines de blessés et de nombreuses interpellations, c’est le bilan des manifestations enregistrées jeudi et vendredi à Conakry, établi par le FNDC. Et ces violences meurtrières ne laissent pas indifférent Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et responsable du programme DSV-BI du bureau Conakry.

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce samedi 30 juillet 2022, il a dénoncé une situation déplorable que les Guinéens ne pensaient pas vivre sous le règne du CNRD, la junte militaire qui dirige la Guinée.

Mamadou Kaly Diallo, Responsable du Bureau DSV-BI Conakry

« D’abord, permettez-moi de présenter mes condoléances à toutes les familles éplorées et souhaiter prompt rétablissement à toutes les personnes blessées. Je condamne avec la dernière énergie ces pertes en vie humaine. C’est une situation vraiment déplorable. On ne pensait pas qu’on allait retomber encore dans une telle forme de violence, de telles atteintes aux droits de l’homme, en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme en son article 20 et en contradiction avec les engagements pris par le CNRD le 5 septembre 2021.

Même la Charte de la transition élaborée par le CNRD, en son article 8, reconnaît et garantit l’exercice des libertés, dont celle de manifester. Je rappelle que nous, nous travaillons dans le cadre de la promotion de la lutte non violente, et nous sommes opposés à toute forme de violence. Quelle que soit le lieu, la nature, les circonstances, nous sommes opposés à toute forme de violence. Maintenant, il est important que les autorités prennent conscience des causes de ces violences. Parce qu’en Guinée, on a tendance à incriminer la manifestation.

Alors que la manifestation est une forme d’expression qui est garantie par les principes et les devoirs qui fondent la Charte des Nations unies, ensuite la Déclaration universelle des droits de l’homme qui est l’idéal à atteindre par tous les peuples et toutes les nations, ainsi que tous les instruments relatifs à la promotion et à la protection des droits de l’homme. Alors, la Guinée ne peut pas se soustraire de cela si bien qu’on soit en situation d’exception. Aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits de l’homme. C’est une norme universelle qui est d’ailleurs reprise au sein de la Charte de la transition », a-t-il rappelé.

Pour ce défenseur des droits humains, les autorités de la transition doivent revoir leur copie, en créant les conditions d’une transition inclusive et apaisée. « Je pense que la situation actuelle devait interpeller les autorités pour créer un cadre de dialogue véritable et sincère afin de discuter avec les acteurs sociopolitiques des questions essentielles pour aller à un retour à l’ordre constitutionnel. Parce que la vocation d’une transition, c’est de créer les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Encore une fois, je rappelle aux autorités, au président de la transition en particulier, ce qu’avait dit M. Kofi Annan : il n’y a pas de développement sans la paix. Il n’y a pas de paix sans la sécurité. Par contre, il n’y a ni développement, ni paix, ni sécurité quand les droits de l’homme sont violés. Alors, vivement le respect des droits de l’homme pour qu’il y ait la paix, la stabilité et le bien-être des citoyens guinéens », a dit Mamadou Kaly Diallo.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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