« Il faut que Cellou, Sidya et Alpha Condé viennent se blanchir devant la Justice » (Bogola Haba)

Dans le communiqué final publié par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à son 62ème sommet tenu à Abuja, au Nigeria, le 4 décembre 2022, il est demandé aux autorités de la transition guinéenne de tenir instamment un dialogue incluant l’ensemble des acteurs politiques. Le sommet « enjoint » également de commencer immédiatement la mise en œuvre du calendrier de 24 mois pour un retour à l’ordre constitutionnel.

Pour Kéamou Bogola Haba du Front National pour la Défense de la Transition (FNDT), la validation du chronogramme de la transition par la CEDEAO est une note de satisfaction. Cependant, il s’oppose à toute idée de délocalisation du dialogue inter-guinéen dans un autre pays et invite Cellou Dalein, Sidya Touré et Alpha Condé de faire face à la justice guinéenne dans les dossiers les concernant. Il l’a dit dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com dans la journée de ce mercredi 7 décembre 2022.

Le 62ème sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO a rendu son verdict final hier mardi. Au titre des processus de transition dans la sous-région, la situation de la Guinée a figuré en bonne place. Le communiqué final insiste sur la mise en œuvre du calendrier de 24 mois qui doit commencer immédiatement, et non le 1er janvier 2023 comme l’a voulu le colonel Mamadi Doumbouya.

Le coordinateur du Front National pour la Défense de la Transition FNDT, transfuge de l’ANAD, est satisfait de la validation des 24 mois par la CEDEAO. « D’abord, c’est une note de satisfaction que les chefs d’Etat de la CEDEAO aient validé les 24 mois qui ont été décidés le 21 octobre dernier entre le gouvernement de la transition et les équipes techniques de la CEDEAO. Pour arriver à ces 10 po ints du chronogramme, il y a eu beaucoup de consultations, beaucoup de mémorandums qui ont été déposés auprès du CNRD, il y a eu des concertations, dont certains ont boudé et d’autres ont participé. Donc aujourd’hui, c’est que théoriquement la transition commence le 5 décembre qui correspond à la date de validation immédiate par les chefs d’Etat de la CEDEAO. Cela est théorique parce que pendant ce temps, d’ici le 15 décembre le dialogue va continuer pour donner un contenu aux 10 points. Nous pensons que la première session de ce dialogue prendra fin le 15 décembre et évidemment nous avons les fêtes de fin d’année qui viennent les 24 et 31. Donc pratiquement, ça commencera le 1er janvier 2023. C’est pourquoi, en tant que militaire, le président de la transition avait également tranché, il commence à compter à partie du 1er janvier 2023 », a dit Bogola Haba.

Bogola Haba, coordinateur du Front National pour la Défense de la Transition (FNDT)

Au niveau du point 36 de son communiqué, la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO demande aux autorités de la transition de tenir instamment un dialogue incluant l’ensemble des acteurs politiques sans exception. Kéamou Bogola Haba pense plutôt que l’organisation Ouest-africaine devrait plutôt dire aux absents, notamment Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé de faire face d’abord à la justice. « Nous les comprenons, c’est pourquoi nous pensons que la CEDEAO devait plutôt s’adresser avec eux pour leur dire de venir. Si possible demander à la Guinée un certain nombre de mesures de sécurité, mais je crois qu’ils l’ont fait parce qu’ils n’ont pas pu convaincre les autorités guinéennes sur cette question. C’est très difficile pour les autorités de répondre à cette question parce que ce sont des questions de justice. Par exemple, nous au FNDT et l’ensemble de ceux qui soutiennent cette transition le font à cause de la refondation pas à cause des élections. Si aujourd’hui ils veulent satisfaire politiquement ces trois (Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé), ils risquent de nous avoir sur le dos parce que nous les soutenons à cause de la refondation. Et s’ils renoncent à la question de la justice, de la CRIEF et de l’impunité, le CNRD risque de perdre des soutiens extrêmement importants. C’est pourquoi ils n’ont sûrement pas donné de garanties ferme, mais je pense qu’il est important que ces frères acceptent de faire face à leur destin en venant se blanchir devant la justice de notre pays comme le capitaine Moussa Dadis le fait aujourd’hui. Le vrai problème de la Guinée, c’est l’impunité, cette question concerne les puissants parce qu’en réalité, ce ne sont pas les voleurs de moutons ou de chèvres qui ont des problèmes à la justice »

Poursuivant, Bogola Haba a dit son opposition à l’idée d’une délocalisation du dialogue inter-guinéen dans n’importe quel autre pays de l’espace CEDEAO. « En réalité, nous ne pouvons pas transporter tous les guinéens et tous ceux qui participent directement ou indirectement à ce dialogue dans un avion où dans un gros bateau pour les envoyer rencontrer nos frères Cellou Dalein Diallo et Sidya à Abidjan, à Dakar ou à Cotonou. Je pense que cela est pratiquement impossible, ils l’ont fait juste pour leur faire plaisir, mais ils savent pertinemment que ça ne marchera pas », martèle-t-il.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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