Procès du 28 septembre : voici les premiers mots du capitaine Moussa Dadis Camara à la barre

C’est la première fois qu’un chef d’État est jugé en Guinée. Ce lundi, 12 Décembre 2022, le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la Transition guinéenne (entre 2008 et 2009), comparaît devant le tribunal criminel pour répondre des accusations qui pèsent contre lui dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Et, à l’entame de sa déposition, le président du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés dans cette affaire, rapporte l’équipe de reportage de Guineematin.com qui suit ce procès.

Avant de parler du dossier du massacre du 28 septembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara a d’abord rendu hommage aux victimes du massacre du 28 septembre et a prié particulièrement pour le Capitaine Makambo Loua qui aurait donné sa vie pour sauver la sienne.

« Je voudrais, avant de parler des événements du 28 septembre 2009, de donner ma part de vérité, commencer par une pensée aux victimes, aux familles explorées, à tout le peuple de Guinée et m’incliner devant toutes les victimes et présenter mes condoléances aux familles. Ma pensée va au feu Joseph Makambo Loua qui a perdu sa vie pour me sauver. Si je suis devant ce tribunal aujourd’hui, je prie Dieu le tout puissant de le garder dans son paradis éternel », dit Moussa Dadis Camara.

Poursuivant son propos, le Capitaine Moussa Dadis Camara a dit être surpris et perturbé lorsqu’il a eu la visite de son ancien aide de camp, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba.

« C’est l’occasion pour moi de vous dire en toute sincérité, cet homme (Toumba), depuis que je suis venu, à chaque évènement ou même pour la surprise que Monsieur Toumba Diakité a eu à me faire à la maison centrale, j’étais sérieusement perturbé et je ne voulais pas en ce moment vous le dire, note une parfaite insécurité. Un homme qui a tenté de vous assassiner, (…) que cet homme surgit devant vous pour se repentir, je ne voyais que feu Joseph Makambo. Je n’ai pas fait cas, parce que je suis un officier d’état-major, (…) un homme qui est cadré, qui peut se ressaisir dans certains événements… Je suis capitaine et je mourrai capitaine.  C’est ce que je mérite, c’est ce que j’ai eu au sein des forces armées par la bravoure de toute l’armée guinéenne. Je suis devant vous Monsieur le président, sachez que c’est mon patriotisme qui me fait venir ici. Autrement, je ne serais plus là ou tout au moins je n’allais pas accepter de venir », a-t-il déclaré.

Le capitaine Moussa Dadis Camara a aussi rendu un hommage au Burkina Faso, le pays qui l’a accueilli et hébergé pendant 13 ans, depuis sa chute du pouvoir.

« J’ai fait à peu près 13 ans au Burkina Faso. J’ai toute la latitude d’avoir la nationalité de ce peuple. Car, c’est ce peuple qui m’a adopté, c’est ce peuple qui a fait de moi ce que je suis. Donc, un peuple éternellement reconnaissant… Je prie en fin que la Grâce de Dieu puisse combler les nouvelles autorités afin de lutter contre le terrorisme qui sévit dans cette patrie » a-t-il dit.

L’ancien président de la transition n’a pas omis de lancer un message de reconnaissance au colonel Mamadi  Doumbouya. Selon lui, l’ouverture de ce procès va lui permettre de laver son honneur devant le peuple de Guinée.

« Monsieur le président, je tiens à remercier le Colonel Mamadi Doumbouya et son ministre de la justice garde des sceaux et tous les membres du Gouvernement d’avoir accepté que ce procès ait jour. La vie d’un homme, c’est l’honneur. C’est pourquoi je remercie le président Doumbouya. Mon honneur en dépendait. Ce n’est pas l’argent. On peut tout perdre dans la vie, mais il ne faut pas perdre l’honneur. Je suis venu devant vous Monsieur le président, devant votre peuple pour vous dire que cet homme qui est devant vous est un homme sincère, honnête, patriote… Son père, mon géniteur, fut le premier chauffeur de votre aîné feu Maître Mackay. Je vous prie, Monsieur le président et les éminents magistrats de bien vouloir demander à vos collègues d’ouvrir les archives de feu Mamadou Koulé Camara. Est-ce que le père du capitaine Moussa Dadis Camara fut-il un menteur ou un assassin ? Un homme généreux, Oui. C’est son sang qui coule dans mes vaines », a-t-il indiqué.

Il faut rappeler que Moussa Dadis Camara est poursuivi pour « meurtre, assassinat, vol, pillages, incendies volontaires, vol à main armée, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, torture, enlèvement et séquestration, non assistance à personnes en danger, violences sexuelles, attentat à la pudeur, détention de matériel de guerre de première catégorie et complicité » dans ce dossier du massacre du 28 septembre 2009. Et, avant lui, ont comparu le Colonel Moussa Thiégboro Camara, le Capitaine Marcel Guilavogui, le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Touma, le Capitaine Cécé Raphaël Haba, le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, le Colonel Ibrahima Camara dit Kalonzo, le Margis-Chef Mamadou Aliou Keïta.

À suivre !

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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