Bilan 2022 du SNE : « C’est un bilan qui laisse espérer à un lendemain meilleur », dit Pépé Balamou

L’année 2022 s’est visiblement achevée sur une note de satisfaction au niveau du Syndicat National de l’Education (SNE). En tout cas, le secrétaire général de cette structure syndicale, Michel Pépé Balamou, assure que les activités ont été déroulées à la « satisfaction ». Des activités qui sont principalement axées sur la lutte pour le bien-être des enseignants et le bon déroulement des examens des nationaux.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 4 janvier 2023, Pépé Balamou a dit avoir suivi de bout en bout les examens nationaux session 2022 et que son implication a produit un résultat salvateur, notamment dans la lutte contre la fraude.

Michel Pépé Balamou, Secrétaire général du SNE

« La première activité que nous avons entreprise durant l’année qui vient de finir, 2022, c’est une activité d’alerte, d’interpellation et de proposition autour des antivaleurs qui rouillent le fonctionnement réel de notre système éducatif. Puisque le syndicat défend le travail, le travailleur et ensuite ses droits et ses devoirs. Dans ce cadre là, au niveau surtout des examens nationaux, nous avons fait une grande dénonciation par rapport aux fraudes systémiques, ce qui a valu même à certains cadres leurs postes pour leur complicité avérée dans la commission de ces fraudes. Mais aussi, de l’autre côté, nous avons également dénoncé la mauvaise utilisation des matériels didactiques qui étaient destinés aux tout-petits qu’on retrouve au marché. Vous avez vu le cas de Matoto où des livres destinés aux élèves se sont retrouvés sur le marché et cela aussi a valu tout ce que cela a valu au niveau de Matoto. Donc, ça c’est parti du SNE.

Dans le cadre de la défense des droits des travailleurs, surtout des enseignants, il y a eu beaucoup d’enseignants qui ont été victimes de mutation, d’affectations arbitraires, de confiscation d’arriérés de salaires, notamment à Forécariah, à Kindia et dans pas mal de préfectures. Nous avons aussi travaillé à ce que ces enseignants-là puissent entrer en possession de leur salaire qui était injustement et arbitrairement confisqués par certaines autorités. Donc, eu égard à tout cet état de fait, nous avons pensé au niveau du SNE qu’il fallait impérativement travailler dans ce sens-là. Au-delà de ça, nous avons déclenché une grève avec l’intersyndical de l’éducation pendant avril, mai, pratiquement il n’y avait plus cours dans les écoles ; mais, dans cette grève, nous avons voulu travailler pour l’amélioration des conditions de vie et travail des enseignants et même de l’administration scolaire.  Donc, voilà globalement ce qu’on peut retenir du bilan à mi-parcours du SNE. On peut dire que c’est un bilan qui laisse espérer à un lendemain meilleur », a indiqué Michel Pépé Balamou.

Pour cette année 2023, plusieurs défis sont dans le viseur du SNE, notamment le bien-être des corps enseignants, la mise en place d’un statut particulier des enseignants, le paiement des heures supplémentaires.

Michel Pépé Balamou, Secrétaire général du SNE

« Les perspectives qui se profilent à l’horizon au niveau du SNE, c’est de travailler à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Notre vocation c’est ça. En réalité, le premier défi majeur qu’on doit avoir à réaliser, c’est un statut particulier digne de nom. Il faut un statut particulier pour les enseignants. Parce que celui que nous avons aujourd’hui est vétuste, caduque, archaïque. Il faut le rendre très attractif. Le deuxième défi, il faut faire en sorte qu’il y ait une politique holistique de la profession. Ça fera en sorte qu’on ait une profession très attractive. Tant qu’il n’y a pas une profession attractive en réalité, on n’ira nulle part. Le troisième défi, c’est de faire en sorte que le temps du travail invisible de l’enseignant soit rémunéré en terme salarial. Lorsqu’on parle de temps invisible, c’est les temps de préparation, les temps de correction des copies, de recherche documentaire, des relevés de notes, de calcul de notes, des classements, de remplissage de bulletins, des cahiers de texte etc… Ça veut dire que l’enseignant travaille plus à la maison qu’à l’école. Le quatrième défi, c’est de faire en sorte que des heures supplémentaires soient payées aux enseignants. Vous avez des enseignants aujourd’hui qui ont 36 heures dans certaines écoles. Donc, il faudrait qu’au-delà de 18 heures, l’excédent de travail réalisé par l’enseignant soit payé. À l’enseignement supérieur ça se fait. Donc, à l’enseignement pré-universitaire on en a besoin. Le sixième élément, c’est l’augmentation des salaires. Le pouvoir d’achat de l’enseignant s’effrite sous le poids de la cherté de vie qui est consubstantiel à la flambée exponentielle des denrées de première nécessité du loyer cher, des frais de scolarité des enfants qui sont symptomatiques d’un pouvoir d’achat vraiment dérisoire d’un salaire très dérisoire », a déclaré Michel Pépé Balamou.

Pour finir, plusieurs demandes et revendications ont été formulées par le Secrétaire général du SNE à l’endroit des autorités de l’enseignement pré-universitaire. Michel Pépé Balamou estime que si ces différentes revendications ne sont pas prises en compte, le système éducatif guinéen n’évoluera pas.

« Si aujourd’hui on veut réellement qu’on ait une éducation de qualité en Guinée, il faut investir dans l’enseignant. Investir dans l’enseignement, c’est le mettre à l’abri du besoin. Un enseignant qui est payé à 2.500.000 et qui loge dans une maison qu’il paye à 2.000.000, avec le 500.000 il ne peut pas payer la scolarité de ses enfants etc… Donc, il ne travaille pas, mais il vivote. Il faut des logements sociaux, il faut la prise en charge et l’évacuation sanitaire. Aujourd’hui, il y a des enseignants qui sont confrontés à des maladies professionnelles, mais qui ne sont pas pris en charge, qui meurent de leur belle mort alors qu’ils sont au service de la République. Il faut faire en sorte qu’il y ait une protection sociale. Il faut qu’il y ait la dotation des enseignants en denrées de première nécessité. Il faut qu’il y ait la formation des enseignants jusqu’à ce que cette formation leur permette d’avoir accès à une autre fonction, à un plan de carrière. Il y a des concours probatoires qu’on doit organiser pour permettre aux enseignants d’avoir un avancement aux mérites, aux grades, aux échelons et autres… Mais, tant qu’il n’y a pas ça au sein de l’éducation, ma foi, on va tout faire, ça ne marchera pas », a-t-il conclu.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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