Défense des valeurs : du citoyen sénégalais au partisan guinéen

Abdoulaye Oumou Sow, Journaliste, Blogueur Responsable de Communication du FNDC

Plutôt, je dirais l’hypocrisie chez certains Guinéens ! Oui, dans les lignes qui suivent, je vous   partage l’expérience de citoyenneté de ces deux pays voisins d’Afrique de l’Ouest. Quelquefois « amis » et généralement opposés, surtout sur le plan politique.

Plus d’une semaine maintenant, des tristes événements secouent le Sénégal, en lien avec l’affaire opposant Ousmane Sonko à la masseuse Adji Sarr qui a abouti à la condamnation, le 1er juin dernier, du leader de l’opposition au président Macky Sall à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Loin de se laisser abattre par cette affaire qualifiée de politico-judiciaire, les Sénégalais – parfois au-delà des partisans du chef du Pastef — résistent contre la dictature que le président de la République essaie d’instaurer dans ce pays, autrefois « îlot de la démocratie » dans la sous-région. Cela prouve éloquemment que le peuple de la Teranga a réussi à ancrer la citoyenneté, ajoutée à la défense des valeurs et des principes démocratiques.

Une réalité qui contraste avec celle qui prévaut en Guinée, où malheureusement certains concitoyens biberonnés dans le mensonge, la haine de l’autre et la détestation ne trouvent leur salut que dans la défense des dérives de nos dirigeants, prédateurs de nos libertés et de notre indépendance.

A lire leurs positions aujourd’hui dans la crise qui secoue le Sénégal, on serait agréablement surpris par leur niveau élevé de compréhension des valeurs démocratiques qu’il faut promouvoir dans un Etat de droit. Mais en plaçant leurs positions dans leur contexte et en comprenant, on comprend aisément les raisons qui les animent : d’un côté, ils soutiennent les dictatures qui se succèdent à la tête de l’État guinéen et de l’autre ils reprochent à Macky Sall, à tort ou à raison, d’être proche de l’opposition guinéenne. Ces raisons leur suffisent pour affirmer leurs contradictions !

Aujourd’hui, ils trouvent de toute évidence anormale la dictature rampante que le régime Sall veut imposer au peuple sénégalais sous l’autel d’une parodie de justice, et que le peuple doit résister et lutter quand la justice est inféodée au pouvoir exécutif. Que restreindre internet au Sénégal est, en effet, une violation grave des droits d’informer et d’être informés. Mais quand c’est en Guinée que la justice est inféodée au pouvoir, que des jeunes manifestants se fassent exécuter par les balles des forces de défense et de sécurité et que le gouvernement coupe internet, ils portent des lunettes en bois pour ne rien voir.

Depuis plusieurs mois, des citoyens guinéens sont arrêtés et incarcérés – sans jugement. Mais ça, ce n’est pas grave pour nos compatriotes défenseurs de la démocratie.

Malgré des décisions de justice pour certains, on muselé d’autres citoyens en les poussant à l’exil avec des accusations farfelues cousues de fil blanc.

Le peuple sénégalais prouve encore qu’il demeure titulaire unique des pouvoirs publics. Les citoyens transcendent les clivages politiques pour défendre la justice, l’Etat de droit et la démocratie.

Au contraire, en Guinée, tous ceux qui osent défendre les valeurs de justice, de démocratie et de primauté du droit, sont arrêtés, emprisonnés, poussés à l’exil. La restriction des libertés est la règle en Guinée. Et, hélas, les pourfendeurs de ses libertés trouvent normal que des Guinéens subissent cette injustice mais font semblant de s’indigner quand cela se passe ailleurs en Afrique.

A voir la banalité avec laquelle certains concitoyens expriment leur hypocrisie, nous nous posons la question de savoir quelle pathologie a attaqué leur cerveau.

Abdoulaye Oumou SOW, Journaliste  

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