Un an du procès du 28 septembre 2009 : « nous voulons voir le bout du tunnel », dit Me Labilé Koné

Me Koné Aimé Christophe Labilé, avocat à la cour, président de l'ONG avocat sans frontière Guinée

Il a fallu treize longues années pour que le procès du massacre du 28 septembre 2009 débute à Conakry. Un an après son ouverture, Me Aimé Christophe Labilé Koné, président de l’ONG avocats sans frontières Guinée, salue son déroulé mais dit attendre qu’il ait un épilogue pour que les responsabilités soient situées, rapporte Guineematin.com à travers son reporter qui l’a interviewé mardi, 27 septembre 2023.

L’avocat relève toutefois quelques difficultés qui ont émaillé le déroulement de ce procès très suivi en Guinée et ailleurs qui a débuté le 28 septembre 2022, soit un an après l’arrivée au pouvoir du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement).

« Nous savons que des débats ont eu lieu, il y a eu des hauts et des bas mais on peut se dire que les incidents qui sont intervenus, c’est normal dans un procès pénal. Il y a eu un bras de fer entre le ministère de la justice et les avocats pour les honoraires. Finalement il y a eu un accord pour la reprise du procès, et entre-temps les gardes pénitentiaires se sont mis en grève par rapport à une revendication corporatiste », a-t-il rappelé.

Le procès reprendra pour se poursuivre jusqu’en fin juillet avant d’être suspendu pour les vacances des magistrats et avocats. Sa réouverture est prévue le 03 octobre prochain.

Maintenant qu’il est ouvert, Me Aimé Christophe Labilé dit attendre son épilogue pour que les responsabilités soient situées.

« On peut se réjouir et dire que ce procès doit avoir un épilogue. Que ceux qui sont coupables soient condamnés, ceux qui ne sont pas coupables soient blanchis et que les victimes connaissent la vérité. Alors je peux dire que nous sommes dans un tunnel, on est en train de le parcourir et nous voulons voir le bout de ce tunnel très bientôt », a-t-il souhaité.

Mais la reprise du procès mardi prochain risque d’être comprise par la grève des magistrats entamée depuis quelques semaines. Cette perspective inquiète.

« L’inquiétude que nous avons actuellement c’est la grève des magistrats, qui jusqu’à présent selon mes informations n’a pas abouti à un accord. Et le procès doit reprendre en principe dans une semaine, l’inquiétude est que le jour de la reprise que le procès soit reporté. Ce qui fera encore perdurer la sortie du tunnel », a expliqué le président d’avocats sans frontières Guinée.

Pour éviter le renvoi du procès, il demande que solution soit trouvée à cette situation opposant le ministère de la Justice et les magistrats.

« Je demande à la justice de prendre le bon bout pour que le procès puisse avoir un épilogue, c’est-à-dire un jugement définitif, parce que ces victimes ont trop attendu pour que justice soit rendue », a conclu Me Koné.

Me Koné Aimé Christophe Labilé, avocat à la cour, président de l’ONG avocat sans frontière Guinée

Pour rappel, dans le stade du 28 septembre en 2009, commune de Dixinn, plusieurs personnes, répondant à l’appel des forces vives d’alors contre la volonté du chef de la junte, le Capitaine Moussa Dadis camara, d’ôter sa tenue pour prendre part à la présidentielle de 2010 alors qu’il avait auparavant promis de ne pas le faire, sont entrées dans ledit stade. Des militaires y font irruption pour tirer à balles réelles sur la foule occasionnant plus de 157 victimes, et une centaine de femmes ont été violées ce jour et ceux qui ont suivi.

Onze personnes y compris Moussa Dadis camara, son aide de camp Aboubacar Diakité, dit « Toumba », Colonel Tiegboro Camara, Claude Pivi, sont jugés pour les faits de « meurtres, assassinats, viols, pillages, incendies volontaires, tortures, violences sexuelles…».

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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