Qui pour organiser les élections en Guinée : l’UFDG s’oppose au ministère de l’administration du territoire

Honorable Mamadou Cellou Baldé, coordinateur des fédérations de l’UFDG de l’intérieur

Les autorités de la transition comptent confier l’organisation des prochaines consultations électorales en Guinée au Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD). De nombreux acteurs politiques dénoncent cette volonté des tombeurs d’Alpha Condé et l’expriment ouvertement. Lors de l’assemblée générale hebdomadaire de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) tenue hier, samedi 11 novembre 2023, se dit opposé à cette initiative et demande la mise en place d’un organe électoral indépendant pour garantir des élections justes et équitables, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Pour Cellou Baldé, membre du bureau politique national de l’UFDG, les manœuvres actuelles de la junte ne rassurent pas quant à sa volonté de rendre le pouvoir au terme de la durée de 24 mois signée avec les partenaires. « Après 25 mois de transition, nous n’avons pas d’avant-projet du fichier électoral, nous n’avons pas de lois électorale, nous n’avons pas d’organe de gestion des élections, nous n’avons pas de fichier électoral. Et comment voulez-vous qu’on aille aux élections pour le retour à l’ordre constitutionnel ? Comment voulez-vous que les guinéens croient à la franchise et à la sincérité des autorités de la transition ? C’est à juste titre, parlant du fichier électoral, que nous allons rappeler à qui de droit, rappeler aux guinéens, que ce qui est en train d’être fait, ce qui est en train d’être orchestré en ce moment, en ce qui concerne le fichier électoral, c’est pour ne pas que nous sortions de la transition dans les délais de 24 mois indiqués. Parce qu’on nous parle de recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC). Je les mets tous au défi, je mets l’administration du territoire au défi, je mets tous les experts du CNRD et du gouvernement qu’avec le RAVEC, on peut générer un fichier d’état civil duquel, on peut sortir un fichier électoral qui permettra d’aller aux élections avant le 31 décembre 2024. Ce n’est pas du tout possible. Vous savez aujourd’hui même, pour les fonctionnaires, pour avoir la carte d’identité biométrique, c’est une guerre, c’est un parcours du combattant, ça prend 4 mois, parfois jusqu’à 6 mois, depuis le versement des 160 000 GNF à la banque jusqu’à l’obtention du sésame. Comment voulez-vous que les potentiels électeurs, jusqu’à 8 millions de guinéens, puissent disposer de tous les documents, être dans un fichier d’état civil, disposer des cartes biométriques pour aller voter ? Puisque qu’à l’heure actuelle, même un avant-projet de fichier électoral, nous n’avons pas. Et pour aller à un référendum constitutionnel, il faut avoir un fichier électoral. Et c’est après le référendum constitutionnel, quand nous aurons, par la voie des urnes, validé la constitution de la Guinée, c’est en ce moment que nous aurons à parler de la loi électorale, c’est en ce moment que nous parlerons de l’organe constitutionnel de gestion des élections, c’est en ce moment que nous parlerons des dispositions pour l’organisation de toutes les élections. Depuis 2010, nous sommes dans ce pays, au moins trois élections ont été organisées depuis 2010. Est-ce que cela est possible en moins de 13 mois ? Je dis non !  C’est n’est pas possible. C’est de l’utopie, c’est une manière de confisquer le pouvoir », accuse Cellou Baldé.

Au cœur des préoccupations se trouve la perspective que le MATD organise les élections à la place d’un organe électoral indépendant. L’UFDG conteste vigoureusement cette idée. Cellou Baldé déplore que le cas de la CENI ne figure pas dans les discussions… « On entend que c’est le Ministère de l’administration qui va organiser les élections. Ça aussi, rassurez-vous, que c’est niet. Nous ne n’accepterons pas et que ce n’est pas possible. L’administration n’organisera pas les élections pour sortir de la transition. Quand vous prenez le titre 4 de la charte de la transition, qui parle des dispositions transitoires et finales, il y a l’article 77 qui dit que le calendrier sera défini de commun accord entre les forces vives de Guinée et le CNRD. L’article 78 dit quoi ? Au titre des dispositions transitoires, parlant des institutions, elles n’ont parlé que de la Cour Constitutionnelle. Et là, la Charte a été claire, que pendant la transition, les attributions de la Cour Constitutionnelle sont transférées à la Cour suprême. Mais pour la CENI, cela n’a pas été indiqué. C’est parce que c’est par les lois nationales, notamment le code électoral, que ça soit la Constitution dissoute mais également les lois supranationales. Je veux parler de l’article 3 du protocole additionnel de la CEDEAO, je veux parler de l’article 17 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de bonne gouvernance. Tous ces instruments juridiques internationaux auxquels la Guinée a souscrit librement demandent à ce que des organes indépendants d’organisation des élections soient mis en place que ce soit, des organes neutres, impartiaux. Parlons de l’administration du territoire. L’administration du territoire, ce sont les sous-préfets militaires que vous avez, ce sont des préfets militaires que vous avez, ce sont des gouverneurs militaires que vous avez. Ce sont des cadres incompétents et partisans que vous avez au Ministère de l’Administration du territoire que nous connaissons, et qui ont contribué à la fraude électorale lors de toutes les élections passées. Est-ce qu’il possible aujourd’hui dans ce climat de méfiance, dans cette crise méfiance totale et profonde, est-ce qu’il est possible que cette administration totalement militarisée organise les élections pour nous ? Et donc, nous appelons les autorités de la transition, le ministre de l’Administration du territoire, le CNRD, tous ceux qui sont concernés par cette question, de savoir et de comprendre, que les acteurs politiques ne l’accepteront pas. Et le peuple de Guinée ne l’acceptera pas. Parce que nous ne souhaitons pas régler une crise par une autre crise. C’est un organe indépendant, qui sera composé en concertation avec les partis politiques, qui va organiser les élections dans notre pays », a martelé Cellou Baldé.

Mamadou Sow pour Guineematin.com

Tel : +224622919225

Facebook Comments Box