Guinée : les enseignants contractuels communautaires menacent d’aller en grève générale (les raisons)

Malgré la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement, les enseignants contractuels communaux continuent de réclamer leur intégration à la fonction publique. Si le gouvernement ne respecte ses engagements, ils pourraient déclencher une grève générale et illimitée. C’est une annonce faite ce mercredi, 17 janvier 2024, par Moussa Doré, président du Collectif des professionnels de l’éducation (CPE), dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Depuis la reprise des cours, après les congés forcés liés à la crise du carburant, des enseignants contractuels ont abandonné les classes dans certaines régions à l’intérieur de la Guinée, comme à Kankan et Kindia. D’autres menacent de suivre le mouvement si rien n’est fait pour leur engagement à la fonction publique.

Interrogé à ce sujet, Moussa Doré du collectif des enseignants contractuels indique que le délai d’engagement des enseignants contractuels à la fonction publique a expiré depuis le 31 Décembre 2023. « Le gouvernement, avec le Collectif des professionnels de l’éducation et l’inter-centrale de l’éducation, avait signé un protocole d’accord le 27 Octobre 2023. Il était prévu que la mise en œuvre du protocole devrait commencer jusqu’au 31 décembre et tous les contractuels devraient avoir leurs matricules et être engagés à la fonction publique. Très malheureusement, il n’y a que 2 points dans le protocole qui sont mis en œuvre. Il s’agit de l’identification des contractuels et la paie des primes d’encouragement. Depuis, nous n’avons aucune communication qui puisse nous guider. Après l’incitation, nous avons fait le rapport de la mission… Jusque-là, nous ne savons pas qu’est-ce qui est en train d’être fait pour que les contractuels soient engagés à la fonction publique d’ici fin janvier. Le protocole a été signé par 4 ministres, ça veut dire qu’ils sont conscients du contenu avant de signer. Si le protocole n’est pas mis en œuvre, nous allons douter par rapport à la moralité des autorités à son application », a déclaré Moussa Doré.

Par ailleurs, notre interlocuteur a fait savoir que ceux qui ont arrêté de donner cours l’ont anticipé. « Les contractuels sont dans leur plein droit. Ils ont repris les cours au mois de novembre dans l’espoir qu’ils seraient engagés à la fonction publique à partir du 31 décembre. Du moment où ils ont fait 2 mois sans salaires, cet espoir n’est pas encore atteint. Nous, on comprend leurs souffrances et leur cri de cœur. C’est pourquoi, avant qu’on ne décide de lancer un mouvement général, d’autres préfectures, de façon isolée, ont décidé d’abandonner les classes parce que pour eux, c’est de trop. C’est ce qui a fait que les contractuels de Kankan ont décidé avant hier lundi de manifester. Très malheureusement, elle a tourné au vinaigre. Des contractuels ont été arrêtés, 3 femmes et 3 hommes. Hier mardi, le Collectif, la Coordination, la SNE et le SLEECG, nous avons démarchés auprès des autorités, les 3 femmes ont été libérées. Les contractuels ont travaillé 9 mois ; après, ils ont renoncé au paiement de ces 9 mois pour être engagés à la fonction publique. À Kindia aussi, les élèves ont rebroussé chemin par manque d’enseignants. Dans certaines écoles, à la place des enseignants, ce sont des lycéens qui sont pris pour surveiller les élèves qui composent. Les contractuels, en grande partie, ont abandonné les cours, exceptés ceux qui sont payés par les communautés », a fait savoir Moussa Doré.

En outre, le président du Collectif des professionnels de l’éducation agite le chiffon rouge de la grève illimitée avec l’ensemble des structures syndicales de l’éducation. « Hier, on devait avoir une rencontre avec le CNDS (Conseil national de dialogue social), garant du protocole d’accord, qui a appelé les 4 départements qui ont signé l’accord. Il n’y avait que 1 qui était disponible. Du coup, il a reporté pour le mardi prochain. Mais, jusqu’à la fin de ce mois de janvier, si rien n’est fait de façon concrète, nous pensons que l’école va prendre une nouvelle crise. Pour nous, c’est un manque de considération. En réalité, c’est un manque de volonté. C’est pourquoi nous avons dit au CNDS, nous donnons quelques jours au gouvernement, à défaut, nous allons déclencher une grève générale illimitée sur toute l’étendue du territoire nationale, qui sera accompagnée par des sit-in et dire à l’État que trop c’est trop. Nous avons l’avis favorable de toutes les structures syndicales… »

 Ismael Diallo pour Guineematin.com

 Tél. : 624 693 333

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