Colonel Blaise Goumou partait-il fréquemment au camp Kaléa ? « C’était chez lui », martèle l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro

Colonel Blaise Goumou, ancien élément du service anti drogue

La phase des confrontations se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Et, c’est le colonel Blaise Goumou (un des accusés dans ce dossier) qui vient d’être appelé à la barre pour un face à face avec l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro. Cette confrontation a été sollicitée par le parquet et elle va porter sur deux points de contradiction. Il s’agit de la fréquence du colonel Blaise Goumou au centre d’instruction de Kaléa et l’uniforme qu’il portait, notamment le béret, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Au mois de janvier dernier, l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro avait comparu devant cette juridiction en qualité de « témoin ». Et lors de sa déposition, il avait dit que le colonel Blaise Goumou partait fréquemment au centre d’instruction de Kaléa où des nouvelles recrues étaient cantonnées. Il avait aussi déclaré que des hommes de ce centre d’instruction, particulièrement ceux des compagnies Titanic et Charli, faisaient partie des gens qui ont réprimé dans le sang le meeting des forces vives au stade du 28 septembre le 28 septembre 2009. Une répression qui a fait plus de 157 morts, plus d’une centaine de femmes violées, des blessés et des disparus.

Aujourd’hui, l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro a été mis face au colonel Blaise Goumou qu’il a toujours présenté comme un élément clé du camp Kaléa. Et comme on pouvait si attendre, il a réitéré ses accusations contre cet officier de la gendarmerie nationale.

« Blaise, c’était chez lui à Kaléa. Et ce que je dois lui rappeler, il a servi plusieurs années dans ce pays. Quand le capitaine Moussa Dadis est venu au pouvoir, c’est le peuple qui l’a acclamé. Donc, si ce même peuple est massacré, ils doivent dire la vérité. Si Blaise dit qu’il ne partait pas à Kaléa, ça c’est vraiment difficile. Il n’a qu’à dire la vérité. Il partait à Kaléa », a-t-il martelé.

Visiblement très choqué par ces propos, le colonel Blaise Goumou a dit qu’il n’avait « jamais vu ou rencontré » son accusateur qui s’est pourtant présenté au tribunal comme une ancienne recrue de Kaléa. L’officier de la gendarmerie assure qu’il y a une erreur sur la personne et l’agent qui a été identifié sur une photo par Mamadi Soumaoro serait de la garde présidentielle. Il a même brandi une photo où il désigne cet agent « à l’extrémité droite du capitaine Moussa Dadis Camara dans un cortège avec son salon ».

« Je suis véritablement meurtri. Cette affaire de Kaléa, je ne sais pas qu’est-ce qu’on veut de Blaise par rapport à ça. Il (Mamadi Soumaoro) parle sans rapporter de preuve. Et moi je vais vous parler avec des preuves à l’appui. Au temps du CNDD, j’étais un académicien confirmé, un lieutenant deux galons… J’ai été affecté à Kaléa au temps de Lansana Conté (ex chef d’Etat guinéen) en qualité d’instructeur… A l’arrivée du CNDD, j’ai bénéficié d’un acte d’affectation aux services spéciaux le 16 mars 2009, alors que les premières recrues du CNDD sont arrivées à Kaléa en juillet 2009… Je peux vous affirmer que c’est ma première fois de voir Mamadi Soumaoro. Dans ma vie, je ne l’avais jamais vu, je ne l’avais jamais rencontré. Et lui, s’il dit qu’il me connaissait, moi je dis que ce n’est pas vrai. Et je vais vous prouver par A plus B que ce qu’il dit n’est pas vrai. Lors de son passage ici, il a dit que je partais à Kaléa et j’arborais le béret rouge, monsieur le procureur a fait sortir une photo pour lui demander s’il me reconnaît. Il a dit : oui ! Mais, je vous dis : il s’est trompé de personne. La personne qu’il a indexée n’est pas Blaise. Voilà cette personne à l’extrémité droite du capitaine Moussa Dadis Camara qui est en cortège avec ses éléments du salon. Moussa Dadis Camara peut venir tout de suite pour dire le nom de la personne qui est sur cette photo », a indiqué Blaise Goumou.

Pourquoi Blaise Goumou a peur ?

La défense du colonel Blaise Goumou n’a pas ébranlé l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro devant le tribunal. En tout cas, il n’a pas bougé d’un iota dans ses accusations contre cet officier de la gendarmerie nationale. D’ailleurs, il a précisé que le colonel Blaise Goumou faisait même des rassemblements dans ce centre d’instruction de Kaléa. Et selon lui, cet officier de la gendarmerie s’abrite aujourd’hui derrière une négation des faits à cause de la gravité des crimes poursuivis contre lui dans ce dossier du massacre du 28 septembre 2009.

« D’abord, Kaléa était commandé par les gendarmes. Mais si Blaise dit qu’il ne partait pas à Kaléa, moi je ne suis pas surpris. Parce que ses chefs gendarmes qui se sont succédé ici n’ont pas reconnu que ce sont eux qui géraient Kaléa. Mais, il (Blaise Goumou) partait à Kaléa, il faisait des rassemblements là-bas. Pourquoi il a peur aujourd’hui, c’est parce que ce qui s’est passé est très grave », a martelé l’adjudant-chef Mamadi Soumaoro.

Cependant, le colonel Blaise Goumou s’est pressé à réfuter de nouveau ces accusations.

« Monsieur le président, encore une fois, je ne partais pas à Kaléa, j’étais aux services spéciaux. Je vais aller à Kaléa pour quel motif ? » a-t-il déclaré.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box