Transition : l’OGDH appelle le CNRD au dialogue pour éviter à la Guinée des “lendemains incertains”

Colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, président de la Transition

Depuis quelques semaines, des acteurs politiques et sociaux multiplient les sorties pour dénoncer l’intention assumée de la junte militaire du CNRD (au pouvoir en Guinée depuis le 5 septembre 2021 : ndlr) de prolonger la Transition pour rester au pouvoir au-delà du 31 décembre 2024. Certains acteurs, comme Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), se montrent plus déterminés à s’opposer à cette initiative des autorités guinéennes. Cette grande figure politique (qui jouit d’une grande popularité dans le pays) menace même de demander le départ de la junte pour la remplacer par une transition civile. Et pour y arriver, il promet d’user de tous les moyens légaux (y compris les manifestations de rue) contre cette junte du Général Mamadi Doumbouya. Ce qui laisse planer un risque d’agitation les prochains mois en Guinée, surtout quand on sait que les manifestations sont souvent émaillées de violences et de mort d’hommes dans ce pays de l’Afrique de l’ouest.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, 7 juin 2024, Alseny Sall, le responsable en charge de la communication de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), a exprimé la crainte de “lendemains incertains” dans le pays.

Alseny Sall, porte parole de l’OGDH

“ C’est une situation préoccupante pour nous dans la mesure où nous sommes dans un contexte tendu entre le gouvernement et des acteurs majeurs de ce pays sur la conduite de la transition qui nécessite la mise en place d’un cadre dialogue inclusif et consensuel pour lever tous les malentendus entre les protagonistes pour nous éviter des lendemains incertains. Et à notre avis, le General Mamadi DOUMBOUYA, président de la transition, a un rôle essentiel pour nous aider à dissiper le doute qui s’est déjà installé, malheureusement”, a-t-il indiqué.

En prenant le pouvoir le 5 septembre 2021, le CNRD avait promis une rupture avec les mauvaises pratiques (corruption, tueries de manifestants, détention arbitraire…) qui gangrènent la société guinéenne depuis des décennies. Cette junte militaire avait aussi promis d’organiser des élections crédibles, libres, transparentes et inclusives pour permettre à la Guinée de renouer avec l’ordre constitutionnel. Et, c’est dans ce cadre qu’elle a signé, en octobre 2022 avec la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), un “accord dynamique” de 24 mois axés sur un chronogramme articulé autour de dix (10) points.

Dans cette logique, la transition guinéenne devrait prendre fin le 31 décembre 2024. Sauf que, jusqu’à date, aucune élection n’a été organisée pour engager le pays sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel. Le président de la Transition, ainsi que le Premier ministre, ne compte organiser cette année que le référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Une constitution dont le projet n’a toujours pas été dévoilé aux Guinéens. Ce qui laisse croire que même ce référendum est un leurre pour contenter les acteurs politiques et sociaux hostiles à un glissement de la Transition. Des acteurs qui perdent patience et qui soupçonnent le CNRD de vouloir instaurer une dictature en Guinée. Ces soupçons sont nourris par les multiples violations des droits de l’homme et la restriction de certaines libertés individuelles et collectives (fermeture de médias, chasse aux acteurs politiques gênant, interdiction des manifestations…) dans le pays. Des violations que déplore le chargé de communication de l’OGDH.

“Vous n’êtes pas sans savoir que le système démocratique que le CNRD nous a promis de  défendre et de renforcer repose sur des valeurs et principes au nombre desquels on peut citer entre autres : le respect de la personne humaine et de sa dignité, la liberté d’opinion et d’expression, la séparation des pouvoirs, l’égalité des citoyens devant la Loi ou encore le dialogue. Or, nous avons l’impression que la plupart de ses valeurs et principes contenus pourtant dans la charte de la transition ne sont pas observés dans la conduite de la transition. C’est pourquoi nous continuerons à jouer notre rôle de veille et d’interpellation des autorités pour non seulement les rappeler leurs engagements, mais aussi afin qu’elles puissent entendre les voix dissonantes qui sont préoccupées au même titre qu’elles pour la préservation de la paix, la quiétude sociale, le développement et les acquis démocratiques obtenus de haute lutte dans notre pays”, a déploré Alseny Sall.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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