Dar-Es-Salam : après les menaces de déguerpissement, les familles toujours dans l’impasse

Depuis l’éboulement de la décharge de Dar-Es-Salam, le mardi 22 août 2017, qui avait fait 9 morts et plusieurs blessés, les populations riveraines de cette montagne d’ordure située au plein cœur de Conakry, précisément dans la commune de Ratoma, vivent sous une menace de déguerpissement par l’Etat.

Le jeudi 10 mai 2018, les femmes de la localité avaient organisé une manifestation avant d’occuper la rue pendant 5 jours (du vendredi 11 au mardi 15 mai 2018). Depuis, les familles se sont retournées dans les maisons sans la moindre information sur leur sort, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place toute la journée de ce mercredi, 23 mai 2018.

Trouvé dans sa cour, au quartier Dar-Es-Salam 2, dans le secteur 2, madame Louaratou Barry, dit habiter ce lieu depuis 42 ans. Et, quand le problème de déguerpissement a été posé, les habitants de la localité sont voir les responsables de l’Etat pour expliquer ce qui risque de leur arriver puisque déjà une équipe est allée cocher les différentes maisons d’habitations sans informer les autorités locales et les populations trouvées sur place.

« Nous sommes là depuis plus de 40 ans. C’est ici que nous connaissons. Après avoir coché nos maisons, ils sont revenus nous dire que l’ultimatum expire le 10 mai. On s’est demandé que faire avec nos enfants dont certains sont à l’école. Parmi nous, certains sont malades et paralysés, d’autres ont perdu leurs maris et d’autres encore leurs femmes. Ceux-ci vivent avec les enfants. Nos locataires ont pris leurs bagages ; mais, nous qui sommes les propriétaires, on ne peut pas sortir parce qu’on ne sait pas où aller… ». Cette mère de famille demande à l’Etat d’enlever la décharge qui menace les populations au lieu de chercher à faire déguerpir les populations, tout en précisant qu’aucun propriétaire n’a été dédommagé jusqu’à ce jour.

Pour sa part, Ibrahima Sory Soumah habite ce quartier depuis une trentaine d’années. « Nous sommes allés voir le médiateur de la République, Mohamed Saïd Fofana, qui nous a promis qu’on va quitter ; mais, que l’Etat nous donnera quelque chose pour aller trouver un terrain et construire ailleurs. Mais, depuis la fin de l’ultimatum lancé par le gouvernement, et les manifestations des femmes au niveau de la route de Concasseur, aucune autorité n’est revenue sur les lieux ».

Enfin, joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com, monsieur Facely Mara, chef du secteur 2 du quartier Dar-Es-Salam 2, s’est dit lui-même inquiet de la situation parce qu’aucune information ne circule pour les situer. « Le dossier se trouve au département de tutelle. Il n’y a pas de prolongement officiel de l’ultimatum. On est dans les nuages puisqu’on ne sait pas ce qui se passe. Depuis, aucune autorité n’est venue nous dire ce qu’il faut faire », a-t-il dit au bout du fil.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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