Le président de la République a défendu sa gestion de la crise sanitaire Ebola, à travers un compte rendu détaillé de son voyage à New York où il a pris part à la 69ème Session des Nations Unies, qui avait fait la part belle à la riposte contre ce virus qui fait des ravages dans l’espace du fleuve Mano.
Le président a aussi, à cette occasion, rassuré ses compatriotes sur le fait qu’il n’y aura ‘’plus de coup d’état militaire en Guinée.’’ Alpha Condé a cependant fait un mauvais procès à la presse, qu’il a qualifié ‘’d’alimentaire et d’irresponsable…’’
La conférence de presse tenue le vendredi 03 octobre 2014 au palais Sékoutouréyah portait sur son voyage au Sommet de la 69ème Assemblée Générale des Nations Unies. Le chef de l’Etat a, dans sa présentation, reconnu que l’épidémie de fièvre Ebola est venue ‘’au mauvais moment pour la Guinée. Mais que la Guinée est une habituée des dures épreuves, comme celle-là.’’ Puis, de poursuivre en ces termes : ‘’En 1958, quand nous avons pris l’indépendance, nous avons été soumis à un véritable boycott, mais la Guinée s’en est sortie. Il y a eu d’autres épreuves. Et, nous avons toujours fait preuve de solidarité envers les autres africains. Beaucoup de nos soldats sont morts en allant apporter de l’aide à nos frères. La Guinée pourrait s’attendre donc aux mêmes attitudes ! Mais… bon, cela doit nous servir de leçons. La communauté internationale s’est enfin mobilisée. Mais, si cette mobilisation avait eu lieu deux mois plus tôt, on ne serait pas là aujourd’hui. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution pour déclarer Ebola comme une menace pour la paix et la sécurité mondiale’’, a expliqué Alpha Condé. Qui a aussi mis un accent particulier sur son entretien avec le président de la Banque Mondiale, Jim Kim. « Nous avons eu un entretien très fructueux avec le président de la Banque Mondiale. Il s’est trouvé que nous sommes sur la même longueur d’onde. Il a tellement bien parlé que quelqu’un qui était avec moi m’a dit « demandez-lui d’être votre conseiller ». J’ai dit ‘’Non’’, je lui demande d’être mon conseiller pour la santé. Il a fait des choses exceptionnelles. Pour les premières aides, il a été lui-même, présenter le dossier au Conseil. Ce n’était pas dans leurs habitudes. Les 25 millions de dollars us, il a demandé à ce que ça soit mis à la disposition de la Guinée dans la semaine. Quand on connait la bureaucratie de la Banque Mondiale, c’est exceptionnel. Et, les 25 millions de dollars, nous les avons dépensés en deux heures, parce que nous avons estimé que la Guinée doit être maîtresse de ce que nous devons faire. Nous voulons bien collaborer avec les gens, mais c’est la Guinée qui doit déterminer ce qu’elle veut », a révélé Alpha Condé.
Poursuivant sa présentation, le président lance « mais comme les grandes puissances se méfient beaucoup de l’Afrique en disant qu’il y a la corruption, nous avons mis en place un système très simple. Nous rencontrons l’Unicef, nous disons tout ce dont on a besoin… Le président de la Banque Mondiale m’a appelé, le président de l’Unicef est venu, j’ai dit voilà ce que la Guinée veut. Mais, pour la transparence, une fois qu’on s’est mis d’accord, c’est l’Unicef qui commande et qui présente les factures à la Banque Mondiale. C’est nous qui décidons de ce que nous voulons. La Guinée doit prendre ses responsabilités », a souligné le président.
Toujours dans ce chapitre concernant la riposte contre Ebola, Alpha Condé poursuit « le deuxième point, c’est la transparence dans la distribution. Nous avons demandé à l’OMS de travailler avec Dr. Sakoba Keita, le coordinateur national de la riposte contre Ebola. L’OMS suit de très près. Il y a souvent des inconsciences, parce que souvent on dit que la moto ou le véhicule n’a pas de carburant. Le coordinateur national a un coordinateur préfectoral, qui a tous les pouvoirs. Lui, il est obligé de vérifier tous les matins que les motos et les véhicules ont le plein de carburant. Parce que le plus important est le suivi des contacts. Mais, comment voulez-vous faire le suivi si les gens ne peuvent pas se déplacer ? »
Le président ne perd pas espoir malgré les nombreux obstacles qui jonchent le chemin de ceux qui sont engagés dans la riposte contre le virus Ebola. Et, il pense que cette épidémie pourrait être simplement un mal pour un bien. « L’autre chose, c’est le renforcement de nos capacités hospitalières. Ebola est certes une grande malchance pour nous, mais si nous nous mobilisons, nous nous donnons la main, nous sommes capables de transformer cela en bonheur pour notre pays. Nous voulons renforcer notre système de santé de telle sorte que désormais, nous soyons capables de faire face à n’importe quelle épidémie », a-t-il rassuré.
Le chef de l’Etat a déploré ‘’la communication qui a entouré la gestion de l’épidémie d’Ebola’’. Selon lui, ‘’on aurait dû dire dès le départ qu’on ne meurt pas nécessairement d’Ebola. Ce qui n’a pas été le cas. Si on ne guérit pas d’Ebola comment voulez-vous que les gens aient une tendance d’aller à l’hôpital s’ils sont malades ? Plus tôt on est pris en charge, plus on a eu une chance de guérir’’, a-t-il conseillé.
Alpha Condé critique les propos du DP du groupe ‘’L’Indépendant/Le Démocrate’’ sur RFI
Au cours de cette rencontre le président de la République a fait un mauvais procès aux hommes de médias. En ces termes: « Evitons les mensonges des gens, parce que les peuples ne sont pas responsables sauf quant ils sont manipulés. La dernière fois, sur la revue de la presse sur RFI, j’ai entendu Dian Baldé qui parlait de la corruption pendant qu’il y a des audits qui sont publiés. Il ne parle pas de ça, parce qu’un commerçant dit que l’Etat lui doit et le ministre a été bien clair là-dessus ; il dit qu’il n’a pas signé et sa signature a été modifiée et le cachet a été falsifié».
Le président rappelle qu’il y a eu des gens qui ont fait des détournements dans ce pays et qui ont été dénoncés. Et que Dian Baldé ne parle pas de ça. Il parle d’autres choses qui ne sont mêmes pas vraies. Le président qualifie ce genre de comportement de malhonnête. « Dire oui il y a la corruption parce que ceci cela, d’ailleurs le ministre dit qu’il n a pas signé, alors je ne paierai pas un franc à Hamana. Alors, comment voulez vous qu’on vous prenne au sérieux avec ces comportements. Alors, si vous voulez qu’on vous prenne au sérieux, faites le sérieux », a lancé le président.
Pour lui, un journaliste qui raconte du n’importe quoi sur les gens ce n’est pas sérieux. Il faut être très responsable, a-t-il dit, très remonté contre le directeur de publication de l’Indépendant.
Le président est revenu maintes fois sur la presse. « Un journaliste doit être un investigateur pour ne pas qu’il raconte du n’importe quoi. Je sais aussi que les moyens vous manquent (rire). Mais nous allons assainir ce milieu. On vous a donné beaucoup de temps…».
Pour lui, le titre d’un journaliste doit être dans un cadre professionnel. Au moment où les bailleurs veulent venir investir et vous vous permettez de raconter du n’importe quoi, ils ne vont pas venir. Alors, il faut être responsable. Faut dire à Dian de venir expliquer devant nous s’il y a de la corruption. Alors, s’il y a des conférences, il ne vient pas pourquoi ? S’interroge le président. « Il doit venir pour que tout soit clair. Dites lui de venir », a-t-il demandé.
Le péché qu’aurait commis Dian Baldé sur RFI
Concernant la revue de presse à laquelle le président fait allusion, Mamadou Dian Baldé a évoqué, le 2 octobre dernier sur RFI, la question de la corruption qui persiste au sein de l’administration guinéenne, de façon générale. Il a illustré cet état de fait par l’affaire Hamana. Un dossier qui défraie la chronique dans la cité, quand on sait que l’homme d’affaires et l’inspection d’Etat sont en train de se tirailler autour de près de 21 mille tonnes de sucres que le commerçant aurait livré au gouvernement. Hamana réclame ainsi plus de 180 milliards de francs guinéens. Avec l’ancien ministre du Commerce Dorval Doumbouya qui sort du bois pour dire que sa signature apposée sur ce contrat a été falsifiée et son cachet volé par ses collaborateurs. Une telle incurie prouve que les autorités guinéennes ont encore du chemin à faire dans la moralisation de l’administration.
Voilà le péché qu’aurait commis Dian Baldé…
Moussa Traoré
In L’Indépendant