Coyah : un vibrant hommage rendu à l’intellectuel, Dr Ibrahima Sory Kaba

Onze jours après son décès (survenu le 1er septembre) au Pays-Bas des suites de maladie, Dr Ibrahima Sory Kaba a été inhumé hier, vendredi 11 septembre 2020, à Bentourayah, dans la préfecture de Coyah. Avant son enterrement, la dépouille de ce jeune enseignant-chercheur, qui s’est éteint à l’âge de 32 ans, a été exposée dans l’enceinte de l’université Amadou Dieng, où de nombreuses personnes sont venues lui rendre un dernier hommage. La cérémonie a été marquée par plusieurs témoignages sur les qualités de cet intellectuel guinéen qui faisait bien ses preuves en Europe.

Guineematin.com vous propose ci-dessous les témoignages de quelques personnes qui ont connu l’homme de son vivant :

Aboubacar Camara, journaliste, ami du défunt : « comme on ne peut laisser partir un ami sans lui dire au revoir, je vais tenter de surmonter ma peine pour te parler. Je vais dire que tu étais mon ami. Un ami fidèle, dévoué, désintéressé, un ami chaleureux. Tu étais comme un frère que le hasard de la vie m’aurait fait rencontrer au Sanou. Tu avais la fraternité dans le sang, tu te moquais du titre et des rangs. La seule chose qui comptait pour toi, c’était l’humilité. Je me rappelle encore (c’était un lundi) quand tu fus ton entrée en classe, où je me trouvais avec tous les amis ici présents. Alors élèves de 12ème année au Groupe Scolaire Sanou, sciences mathématiques, nous voulûmes tous savoir le niveau intellectuel que tu avais.

J’avoue qu’on a vite été appelés à redescendre sur terre par le fait, en amont, de ton humilité, et en aval, par la grandeur du bagage intellectuel que tu transportais malgré ton jeune âge. Tes amis que nous étions avaient conclu ceci : il a été 7ème par le fait du niveau très élevé de son français que certainement les professeurs à la correction ont dû conclure à un enseignant qui serait venu passer l’examen à la place de quelqu’un. Tu faisais l’unanimité, tu étais apprécié par tous. Ta vocation était de servir, d’aider et de trouver des solutions. Dr Ibrahima Sory Kaba, tes amis, tes parents, tout le monde est là pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage. Que Dieu te pardonne ! ».

Houseine Baldé, imam à la mosquée de Nassouroulaye Plateau, ami du défunt : « nous voulons juste dire que Dr Ibrahima Sory Kaba fut un modèle en matière de religion pour nous. Autrement dit, Dr Ibrahima Sory Kaba est un don d’Allah qui l’a envoyé sur terre juste pour une mission. Il a fini sa mission et il est parti se reposer. Sa mission était de venir façonner son modèle et de nous laisser. On a lu tout de suite ici son CV. Si nous disons que c’est un don d’Allah, la preuve c’est quoi ? Quelqu’un qui est allé avec 32 ans rejoindre Allah a un doctorat. Il a cherché le savoir, il l’a obtenu ; mais, il avait son attachement à la religion. Les gens l’ont témoigné ici. Pourquoi nous eût l’espoir qu’il ira au paradis ?

Là où il était en France, il a dirigé les prières. Le prophète (paix et salut sur lui) a dit : lorsque vous observez un jeune et vous vous rendez compte que son cœur est attaché à la mosquée, moi le prophète vous autorise de lui dire que c’est un homme du paradis. Dr Ibrahima Sory Kaba a été pour nous un modèle du lycée jusqu’à l’Université. Il avait l’intention de mémoriser le saint Coran. Donc ça veut dire que là où il est comme ça, il est considéré dans les mains des anges comme quelqu’un qui a dans sa tête le Coran entier. Il avait l’intention d’aller au pèlerinage l’année prochaine à l’âge de 33 ans. Qu’Allah l’accueil dans son paradis ! ».

Aziz Diop, préfet de Coyah : « au nom du Chef de l’État le Pr Alpha Condé, au nom de son gouvernement, les autorités préfectorales de Coyah viennent rendre hommage à un illustre jeune, à un champion, à une référence, feu Ibrahima Sory Kaba. Ibrahima Sory Kaba était l’exemple de l’exemplarité durant tout son parcours. Premier de Coyah au certificat d’études primaires, premier de Coyah au BEPC, premier de Coyah au Baccalauréat, l’un des premiers dans la lecture du coran. Il a accompli sa mission vis-à-vis des populations de la Guinée et de Coyah.

Ibrahima Sory Kaba ne s’est pas limité à la Guinée, il est aussi le fruit de mondialisation. Il a été un digne fils de la Guinée sur le plan intellectuel. Il a démontré au monde entier que les jeunes de la Guinée peuvent faire mieux. Nous demandons la famille éplorée d’accepter la volonté de Dieu et de présenter toutes nos condoléances d’abord à la population de Coyah, à ses amis, à ses frères avec qui il a créé une association pour le développement de Bentourayah. Que la terre lui soit légère et paix à son âme ! ».

Pr Cély Camara, Conseiller chargé de la recherche et de l’innovation technologique du ministre de l’enseignement technique et de la recherche scientifique : « au nom de Monsieur le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, je remercie tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l’organisation de ce symposium à l’honneur de notre frère, notre fils, Dr Ibrahima Sory Kaba. A entendre les discours passés ici, nous nous rendons compte que Dr Ibrahima Sory Kaba de par sa carrière académique, est un homme de valeur. En lui, la Guinée a perdu un des hommes qui devaient faire la fierté de la science, de la technique et de la technologie.

Mais Dieu en a voulu ainsi, nous ne pouvons rien contre la volonté de Dieu. Il me soit permis au nom du ministre et du gouverneur guinéen de présenter les condoléances les plus attristées à la famille biologique, à tous les parents et amis du regretté Ibrahima Sory Kaba. Il a représenté la Guinée ailleurs, il a porté haut le drapeau de la Guinée. On peut être guinéen et représenté la Guinée partout. Donc, Dr Ibrahima Sory Kaba fait partie de ces hommes. Nous présentons nos condoléances à tout le monde ».

Mamadouba Kaba, frère du défunt : « je prends la parole au nom de ma famille, de mes frères, de mes oncles, mes tantes au nom d’Ibrahima Sory Kaba, pour remercier le Recteur de l’Université Ahmadou Dieng qui nous a reçus ici pour cette cérémonie. Je remercie l’autorité de Coyah, nous remercions le ministère de l’enseignement supérieur et toutes les autres personnes qui ont effectué le déplacement. Je suis cette personne qui a passé le dernier mois avec Ibrahima Sory Kaba. Je prie pour le repos de son âme et qu’Allah l’accueil dans son paradis. Aujourd’hui, mon frère est parti.

Tout ce que nous pouvons faire, c’est de prier pour le repos de son âme et s’inspirer de ce qu’il a laissé ici comme exemple de chemin à suivre. Je suis la personne qui a suivi mon frère tout au long de son parcours dans l’ombre, je sais qui il est. Pendant ses trois premiers jours de cours, j’ai compris que Dieu nous a fait un don. Bien avant sa maladie, c’est quelqu’un qui distribuait le Coran aux gens et les enseignaient. Son corps a été lavé par le grand imam de Maastricht. Aujourd’hui, je m’en remets à Dieu. C’est lui qui l’a donné et il l’a repris. Soyez fort et paix à son âme ! ».

Propos recueillis par Mohamed Doré pour Guineematin.com
Tel: +224 622 07 93 59

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