Tortures et meurtres dans les prisons guinéennes : émouvants témoignages sur la mort du jeune Lamarana Diallo

Elhadj Amadou Diallo, beau frère et tuteur de Mamadou Lamarna Diallo, qui est mort peu après sa sortie de prison
Elhadj Amadou Diallo, beau frère et tuteur de Mamadou Lamarna Diallo, qui est mort peu après sa sortie de prison

De plus en plus, des citoyens guinéens meurent de tortures dans nos prisons. Après le doyen Abdoulaye Sow, c’est autour de Mamadou Lamarana Diallo, un chauffeur de profession, de subir le même sort. Arrêté et mis en prison depuis plus de 8 mois, ce jeune originaire de la préfecture Dalaba, a rendu l’âme quelques heures seulement après sa mise en liberté, a appris un journaliste de Guineematin.com qui s’est rendu dans sa famille ce lundi, 7 décembre 2020 à Wanindara.

C’est le 2 avril 2020 que Mamadou Lamarana Diallo a été perdu de vue par ses parents. Malgré plusieurs efforts de recherches, la famille n’a eu aucune nouvelle du jeune homme. Et, subitement, le vendredi dernier, 04 décembre, à la grande surprise de ses proches, Lamarana Diallo a été envoyé à Enco-5 vers 18 heures par des gendarmes. Ces derniers passeront du temps à rechercher avant d’entrer en contact avec la famille.

Malheureusement, c’est un jeune mourant qui était ainsi accompagné, nous dit son beau frère et tuteur, Elhadj Amadou Diallo. « Les gendarmes l’ont conduit au niveau du marché Enco-5 lui ont demandé s’il reconnaîtra chez lui (parce qu’il était dans une situation pitoyable), il a répondu par l’affirmative, précisant que sa grande sœur, Fatoumata, vend dans ce marché. C’est ainsi qu’ils l’ont déposé au marché Enco-5. Mais, voyant sa situation, les gendarmes ont demandé aux gens s’ils le reconnaissent ? C’est ainsi qu’ils ont appelé sa sœur (Fatoumata), qui m’a informé. Je suis allé à la rencontre des gendarmes. Et, ils m’ont dit que c’est eux qui le tenaient en prison depuis le 2 avril. Je leur ai demandé la raison et ils m’ont dit qu’il a été arrêté en compagnie d’un groupe de bandits. Mais, il est arrivé presque mourant. Donc, je l’ai conduit dans un premier temps dans une clinique. Mais, les médecins m’ont dit de l’envoyer à la maison. Les médecins sont venus le consulter chez moi, au salon. Ils lui ont fait 8 injections et deux perfusions. Malheureusement, il est arrivé à 18 heures et est décédé quelques heures après dans mon salon ici. Et, nous l’avons enterré le lendemain de sa mort ; donc, le lendemain de sa libération », a expliqué le beau-frère et tuteur de cette autre victime.

Selon Elhadj Amadou Diallo, son beau frère est probablement décédé des tortures subies en prison puisqu’il était en bonne santé avant son arrestation. « Je pense que ce sont les gendarmes qui l’ont tué. Puisque notre garçon était en bonne santé lorsqu’il était avec nous. Il se débrouillait sans attendre l’aide de quelqu’un. Mais, il est arrivé avec des blessures sur tout son corps, ses dents aussi avaient été arrachées à sa sortie de prison. C’est un jeune qui n’avait pas de problème, il était chauffeur de minibus. Lorsqu’il a disparu, nous avons mené plusieurs recherches ; mais, en vain. Et lorsqu’il est décédé, j’ai pris le soin d’appeler les agents qui l’ont emmené pour leur dire que leur prisonnier est décédé. Ils ont montré leur étonnement. Mais, c’est un semblant. Parce que notre garçon avait des blessures sur tout le corps, les dents de devant arrachées, etc. Et, lorsqu’il est arrivé, il était presque handicapé d’une partie du corps. Il nous a dit qu’il était dans une cellule exigüe où il n’arrivait même pas à se mouvoir et qu’il a subi des tortures en prison », a-t-il révélé.

A noter que Mamadou Lamarana Diallo était le fils de Nènè Asmaou Bah et de Thierno Abdoul. Il a été enterré le samedi dernier au cimetière de Wanindara. Paix à son âme, amine !

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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