Littérature : deux ouvrages de feu Karifa Traoré dédicacés à titre posthume

Sékou Traoré, fils aîné du Capitaine Karifa Traoré

Deux œuvres littéraires du feu Capitaine Karifa Traoré ont été publiées à titre posthume ce mercredi, 9 décembre 2020, à Conakry. La cérémonie de dédicace de ces livres a été une occasion de rendre hommage à l’auteur, décédé il y a 17 ans. Elle a connu la présence du président de l’Assemblée nationale, plusieurs ministres et d’autres cadres de l’administration guinéenne, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

« Chants et légendes mandingues », et « Marqué par l’amour et la haine », sont les titres des deux ouvrages parus aux Editions L’Harmattan Guinée. Le Capitaine Karifa Traoré a écrit ces deux romans mais n’a pas eu l’occasion de les publier de son vivant. A sa mort, ses enfants ont gardé soigneusement les manuscrits, qu’ils ont décidé de publier à titre posthume.

Sékou Traoré, fils aîné du Capitaine Karifa Traoré

Selon Sékou Traoré, le fils aîné de l’auteur, « le premier ouvrage est un roman autobiographique, qui parle du cheminement de son auteur : son village natal Tiguibiri, de Bamako à Kati jusqu’en Algérie et son retour en Guinée vers les années 1960.

Cette œuvre parle surtout de son enfance. L’auteur qui était fils de paysan, relève un peu comment il a été emmené à l’école puisque pendant la période coloniale, on ne demandait pas l’avis des parents pour scolariser un enfant. Et, parmi les 5 premiers élèves qu’on a choisis pour sa localité, c’est le seul élève qui a tenu pendant les 6 ans, cela malgré les 10 kilomètres qu’il parcourait par jour afin de pouvoir étudier. Mais, ce qu’il faut ressortir, c’est la volonté de l’auteur, son courage, parce que rien ne peut se faire s’il n’y a pas la volonté.

Le second livre parle des chants et des chansons. Vous savez, le manding est caractérisé par les chants, les contes, les légendes du terroir qui permettent à ceux qui vont le lire d’avoir une sagesse et une humilité sur toutes les choses qui doivent se passer dans la vie. En publiant ces deux ouvrages, l’objectif est de permettre à la jeune génération de comprendre qu’on ne peut rien gagner dans la vie s’il n’y a pas de volonté. Et ça fait ressortir les valeurs sociales de cette époque qui tendent à disparaître de nos jours », a-t-il indiqué.

Sansy Kaba Diakité, Directeur général des Editions L’Harmattan Guinée

Sansy Kaba Diakité, le directeur général des Editions L’Harmattan Guinée se dit heureux d’avoir permis la publication de ces deux livres. « Nous avons reçu deux manuscrits exceptionnels de feu Karifa Traoré, à travers ses enfants. Nous publions et présentons ces deux ouvrages aujourd’hui parce que ces ouvrages étaient bien écrits. C’est ce qu’il faut faire ressortir. Il aborde des sujets d’actualité : l’amour, le manding, la Guinée, le continent africain. Parce que c’est un enfant qui a grandi dans un village et qui a parcouru l’Afrique, du Nord au Sud. Ses œuvres étaient de qualité, nous les avons soumises à notre comité et le comité a trouvé que ces deux ouvrages étaient publiables.

C’est pourquoi nous sommes rentrés dedans. Et, nous avons constaté que ce monsieur était un passionné de la lecture et de l’écriture et qu’il a beaucoup d’autres manuscrits. Et donc, nous avons entrepris avec ses enfants de les regarder, de voir les manuscrits qui sont publiables. Je voudrais lui adresser toutes mes félicitations malgré le fait qu’il est décédé et dire à ses enfants que tout ce qui sera de qualité chez lui, nous essayerons de publier », a promis monsieur Diakité.

Honorable Amadou Damaro Camara, président de l’Assemblée nationale et ami du défunt

Ami du défunt avec qui il a fait la prison, le président de l’Assemblée nationale a salué l’initiative des enfants du feu Capitaine Karifa Traoré de lui rendre hommage de cette manière. « Nous sommes tous les jours témoins ici à Conakry et à l’intérieur du pays, des déchirures entre les enfants à cause de l’héritage laissé par le père. Mais ce qu’on doit retenir aujourd’hui, si on doit être heureux après sa mort, Koro (grand frère) Karifa doit l’être aujourd’hui. Parce qu’au lieu de le faire pleurer sa mort, ses enfants nous invitent à plutôt célébrer sa vie. Et pour cela, non seulement nous devons les féliciter mais surtout, nous les jeunes devons nous en inspirer », a dit L’honorable Amadou Damaro Camara, avant de louer les qualités intellectuelles et humaines de l’auteur.

A noter que Karifa Traoré est né en 1936 à Tiguibri, un petit village de Siguiri, en Haute Guinée. Après l’indépendance de la Guinée, en 1958, il devient garde forestier puis fait carrière à la Douane. Gouverneur de Kankan à la prise du pouvoir par l’armée en 1984, il sera arrêté en juillet 1985 suite au coup d’Etat du colonel Diarra Traoré et libéré après trois ans de prison. Il meurt en 2003 en laissant plusieurs manuscrits.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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