Plusieurs dizaines de femmes de l’opposition ont organisé un sit-in au ‘’Carrefour Dadis’’ dans le quartier Lambanyi (Conakry) dans la matinée de ce lundi, 14 décembre 2020. Ces mères de famille sont sorties manifester dans la rue leur colère face aux nombreuses tueries et les incessantes arrestations de citoyens s’opèrent dans la commune de Ratoma par le régime Alpha Condé, depuis l’élection présidentielle contestée du 18 octobre dernier, a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.
Malgré l’interdiction de leur marche par la mairie de Ratoma, ces femmes de l’opposition ont tenu à se faire entendre. Et, pour éviter les forces répressives du régime Condé, les opposantes ont transformé leur marche (initialement prévue du rondpoint de Bambéto à l’Héliport de Belle Vue) en un sit-in à Lambanyi. Elles ont alors choisi le ‘’Carrefour Dadis’’ pour exprimer leur ras-le-bol face aux tueries, aux arrestations et aux exactions dont les habitants de la commune de Ratoma sont victimes au quotidien de la part des forces de l’ordre. Elles étaient munies d’affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Les citoyens de Ratoma aussi méritent de vivre comme les citoyens des autres communes de la capitale ; c’est du sang qui coule dans leurs veines. Stop aux exactions à Ratoma ».
Parmi les manifestantes de ce matin, Honorable Fatoumata Binta Diallo, ancienne députée à l’Assemblée nationale, était en colère. « Trop, c’est trop ! Nous sommes des femmes donatrices de vie, nous sommes mères, nous sommes maris, nous sommes tout pour eux. L’arrestation arbitraire, le viol des femmes, le versement des marmites dans les quartiers, on est fatigué ! Et, nous sommes là aujourd’hui pour dire à ce gouvernement qu’on en a marre. Il faut que la démocratie soit installée. La commune de Ratoma est fatiguée de toutes ces exactions, nous, femmes, nous sommes fatiguées de ces exactions », a notamment lancé l’Honorable Fatoumata Binta Diallo.
Pour sa part, madame Bah Hadja Maïmouna Diallo, la porte-parole des opposantes, a prévenu que les manifestations vont se poursuivre tant que les exactions des forces de l’ordre continueront dans la commune de Ratoma.
« On a transformé la marche en une manifestation dans tous les quartiers de la commune de Ratoma. Au même moment que nous sommes ici, les femmes sont dans tous les quartiers de la commune. On a éclaté la manifestation parce qu’ils ont interdit la marche. Mais, il faut qu’on manifeste et on va continuer à manifester. Boureima Condé (ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation) a dit que c’est avant et pendant l’investiture de monsieur Alpha Condé. Après ça, nous allons revenir. Tant que les exactions ne vont pas finir dans Ratoma, on va manifester. Parce qu’on ne peut pas accepter cela. Ce qui se passe à Ratoma, c’est inacceptable. Imaginez-vous, nuit et jour, ils (les agents des forces de l’ordre) sont en train d’entrer dans les concessions des familles, frapper les gens, violer des femmes, tuer d’autres et voler tout ce qu’ils peuvent dans les maisons. C’est comme si on n’était pas dans un Etat de droit. Nous, en tant que femmes, on ne peut pas s’asseoir et observer cela. On est obligées de réagir en respectant la loi, en utilisant ce que la constitution nous confère. Donc, c’est la raison pour laquelle nous manifestons. Notre manifestation n’est contre personne, elle n’est pas politique ; mais, c’est humain, c’est sociale. Dès la semaine prochaine, on va écrire pour redemander la marche. Nous avons demandé à Ratoma parce que les exactions se passent dans Ratoma. Ça ne peut pas continuer. Nous sommes dans un pays de droit ou alors on est dans un pays anormal, c’est ce que nous voulons comprendre, nous les femmes de Ratoma. Nous allons manifester jusqu’à ce que nous soyons entendues », a martelé Hadja Maïmouna Diallo.
Ibrahima Sory Diallo et Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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