Atrocités à Macenta : « c’est la conséquence de l’ethno-stratégie prônée par l’Etat (Diabaty Doré)

Diabaty Doré, président du parti Rassemblement Pour la République
Diabaty Doré, président du parti Rassemblement Pour la République

Des réactions continuent de se faire entendre au sein de la classe politique guinéenne, suite aux violences enregistrées ce weekend à Macenta. Les Tomas et les Manians, deux communautés qui se disputent la paternité de la ville, se sont violemment affrontés le samedi 26 et le dimanche 27 décembre 2020, faisant d’importants dégâts humains et matériels.

Une situation que regrette et déplore Diabaty Doré, le président du Rassemblement Pour la République (RPR). L’opposant estime que ces affrontements intercommunautaires ont été occasionnés par l’Etat qui, selon lui, prône l’ethno-stratégie dans le pays. Il l’a dit au cours d’un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, ce lundi 28 décembre 2020.

« C’est regrettable de voir encore la forêt sombrer dans l’ethno-stratégie. Je voudrais présenter mes sincères condoléances aux familles éplorées et souhaiter prompt rétablissement aux nombreux malades. Que tu sois toma, mano, guerzé, manian, personne n’a choisi d’être guinéen à plus forte raison d’être forestier. Et, nous sommes condamnés à vivre ensemble. Si nous sommes condamnés à vivre ensemble, nous devons faire tout notre possible, afin d’avoir la paix entre nous. Il ne faudrait pas aujourd’hui que les politiques viennent s’immiscer et qu’ils nous divisent.

La politique a déjà trouvé qu’on se fréquentait, on mangeait dans le même bol, on partait dans les baptêmes, et en cas de décès, on se fréquentait. Ce n’est pas normal qu’à cause de la maison patriarcale, on en arrive là. Mais tout ça, c’est l’Etat (qui en est responsable, NDLR), c’est l’ethno-stratégie que ce système-là a mis en place depuis 2010. Depuis 2010 à nos jours, on ne peut même pas compter le nombre de morts. Et ça, c’est le système en place qui l’a occasionné », soutient le président du RPR.

L’opposant appelle les habitants de Macenta et de toute la Guinée à une prise de conscience pour éviter que tels événements ne se reproduisent dans le pays. « Selon les informations, c’est Oyé Guilavogui (ministre de l’Environnement des Eaux et Forêts) qui a construit la maison du patriarche des Tomas, et un autre groupe dit aussi non, c’est nous qui devons y habiter. Je dis arrêtez ça !

Macenta regorge plusieurs cadres. Si les fils des Tomas ont construit pour eux, les Manians aussi, vous avez des fils qui sont députés, qui sont ministres, dites-leur de vous en construire une maison aussi. Moi, je pense que nous devons faire preuve de prise de conscience en enlevant la politique entre les communautés », conseille Diabaty Doré.

Selon le bilan officiel fourni par le gouverneur de N’Zérékoré, 11 personnes ont été tuées et 30 autres ont été blessées dans les violences qui ont secoué la ville de Macenta. Un bilan que contestent certains habitants de la ville, qui assurent que le nombre de morts est nettement sous-évalué.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
Tél. : (00224) 621 09 08 18

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