L’Observatoire guinéen de la sécurité routière et de la mobilité urbaine (OBSERMU) s’emploie pour lutter contre l’instrumentalisation des conducteurs de taxis motos. C’est dans ce cadre que la structure a organisé un atelier de formation qui a pris fin ce samedi, 13 mars 2021, à la maison des jeunes de Kipé. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise du « projet d’appui à la réduction de l’instrumentalisation et des violences politico-sociales des jeunes conducteurs de motos taxis ». Un projet initié par l’observatoire et mis en œuvre en collaboration avec le gouvernement guinéen et le Système des Nations Unies en Guinée, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Selon Mamoudou Keïta, le président de l’Observatoire guinéen de la sécurité routière et de la mobilité urbaine (OBSERMU), ce projet découle d’un constat préoccupant fait par sa structure sur le terrain. Il s’agit de l’instrumentation des jeunes conducteurs de taxis motos pour des fins politiques.
« En période électorale, les taxi-motards sont très sollicités, parce que c’est une période de mobilisation afin de faire l’effet sur le terrain. Et dans nos activités antérieures, nous avons noté qu’il y a de l’instrumentalisation qui existe dans ce genre de mobilisation. Mais, nous voulons que les conducteurs de ces motos comprennent que leur activité est une activité génératrice de revenu. Ça leur sert et ça servira à leur famille. Donc leur vie est plus importante que les miettes qu’on leur donne parfois pour les impliquer dans des mobilisations de campagne. L’autre volet du plaidoyer consiste à faire en sorte qu’au niveau des autorités, les textes qui résultent de cette activité soient mieux valorisés et correctement appliqués pour réduire les violences et tous ses corollaires qui pourraient se passer entre les conducteurs et les agents de sécurité dans la circulation », a-t-il expliqué.
Six départements ministériels et trois agences du Système des Nations-Unies (l’OIM, le PNUD et l’UNFPA) sont impliqués dans la mise en œuvre de ce projet. La première étape a consisté à la formation de 54 personnes, dont des syndicalistes, des conducteurs de motos taxis, des membres de partis politiques… Pendant deux jours (les 12 et 13 mars 2021), ils ont été outillés sur les techniques et outils de plaidoyer avec un ensemble d’informations sur les textes réglementaires élaborés par le ministère des Transports concernant les motos taxis.
Ces animateurs seront déployés sur le terrain dès la semaine prochaine pour sensibiliser les acteurs concernés sur les enjeux liés à la non réglementation et les dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis.
« Le travail de motos taxis est un fait de société. Il absorbe beaucoup de jeunes au chômage. Ensuite, tout le monde en fait usage en termes de transport. Mais en dépit des avantages, cette activité est touchée par beaucoup de problèmes. En longueur de journée, nous voyons des excès de vitesse, des désordres dans la circulation qui créent énormément d’accidents. De l’autre côté, vu leur influence, ils sont sollicités dans les meetings, les cortèges, les manifestations qui, parfois, débouchent à la violence. C’est au regard de tous ces aspects que ce projet a été initié conjointement avec le gouvernement guinéen avec l’implication de six départements ministériels et trois agences du Système des Nations-Unies (l’OIM, le PNUD et l’UNFPA) », a indiqué Martin Kolié, expert chargé du projet d’appui à la réduction de l’instrumentalisation et des violences politico-sociales des jeunes conducteurs de motos taxis au compte du PNUD.
Ce projet va toucher les 5 communes de Conakry et la ville de N’Zérékoré, reconnues pour être des zones de tensions en période électorale. Une initiative vivement saluée par Ibrahima Diallo, coordinateur des motos taxis dans la commune de Matam. « Ce projet nous tient à cœur. Il a permis de déclencher un processus de dialogue entre nous les conducteurs de motos taxis. Les conducteurs commencent à porter les casques et lors des dernières élections, il n’y a pas eu de pagaille comme d’habitude. Donc, c’est ce quelque chose que nous apprécions parce qu’on n’avait jamais vu une ONG venir vers nous pour nous former ou bien nous aider dans ce sens », a-t-il dit.
De son côté, le Directeur communal de la jeunesse, des sports et de la culture de Ratoma, Ibrahima Sory Sacko, a promis d’accompagner ce projet qu’il trouve bénéfique pour sa commune.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41