Comme on le sait, le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire envisage de fermer, à partir du 10 mai prochain, les cimetières de Bambéto et Kaporo-rails. Et pour cause, ces cimetières seraient dans des « zones d’aménagement concerté (ZAC) » du centre directionnel de Koloma. Et, les autorités assurent d’ailleurs que les ZAC sont des réserves foncières de l’Etat « destinées à recevoir le surplus de besoins en bâtiments » au cas où les prévisions d’occupation du sol seraient amenées à être dépassées. Mais, cet argument ne convainc guère l’opinion publique qui y voit, peut être à juste raison, une simple entreprise de démolition de ces cimetières. C’est d’ailleurs des soupçons largement partagés par Alpha Tess, habitant de Bambéto et chargé de l’organisation et de l’implantation du comité national des jeunes de l’UFDG (le principal parti politique d’opposition en Guinée).
Dans un entretien accordé à Guineematin.com, le jeune opposant accuse le régime Alpha Condé de vouloir faire disparaitre des preuves accablantes sur les assassinats de militants de l’opposition tués ces dernières années dans les manifestations politiques et sociales.
« La fermeture de ces deux cimetières n’est pas une surprise chez nous. Laissez-moi vous dire que ces deux cimetières existent depuis 40 ans. Beaucoup de familles y ont enterré leurs morts. Un ministre de la République ne peut pas se lever un beau matin pour dire qu’on va fermer les cimetières. Nous sommes en Afrique. Le cimetière est un lieu sacré, c’est un endroit que l’on respecte, parce qu’il y a des morts qui y reposent. Ce serait vraiment catastrophique de fermer ces cimetières. Par exemple, si je prends le cimetière de Bambéto, il y a au moins 5 quartiers qui enterrent leurs morts là-bas. Dar-Es-Salam enterre là-bas, Koloma 1, Koloma 2, Koloma Soloprimo et Kaporo-rails. Le cimetière de Bambéto a un carré uniquement réservé aux victimes de manifestations. Plus de 260 jeunes froidement abattus par ce régime sont enterrés là-bas. Donc, on a compris que c’est à des fins politiques ! Ils veulent juste démolir les cimetières pour dissimuler les preuves », a indiqué Alpha Tess.
A en croire le jeune opposant au régime Alpha Condé, les populations des quartiers qui seront impactées par une fermeture de ces cimetières ne comptent pas rester les bras croisés. Elles se sont déjà constituées en comités pour plaider leur cause auprès des autorités compétentes.
« Les populations de ces 5 quartiers se sont réunis. Nous avons fait des commissions, nous sommes en train de faire des plaidoiries pour que le ministère Ibrahima Kourouma puisse revenir sur sa décision. La commission des sages a commencé à travailler. Le mercredi passé, ils ont rencontré le maire de Ratoma. Ils ont également rencontré la ligue communale et ils vont aussi rencontrer le secrétaire général des affaires religieuses. Ils se préparent enfin à rencontrer le ministre de la ville et de l’aménagement du territoire. S’il ne revient pas sur sa décision, il va marcher sur nos cadavres pour aller fermer ou démolir les deux cimetières. Nous allons vraiment protéger nos cimetières au prix de nos vies. Parce qu’un quartier ne peut pas rester sans avoir un cimetière. Quand on fait un lotissement, on laisse toujours une place pour un cimetière. Bref, nous demandons au ministre de revenir sur sa décision », dit Alpha Tess.
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
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