Auditions des victimes du régime Alpha Condé : un avocat sollicite plus de moyens pour la célérité de la procédure

La seconde journée des auditions des victimes sous le régime de l’ex président, Alpha Condé, a eu lieu ce vendredi, 27 janvier 2023, à la Cour d’Appel de Conakry, à Kaloum. Les témoignages de plusieurs victimes ou familles des victimes ont été recueillis par des Officiers de la police judiciaire (OPJ) commis à la tâche. Maître Thierno Souleymane Baldé, avocat des victimes, estime que ces OPJ manquent de moyens pour accélérer le déroulement de la procédure. Interrogé à ce sujet par des reporters de Guineematin.com, l’avocat invite le Président de la transition et le ministre de la Justice à mettre les moyens à disposition pour faciliter le travail.

L’ancien président Alpha Condé pourrait faire objet de poursuites judiciaires pour les présumés crimes de sang commis sous son règne entre 2020 et 2021. Le champion du RPG arc-en-ciel et ses collaborateurs pourraient être poursuivis pour assassinat, meurtre, actes de torture et enlèvement. Depuis la semaine dernière, le dossier connaît un début d’avancement avec les premières auditions des victimes.

Me Thierno Souleymane Baldé, avocat des victimes

Ces auditions se passent se passent bien, à en croire Me Thierno Souleymane Baldé. « Les auditions se passent très bien (…) Il y a plusieurs familles qui sont venues par rapport à la première audition. Nous constatons que les familles des victimes commencent à avoir l’espoir que la procédure pourrait éventuellement aboutir. Puisque vous savez qu’au début, il y avait beaucoup de personnes qui étaient très sceptiques. Cela est justifié par le fait que depuis 2011, malgré toutes les plaintes que nous avons déposées, il n’y a jamais eu une action quelconque pour instruire ces plaintes. Donc, le fait de savoir que désormais il y a quand même certains actes qui sont posés, cela motive davantage les parents des victimes. Et nous espérons qu’il n’y aura pas des obstacles qui vont éventuellement freiner la suite de la procédure », souhaite l’avocat.

Cependant, les officiers de police judiciaire rencontrent quelques difficultés pour pouvoir travailler plus rapidement dans cette procédure, confie l’avocat. « Nous avons plus de 260 victimes, et comme à ce stade, nous devons les faire venir par groupes, alors qu’il y a beaucoup d’entre elles qui auraient voulu être auditionnées dès maintenant, nous leur demandons de patienter, tout le monde va passer. Mais le problème, c’est surtout au niveau logistique, en ce qui concerne les officiers de police judiciaire. Si on arrive à régler la question qui est liée à la logistique afin de nous permettre d’avoir quand même une certaine célérité au niveau du déroulement de la procédure, ce serait vraiment salutaire », a souligné Me Thierno Souleymane Baldé.

C’est ainsi que l’avocat lance un appel aux autorités de transition. « Nous lançons un appel, d’abord au président de la République, et ensuite au ministre de la Justice et des Droits de l’homme pour nous soutenir davantage et veiller à ce que, à ce stade de la procédure, que tous les moyens soient mis à la disposition des personnes qui doivent faire le travail et qu’il y ait une certaine célérité au niveau du déroulement de la procédure, afin de nous permettre au bout du compte d’avoir un procès juste et équitable dans un délai raisonnable », a-t-il demandé.

Cette procédure judiciaire est à ses débuts avec les auditions des victimes alors qu’Alpha Condé est en exil en Turquie. Maître Baldé espère que l’ancien président reviendra en Guinée, au moment venu, pour répondre de ses actes.  « C’est notre souhait qu’il puisse revenir en Guinée parce qu’on ne peut pas parler d’un procès si effectivement M. Alpha Condé n’est pas présent. Cela ne serait pas souhaitable. Donc, nous souhaiterions qu’il puisse revenir en Guinée. Il a dirigé ce pays pendant une période de 11 ans, qu’il puisse s’expliquer par rapport à ces cas d’assassinats de centaines de Guinéens. Il a voulu rester au pouvoir et cela en toute illégalité, et à un moment donné, il faudra quand même qu’il s’explique pour quelles raisons il a voulu non seulement confisquer le pouvoir mais aussi pourquoi avoir utilisé la violence pour se maintenir au pouvoir… ».

Mamadou Yahya Petel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com

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