Putsch au Tchad : l’opposant guinéen Saïkou Yaya Barry dénonce la faiblesse des institutions

Saikou Yaya Barry, secrétaire administratif de l'UFR
Idriss Déby Itno, défunt dictateur tchadien

Comme annoncé précédemment, quelques heures après l’annonce de la mort du Maréchal-président Idriss Déby Itno du Tchad mardi dernier, 20 avril 2021, un conseil militaire s’est emparé du pouvoir, bouleversant l’ordre constitutionnel du pays. Car, la constitution du Tchad (révisée en 2005) dispose en son article 76 qu’en cas de vacance de la présidence, c’est l’Assemblée nationale qui assure la plupart des attributions du président. Et, que « dans tous les cas, il est procédé à de nouvelles élections présidentielles quarante-cinq (45) jours au moins et quatre-vingt dix (90) jours au plus après l’ouverture de la vacance ».

Malheureusement, une junte militaire dirigée par le général Mahamat Idriss Déby Itno (un des fils du défunt président Idriss Déby Itno) a pris la tête de l’exécutif tchadien et a dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale. Mais, ce coup d’Etat militaire est très peu (ou pas) condamné sur le continent, tout comme en occident (où on est très souvent prompt à condamner d’habitude la prise du pouvoir par la force).

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, jeudi 22 avril 2021, l’opposant guinéen Saïkou Yaya Barry a dénoncé une approbation, par le silence, « d’un putsch militaire » au détriment du respect de l’ordre constitutionnel. Le secrétaire exécutif de l’UFR (Union des forces républicaines) pointe aussi un doigt sur la faiblesse des institutions mises en place dans les pays francophones.

Saikou Yaya Barry, secrétaire administratif de l’UFR

« La situation actuelle du Tchad démontre à suffisance la faiblesse des institutions dans les pays francophones du continent. Sinon, on a vu ce qui s’est passé en Tanzanie. Après le décès du président, c’est rapidement la vice-présidente qui est venue au pouvoir, parce que les institutions sont fortes. Et généralement, ça se passe dans les pays anglophones qui ont eu la chance d’être colonisés par les anglais. Les pays francophones, on a de sérieux problèmes ; parce que généralement, l’exécutif se comporte en petit roi et il assujettit l’ensemble des institutions qui sont autour de lui. Nous devons revoir cela. Et, je crois que nous vivons cette même situation en Guinée où la seule personne qui agit c’est Alpha Condé. La plupart des institutions sont phagocytées à son niveau, parce que c’est lui qui a les nerfs de la guerre et qui traite ces institutions comme il l’entend. Voilà ce que nous devons combattre ; et, les institutions internationales doivent nous aider à combattre cela. Nous devons faire en sorte que nos règles soient respectées dans nos pays », a dit Saïkou Yaya Barry.

Faisant le parallèle entre ce qui s’est passé en Guinée en 2008 (après la mort du président Lansana Conté) et la situation actuelle au Tchad, l’opposant guinéen a relevé une petite différence.

« Le cas Dadis Camara et celui qui se passe au Tchad sont un peu différents. La junte militaire guinéenne n’avait pas suffisamment de contact à l’international et le décès du président Conté est intervenu pendant que les institutions du pays avaient dépassé la limite de leur mandat. Il y avait donc des institutions totalement faibles et qui ne pouvaient pas agir en tant qu’institutions. Mais, au Tchad il y a la rébellion, les djihadistes et il y a un cas d’assassinat du président Déby. Donc, il y a eu ce coup d’Etat ; mais, contre toute attente, c’est le Senat même qui avait la charge de gérer la transition qui juge utile que les militaires prennent le pouvoir pour le garder. Donc, vous comprendrez aisément la faiblesse de cette institution », a indiqué Saïkou Yaya Barry.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

 

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