Eventuel 3ème mandat : Alpha Condé s’attaque aux occidentaux « balayez d’abord devant vos propres portes »

alpha-condeAprès le Dadis Show, les chefs des missions diplomatiques et institutions internationales (re) commencent à être sermonnés par le chef de l’Etat guinéen, président de la République de Guinée et commandant en chef des forces armées guinéennes, le professeur Alpha Condé.

Dans la journée d’hier, mercredi 14 décembre 2016, Alpha Condé, président de la Commission d’Orientation Stratégique de l’Unité de Gestion du Programme du Comité National de Pilotage de la Reforme du Secteur de Sécurité (CNP-RSS) a présidé la 10ème session de la Commission d’Orientation Stratégique à Sékhoutouréya.

A cette rencontre de haut niveau, n’étaient invités que les présidents des Institutions Républicaines, les membres de la CNP-RS, les ambassadeurs des pays et institutions internationales impliqués dans la reforme du secteur de sécurité en Guinée, les experts nationaux et internationaux impliqués dans la reforme du secteur de sécurité.

alpha-conde-0Absent de la salle, Guineematin.com n’a ainsi pu voir que ce que le bureau de presse de la présidence a choisi de montrer au grand public, via la RTG. Sur ces images qui ont occupé l’essentiel du grand journal de la télévision d’Etat (comme à chaque rencontre du président d’ailleurs), on a noté trois séquences : le discours d’ouverture du président, le tour de table (qui a permis à certains participants de s’exprimer) et le discours de clôture du président, précédé d’une virulente réplique à des questions qui n’ont pas été diffusées…

C’est justement la réponse du président Alpha Condé à ce qui a semblé être des interpellations des membres de la communauté internationale et probablement des représentants des organisations de défense des droits humains qui intrigue.

Comme pour trouver des excuses aux exactions et autres tueries dont les citoyens sont souvent victimes de la part des forces de l’ordre, Alpha Condé a accusé les Guinéens d’être inciviques et manipulés par les politiciens chaque fois qu’il y a une coupure d’électricité pour brûler des pneus sur la route et s’attaquer aux forces de l’ordre. Pour le président guinéen, c’est l’opposition qui est à la manœuvre ! Ce qui est très surprenant quand on sait qu’il y a un moratoire qui ne dit pas son nom depuis sa rencontre avec le chef de file de l’opposition et apparaît plutôt comme une « provocation » du président aux opposants les plus dociles que la Guinée n’a jamais connu…

Mais, si le chef de l’Etat se limitait à cela, on aurait pensé qu’il n’y a pas de péril en la demeure, étant entendu que la plupart de ceux qui se sont opposés à son régime ont tous ou presque cherché à se rapprocher de lui à l’image de Kassory Fofana, Boubacar Barry, Sidya Touré, Diallo Sadakadji, Tibou Kamara… et, même de Cellou Dalein Diallo, surnommé « haut partenaire » du chef de l’Etat…

Le problème, comme un certain Dadis Camara, Alpha Condé commence à prendre les courbettes de certains guinéens et la sagesse des diplomates comme une peur bleue à l’égard « du chef ». Surfant justement sur la « peur », il se croit désormais craint de tous et lui tout permis. Il a alors dit que les occidentaux n’ont qu’à savoir que leurs forces de l’ordre sont critiquées et les conseille ainsi de balayer d’abord devant leurs propres portes.

On se rappelle qu’au sommet de sa gloire, au moment où il titillait les cieux, le capitaine Moussa Dadis Camara avait parlé à peu près de la même manière à l’ambassadeur de la République Fédéral d’Allemagne en Guinée. Dans un allemand approximatif, ponctué de français, l’ancien chef de la junte avait dit au diplomate allemand qu’il était supérieur, étant chef d’un Etat et l’autre (petit) ambassadeur. Au chef de la diplomatie française de l’époque (le bien connu des Guinéens, Bernard Kouchner), Dadis avait fait observer que la Guinée n’était pas une sous-préfecture de la France. Au représentant de la compagnie Rusal (qui exploite la bauxite guinéenne), Dadis n’avait pas manqué de gros mots pour dénoncer la corruption, notamment par laquelle cette compagnie s’était accaparée de FRIGUIA…

alpha-condeAujourd’hui, c’est Alpha Condé qui veut montrer une certaine condescendance aux occidentaux, ambassadeurs, chefs des institutions internationales et représentants des ONG, qu’il est chef d’un Etat, donc supérieur. Il a même donné un délai au-delà duquel la Guinée (c’est-à-dire lui Alpha Condé) n’acceptera plus que des ONG manquent du respect aux institutions nationales.

Il est vrai que le capitaine Moussa Dadis Camara s’était accaparé du pouvoir par la force, le 23 décembre 2008, après la mort du Général Lansana Conté, et que lui, Alpha Condé, est devenu chef d’Etat par les urnes ; donc, les deux ne sont pas à comparer. Mais, force est de reconnaître que les dirigeants guinéens ne tiennent de tels discours que quand ils veulent exercer sur le peuple des pratiques internationalement condamnables. En tous les cas, c’est après les Dadis Shows que le capitaine a menacé les politiciens lors d’une sortie à Kaloum « s’ils n’arrêtent pas, je vais ôter ma tenue militaire et me présenter aux élections présidentielles ». On connaît la suite…

Interrogé lors de sa dernière conférence de presse (le 15 mai dernier) s’il était intéressé par un troisième mandat (alors que la Constitution l’en interdit), le président Alpha Condé avait tâtonné et laissé entendre qu’il appartiendra au peuple de Guinée (le moment venu) d’en décider

Hier, ce chauvinisme est revenu avec une certaines insistance dans la bouche du « premier président démocratiquement élu de Guinée » avec la précision bien datée qu’à « partir de 2017, nous n’accepterons » pas que les ONG nous dictent ce que nous devons faire…  Déjà, ceux qui appellent à une présidence à vie du chef de l’Etat actuel comme l’ont été Sékou Touré et Lansana Conté ont déjà le très important soutien du parti au pouvoir. Samedi dernier, le RPG arc-en-ciel a octroyé une place de choix au directeur national de la police, Sékou Kourouma, couvert d’éloges ; et, il a été exigé la même « loyauté » ( ?) à tous les autres cadres nommés par le président Alpha Condé. Et, c’est le ministre conseiller à la présidence de la République qui a porté cette parole ! Est-ce qu’il y a encore le moindre doute sur la direction du vent (anti constitutionnel) en République de Guinée ?

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

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