Guinée : faut-il dénoncer ou encourager le président Alpha Condé (opinion)

Avocats et les 17 anciens détenus à la Maison centrale
Les 17 agents de la sécurité de Cellou Dalein, à leur sortie de prison, le 05 août 2016

La libération des 17 agents de la sécurité rapprochée du chef de file de l’opposition guinéenne, la « victoire«  du député uninominal de Gaoual contre trois hauts perchés de l’Etat (le ministre conseiller à la présidence, le DG de la CNSS et le SG des AE), et l’autorisation de la marche de l’opposition le mardi prochain, 16 août 2016, sont dans l’ordre normal des choses.

D’ailleurs, certains de nos concitoyens estiment que les anciens prisonniers devraient demander des dommages et intérêts pour avoir été détenus injustement pendant plus de cinq mois. Pour sa part, l’honorable Ousmane Gaoual a déjà annoncé qu’il va interjeter appel de ce verdict (qui le condamne à deux ans de prison avec sursis et d’une amende d’un million de francs guinéens). Et, certains estiment que l’opposition ne devait pas accepter qu’on la cantonne « dans son coin », sur la route « Le prince » où, comme l’expérience l’a démontré, les forces de l’ordre exercent plus de violences et d’exactions sur les populations civiles, contrairement aux manifestations qui se sont déroulées sur l’autoroute Fidèle Castro, de Matoto à Kaloum.

Mais, dans le contexte guinéen actuel, la sagesse du procureur qui a finalement accordé la liberté à ces agents chargés de la sécurité du principal opposant au régime, le verdict de ce juge qui a tout de même évité de faire emprisonner l’opposant Ousmane Gaoual Diallo (avec toutes les conséquences que cela allaient provoquer) et « l’autorisation » du gouvernorat de Conakry pour une manifestation de l’opposition républicaine peuvent s’apparenter à des signes d’apaisement du pouvoir pour que la paix et la sérénité règnent en Guinée

Rencontre Alpha Condé-Cellou Dalein Diallo ?

Dans un un pays normal, ces trois décisions ne peuvent même pas figurer dans les actes positifs… Mais, dans la Guinée actuelle, avec des tensions politico-ethniques latentes, le moindre effort d’un camp devrait être reconnu par l’autre pour espérer décrocher encore plus de concessions.

En clair, il serait temps que le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition se retrouvent pour éviter que les extrémistes des deux bords reprennent les devants. Car, dans l’un et l’autre camp, il y a des hommes et des femmes qui ne trouvent leurs comptes que dans les crises, n’étant compétents en aucune matière et ne pouvant donc briller en compétitions paisibles et ouvertes. Comme l’a bien prédit Ousmane Gaoual Diallo lors de son jugement, après ces discours extrêmes, il est temps que les débats sortent des caniveaux pour s’orienter désormais sur les problèmes réels de la République. Que les lanceurs de pierres et de gaz lacrymogènes cèdent l’espace public aux spécialistes de l’éducation, de l’économie, des sciences…

Bref, c’est le moment de tourner la page des invectives personnelles pour faire face aux problèmes réels qui assaillent notre pays. Il y a un temps pour tout. Il est donc temps pour les acteurs politiques guinéens de choisir entre la paix et l’instabilité ; étant entendu que partout dans le monde, chaque fois qu’un conflit a commencé dans un pays, chacun des protagonistes avait la certitude d’en sortir vainqueur. Mais, l’expérience montre que personne n’a en réalité pu déterminer la durée et l’issue d’un conflit, si minime soit-il ! Nos acteurs politiques devraient donc mettre en avant l’impératif de la paix pour léguer à nos enfants et petits enfants une Guinée paisible.

Nouhou Baldé

 

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