Présidence de l’Union africaine : Fodé Oussou compare les régimes Mubagé, Deby et d’Alpha Condé

Après Robert Mugabé du Zimbabwé (en 2015) et Idris Deby du Tchad (en 2016), le chef de l’Etat guinéen, le professeur Alpha Condé, s’attend à être désigné président (d’honneur) de l’Union africaine, à l’issue du sommet qui se tiendra demain et après demain, à Addis Abeba, en Ethiopie. D’ailleurs, l’assemblée générale hebdomadaire de son parti, le RPG arc-en-ciel, a été consacrée hier aux préparatifs de l’accueil du président Alpha Condé, le jeudi 02 février prochain.

Voulant mobiliser toute la population de Conakry et des préfectures environnantes (notamment Dubréka et Coyah), le RPG arc-en-ciel a demandé à l’opposition guinéenne et à la société civile de participer à cet accueil pour que tout l’espace situé entre l’aéroport Gbessia et le palais présidentiel (Kaloum) soit occupé par des citoyens habillés en blanc et tenant des mouchoirs blancs… Le parti au pouvoir souhaite ainsi une grandiose mobilisation des citoyens pour montrer aux peuples africains que tous les Guinéens sont satisfaits du choix porté sur leur chef d’Etat, le professeur Alpha Condé.

Dans sa communication, Sanoussy Bantama Sow, ministre conseiller à la présidence de la République et président du conseil d’administration de l’office guinéen de publicité, a expressément demandé au gouvernement de déclarer la journée de ce jeudi 02 février 2017 « fériée, chômée et payée » pour que tout le monde soit présent (habillé en blanc et avec des mouchoirs blancs) à l’accueil du président de la Guinée et de l’Union africaine…

L’opposition ne sera pas à l’accueil

Au cours d’un échange téléphonique avec Guineematin.com, ce dimanche, l’opposant Fodé Oussou Fofana est contre cet accueil. « L’opposition ne participera ! Et, si on déclare la journée du jeudi fériée, les jeunes élèves et étudiants devraient se constituer en des groupes de révision pour apprendre leurs leçons et s’éloigner de ces démagogues qui tirent notre pays continuellement vers le bas de l’échelle. Nous sommes dans un pays où plusieurs familles ne mangent pas deux fois par jour. Ça ne préoccupe pas ces gens ! Nous sommes dans un pays où il vaut mieux aller à Bamako par avion pour prendre la route de Siguiri, tellement que les routes sont défoncées, ça ne préoccupe pas ces gens ! Aujourd’hui, les élèves manifestent parce qu’il n’y a pas d’enseignants dans les écoles, ça ne préoccupe pas ces gens … », se fâche l’honorable Oussou Fofana.

Et, revenant sur cette demande de faire du 02 février férié, le vice-président de l’UFDG a dénoncé l’amalgame de nos institutions et aligne plusieurs questions. « Comment pouvez-vous concevoir, dans un Etat dit démocratique, qu’un parti politique fasse des injonctions de ce genre à un Gouvernement ? Est-ce que nous sommes dans un parti-Etat où les décisions sont prises par le parti et exécutées par le Gouvernement ? », s’est notamment interrogé Docteur Fodé Oussou Fofana.

Parlant de la personne même du ministre conseiller, l’opposant se dit préoccupé par la santé psychique du ministre Bantama Sow. « Vous savez que quelqu’un peut-être malade sans le savoir ? Si j’étais à la place des parents du ministre Bantama Sow, j’allais discrètement l’accompagner dans un hôpital psychiatrique pour le faire examiner et éventuellement le traiter. Parce que, honnêtement, je pense qu’il a des problèmes. Un homme normal peut-être démagogue, c’est vrai. Mais, il y a un niveau de démagogie qu’on homme normal n’atteindra jamais… », a relevé l’opposant, par ailleurs ancien président de l’ordre des pharmaciens d’Afrique…

Interrogé sur les atouts et les mérites du professeur Alpha Condé, qui sera président de l’Union africaine dans quelques jours, l’opposant a commencé par nos poser des questions. « Honnêtement, vous pouvez me répondre. Quels sont les mérites et les atouts des régimes de Robert Mugabe et d’Idris Deby ? Est-ce que, honnêtement, vous pensez que le Zimbabwe et le Tchad ont posé des actes démocratiques, ont du respect pour les droits de l’Homme, des libertés des citoyens pour mériter la présidence de l’Union africaine ? », a interrogé Fodé Oussou Fofana. Selon l’opposant, il est bien dit que « la présidente est tournante » et que c’est tout simplement ce tour qui est tombé sur la Guinée. Ainsi, sans aucun critère, le guinéen qui est à la tête du pays va être désigné… Pour l’opposant guinéen, le président Alpha Condé devrait plutôt se comparer à la nouvelle génération des chefs d’Etat progressistes qui veulent laisser des traces de développement et qui sont conscients qu’ils ne seront pas éternellement au pouvoir comme Macky Sall, Alhassane Ouattara et autres, Patrice Talon…

Ramenant le président guinéen aux autres dictateurs africains qui ne veulent pas quitter le pouvoir, le vice-président de l’UFDG a rappelé : « comme Robert Mugabé, monsieur Alpha Condé est très âgé pour la présidence de la République, c’est pourquoi la Guinée est très mal gouvernée ; comme Mugabé et Déby, le président guinéen n’aime pas organiser des élections libres et transparentes ; comme Robert Mugabé et Idris Déby, le régime de monsieur Alpha Condé tue les manifestants pacifiques, etc. Alors, je demande qu’on arête de faire croire que monsieur Alpha Condé a posé un quelconque acte pour mériter la présidence de l’Union africaine. Il n’a posé aucun acte méritoire pour occuper ce poste, comme Robert Mubagé et Idris Déby n’avaient posé aucun acte pour mériter d’être à cette place avant lui en 2015 et 2016 », a précisé Docteur Fodé Oussou Fofana.

Enfin, à ceux qui font une comparaison entre l’occupation de cette présidence par Alpha Condé et le poste de secrétariat général qu’avait préalablement occupé Diallo (Boubacar) Telli, premier secrétaire général de l’OUA (pendant huit ans, de 1964 à 1972), l’opposant guinéen a tenu à rappeler qu’il y a une très grande différence entre les deux ! « Le poste du secrétariat général est devenu la commission dont l’élection est d’ailleurs prévue à ce sommet pour succéder à la sud-africaine, Nkosazana Ndlamini-Zuma. La succession d’Alpha Condé à Idris Déby est toute autre et ne fait débat qu’en Guinée. Ailleurs, ça n’intéresse personne…», a fait observer Docteur Fodé oussou Fofana.

Propos recueillis et décryptés par Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

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