Pandémies et soins : les frasques des politiques face aux scientifiques

Le 09 avril dernier, le président guinéen avait annoncé des méthodes bien particulières pour lutter contre le coronavirus. Selon Alpha Condé, il suffisait de se mettre du « mentholatum » dans les narines et « ensuite boire souvent de l’eau chaude ». Le chef de l’Etat avait fait cette déclaration au cours d’une campagne de sensibilisation qu’il a menée personnellement dans les rues de Kaloum. Cette sortie du Pr. Alpha Condé avait déchaîné les passions sur la toile…

Etats-Unis

Obsédé par sa réélection, qui devient hypothétique à cause de la crise économique, elle-même consécutive à la crise sanitaire, le président américain ne profite pas moins de cette catastrophe humanitaire pour monopoliser le débat sur les chaines de télévision américaines. Le chef de l’exécutif tient – ou tenait jusqu’à ce qu’il mette les pieds dans le plat- un point de presse quotidien. Au cours du rendez-vous du 24 avril Donald Trump a fait la risée du monde.
Devant un parterre de médecins et de scientifiques, le président américain a préconisé un traitement pour le moins atypique contre la pandémie qui continue à endeuiller le monde et plus particulièrement les Etats-Unis. « On pourrait frapper le corps avec une énorme quantité de lumière ou d’ultra-violet. On pourrait aussi amener la lumière à l’intérieur du corps, via la peau ou d’une autre façon. On pourrait aussi faire quelque chose avec un désinfectant, comme une injection ou un nettoyage, ça pourrait faire du bien aux poumons » a déclaré Trump. Interpellé par le président sur cette question, le médecin et conseillère scientifique du gouvernement, a préféré se taire, visiblement gêné par la nouvelle sortie du président.

Trump lui-même a fini par se rendre compte de l’absurdité de ses propos : « Peut-être qu’on peut, peut-être qu’on ne peut pas, je ne sais pas, je ne suis pas docteur » a-t-il conclu. Interrogé vendredi sur ses propos qui ont suscité un tollé, M. Trump a assuré qu’il s’était exprimé de façon «sarcastique».

Pour sa part, son rival démocrate pour la présidentielle du 3 novembre prochain a déclaré «J’ai du mal à croire que je doive le dire mais s’il vous plait, ne buvez pas d’eau de Javel», a dit Joe Biden.

Quant au fabricant du désinfectant, il s’est empressé de déclarer que ses produits désinfectants ne doivent, en aucune circonstance, être administrés dans le corps humain. Cette mise au point écrite a été jugée nécessaire « en raison des spéculations intenses et de l’activité sur les réseaux sociaux ».

Malgré tout, on craint désormais que beaucoup d’Américains suivent les recommandations de leur président à la lettre et se mettent en danger en ingérant du désinfectant ou de l’eau de Javel.

Madagascar

Le 20 avril dernier, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé que Madagascar était en possession d’un remède made in Madagascar aux vertus préventives et curatives contre le coronavirus. Le Covid-Organics, nom donné à ce traitement, est une tisane à base de feuilles séchées d’artemisia, produit par l’Institut malgache de recherche appliquée (IMRA).

Le président de l’Académie nationale de médecine de Madagascar n’a pas tardé à réagir par voie de communiqué : « Il s’agit de médicament dont les preuves scientifiques ne sont pas encore élucidées et qui risque de porter préjudice à la santé de la population, en particulier à celle des enfants. La loi malgache stipule que seuls les professionnels de santé au sein des formations sanitaires et non des structures administratives, sont habilités à distribuer des médicaments ».

Guinée

Pour sa part, le président guinéen a indiqué, le 9 avril dernier, des méthodes bien particulières pour lutter contre le coronavirus : se mettre du « mentholatum » dans les narines et « ensuite boire souvent de l’eau chaude ». Le chef de l’Etat a fait cette déclaration au cours d’une campagne de sensibilisation qu’il a menée personnellement dans les rues de Kaloum. Cette sortie du Pr. Alpha Condé avait déchaîné les passions sur la toile. Obligeant les responsables de l’ANSS à venir à la rescousse. Dr Sakoba Keita précise qu’on ne guérit pas d’un virus, on tue un virus. C’est un malade qu’on guérit ». « L’eau chaude tue même l’être humain. Si tu mets de l’eau chaude sur quelqu’un pendant des heures, il peut mourir » expliquera-t-il, avant de conclure que le virus ne peut pas résister à 75 degrés.

A noter que l’ancien président gambien Yahya Jammeh, qui s’était autoproclamé docteur, soutenait avoir un traitement contre le sida. Les scientifiques avaient mis cette déclaration au compte de frasque d’un dictateur. Lequel n’a jamais prouvé par des preuves scientifiques de sa thèse.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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