Célébration de la journée internationale de l’entrepreneur : Kouboura Baldé exhorte la jeunesse guinéenne à « oser entreprendre »

Célébrée le 21 août de chaque année pour sensibiliser le public à l’esprit d’entreprise, à l’innovation et au leadership, la journée mondiale des entrepreneurs est une occasion au monde que ce sont les entrepreneurs qui ont conduit systématiquement et courageusement les économies en récession à la prospérité et à la croissance.

La célébration de cette journée est aussi un moment idéale de rendre hommage à toutes les personnes qui créent leurs entreprises et les font prospérer. Et, c’est dans l’esprit de la commémoration de cette journée que Guineematin.com est allé ce vendredi, 21 août 2020, à la rencontre Kadiatou Kouboura Baldé, Coordinatrice de « Week-end Lecture », pour parler de l’entreprenariat et de l’autonomisation des jeunes. Cette jeune journaliste, qui évolue aussi dans le domaine de la littérature, a créé le projet « Week-end lecture » pour inciter et encourager les jeunes guinéens à s’adonner à la lecture.

Décryptage :

Kadiatou Kouboura Baldé, Coordinatrice de Week-end Lecture

Guineematin.com : Le 21 août de chaque année marque la journée internationale de l’entrepreneur. Dites-nous ce que cette journée représente pour vous ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Disons que c’est une journée qui devrait aussi être mise à profit pour encourager surtout la couche juvénile à continuer à entreprendre. Il est bien vrai aujourd’hui qu’en Guinée les jeunes ont découvert ce domaine. Et, tant bien que mal, ils s’y adonnent. On retrouve pas mal d’initiatives de jeunes dans le domaine de l’entrepreneuriat. À ce jour, les jeunes ont cet esprit ouvert à être indépendant ; mais, aussi, cette journée devrait être vue d’une autre façon. C’est-à-dire que ces jeunes qui entreprennent ont souvent besoin d’aide. Car, quand on a l’initiative d’entreprendre, on n’a pas forcément les moyens complets qu’il nous faut. Généralement, c’est l’idée qu’on a, c’est de la volonté qu’on a, c’est l’envie d’être indépendant qu’on a. Mais, le plus souvent les moyens de nos politiques nous manquent. C’est à ce niveau qu’il faudrait que ces jeunes qui ont cet esprit d’entrepreneuriat soient soutenus, soient encouragés. Cela aiderait à ce que plus de personnes migrent vers ce domaine. Parce que j’avoue qu’il n’y a rien à perdre en étant un entrepreneur sinon qu’à y gagner beaucoup plus. Tu peux gagner en expérience, tu peux être financièrement indépendant. Donc, je me dis que la journée de l’entrepreneuriat, c’est une belle journée qui devrait être promue. J’imagine qu’il y a moins de personnes qui savent que cette journée existe. Donc, plus on en parle, plus on essaie de faire des actions, plus elle est vue et prise en compte.

Guineematin.com : Vous êtes journalistes et en même temps Coordinatrice de « Week-end Lecture », un projet dont vous êtes initiatrice. Mais, comment vous avez eu l’idée de créer ce projet ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Week-end Lecture disons que c’est une action citoyenne, c’est un apport civique qu’on a essayé de matérialiser. Tout est parti d’un constat qui se pose sur le terrain. On a remarqué que les gens ont délaissé la lecture. Nous savons, vous et moi, la place qu’occupe la lecture dans notre apprentissage, dans tout ce que nous voulons faire. Puisque la langue officielle en Guinée c’est le Français. Donc, ça y va de notre intérêt de s’adonner à la lecture pour mieux comprendre l’évolution du monde. On a essayé de poser le constat. On s’est dit que le taux de lecteurs baisse. Et, on s’est demandé qu’est-ce qui avait provoqué tout cela. Bon, certains estiment qu’ils n’ont pas le temps, d’autres disaient plutôt qu’ils sont occupés par d’autre travail, qu’ils n’avaient vraiment pas le goût de la lecture. Mais, aujourd’hui, les conséquences de tout cela, c’est que du côté des élèves par exemple, le niveau ne fait que baisser. Et, c’est très déplorable que chaque année on constate qu’en Guinée les élèves au lieu d’évoluer, régressent. Donc, nous on s’est dit qu’on ne va pas se limiter simplement à critiquer, à en parler et à constater la chose. Il fallait s’impliquer entièrement pour remédier à ce problème. Et, c’est de là qu’est venue l’initiative de « Week-end Lecture ». C’est-à-dire que désormais, pour une technique d’amener les jeunes, d’amener les gens à la lecture, on s’est dit chaque week-end, les gens vont se réunir dans un endroit approprié, un endroit calme, pour lire. Nous avons dit que pour ne pas trop retenir les gens, juste une façon de redonner le goût à ceux qui en avaient et incité ceux qui ne pouvaient pas du tout lire, il faut leur faire découvrir l’importance de la lecture. Donc, chaque week-end, on se réunit dans un endroit approprié pour la lecture. On s’assoit, on fait une lecture silencieuse de deux heures. L’initiative existe maintenant depuis près d’un an. Depuis le mois de novembre, nous sommes là-dessus. Pratiquement, on arrive à la première année de Week-end lecture. Pour le moment, tant bien que mal, les gens commencent à rallier et ils reprennent petit à petit le goût de la lecture.

Guineematin.com : Week-end Lecture est à près d’un an d’existe à Conakry. Mais, à ce jour, est-ce que vous avez réussi à décentraliser ce projet à l’intérieur du pays ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Aujourd’hui, Week-end Lecture n’est pas qu’à Conakry seulement. Nous sommes aussi à l’intérieur du pays. Pratiquement on a pu couvrir, depuis le début, plus de dix villes à savoir : Kindia, Télimélé, Mamou, N’zérékoré, Yomou, Labé, Dinguiraye, Boffa, Boké et Sangarédi. A ce jour, les séances lectures se tiennent tous les week-ends et nous arrivons à regrouper plus de 50 personnes au même endroit.

Guineematin.com : Cette année, on célèbre la journée des entrepreneurs dans une période particulière de crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 en Guinée. Cette pandémie a-t-elle eu un impact sur vos activités ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Une belles question. La pandémie a touché aussi Week-end lecture comme beaucoup d’autre secteurs. On était obligé à un moment d’arrêter les séances. Parce que nous déjà c’était un principe où on se réunissait : le frottement n’était pas du tout à éviter, parce qu’il fallait être au près d’un ami lecteur. Histoire de partager sa lecture avec la personne. Donc, on était à un stade où il fallait qu’on arrête, parce qu’avec les modes de propagation du virus, la maladie pouvait circuler à nos séances lectures. Donc, on avait arrêté pendant les trois mois. Puis en juillet, on a repris. On a tenu 4 séances, c’était à la reprise pendant la pandémie. On a géré en respectant les mesures barrières, en essayant au maximum de se protéger. Donc, avec cette protection, on a repris les séances. Puis, nous avons décidé d’arrêter pour les mois d’août à octobre. Vous savez, c’est une saison très pluvieuse à Conakry surtout. Pour le moment, c’est la pause. Mais on continue à inviter les lecteurs à s’y adonner. Il n’y a pas que Week-end lecture seulement pour lire. Mais en étant à la maison, vous pouvez lire. En fait, l’objectif ce n’est pas tout le temps de rendre les lecteurs dépendants du Week-end lecture ; mais, c’est de les rendre dépendant de la lecture. C’est ça l’objectif. Donc, sur nos canaux de communication, nous ne cessons de les rappeler qu’ils peuvent continuer à lire. Parce que c’est possible de le faire aussi à la maison.

Guineematin.com : Etes-vous en partenariat avec des ONG ou l’un des ministères du pays ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Peut-être un soutien moral ! Sinon, administrativement parlant, il n’y a pas un partenariat qui nous lie avec l’autorité publique. Nous ne sommes en partenariat avec personne. Nous essayons d’évoluer avec nos idées, avec nos moyens et l’objectif qu’on s’est fixé. Donc, à ce jour, on ne se préoccupe pas tellement de qui nous accompagne financièrement. On a notre objectif et puis on essaie d’évoluer. Mais, cela ne dit pas qu’on n’a pas besoin d’aide. On a évidemment besoin d’aide. Mais, faut-il que cela soit du côté de ceux qui aident. Sinon, si c’est allé vers eux, on est en train de le faire, on est en train de communiquer. Donc, on se dit qu’à travers les canaux que nous utilisons qui sont les réseaux sociaux, l’initiative est en train de se propager. Et, quand le besoin se pose, nous allons vers ces autorités. Mais, pour le moment, je précise que nous n’avons pas un accompagnement des autorités publiques.

Guineematin.com : Comment faire pour participer aux séances lecture ?

Kadiatou Kouboura Baldé : C’est très simple. D’abord, il faut toujours se renseigner d’où nous tenons nos séances. Parce que nous nous avons le principe. C’est que c’est une rotation de saison. Donc, les endroits ne sont pas fixes. C’est une sorte de bibliothèque mobile que nous avons. Généralement, nous avons nos canaux de communication (Facebook, tweeter) sur lesquels nous passons en début de semaine pour inviter les lecteurs sur l’endroit qu’on a trouvé. Mais, l’endroit aussi nous le choisissons avec objectif. C’est-à-dire que nous tenons toujours compte du calme et du lieu adapté pour la lecture. Donc, c’est simple. Quand vous êtes informés de l’endroit, vous venez avec votre livre. Mais, nous avons aussi un peu de livres que nous faisons découvrir aux lecteurs. Donc, le principe est vraiment simple. Il n’y a pas de protocole. Vous n’avez pas une caution à payer pour participer, vous n’avez juste qu’à respecter l’heure qu’on vous fixe. C’est-à-dire, nous le faisons entre 15 heures et 17 heures.

Guineematin.com : Aujourd’hui, quel est le message que vous pouvez lancez à la jeunesse guinéenne plus particulièrement aux femmes et aux filles ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Il faut oser. On ne cessera de le dire. Pour la jeunesse, il suffit juste d’oser. De façon générale, il faut que la jeunesse ose entreprendre. Il faut que la jeunesse ose poser des actions. Parce qu’il y a qu’à cela qu’on peut montrer notre valeur, il n’y a qu’à cela que le mérite peut sortir. Mais, si on reste juste des observateurs, ou qu’on attende que des décisions soient prises à notre place, il serait très déplorable. Parce qu’on est aussi appelé un jour à grandir et à prendre des décisions. Donc, c’est maintenant qu’il faut le faire. Je conseillerai à la jeunesse de ne pas toujours accepter qu’on prenne la décision à sa place. Mais, qu’elle s’implique dans la prise des décisions pour elle. Parce que si des décisions sont prises sans elle, ça sera forcément contre elle.

Guineematin.com : Si le président Alpha Condé était en face de vous aujourd’hui, quel serait votre message à son encontre par rapport à la journée internationale de l’entrepreneur ?

Kadiatou Kouboura Baldé : Il faut que Monsieur le président s’implique de façon entière dans l’autonomisation de la jeunesse. Parce qu’entreprendre, c’est accepter d’être autonome. Il faut qu’il y ait une politique publique qui peut encourager et amener les jeunes à être autonome dans les domaines. Parce que l’Etat, à lui seul, ne peut pas embaucher tout le monde. Ce n’est pas possible. Pour alléger les tâches, pour alléger la situation qui est parfois très critique, il faut qu’il y ait une politique qui peut encourager et amener à entreprendre, à être indépendant.

Interview réalisée par Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

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