Boubacar Barry : « le CNRD n’a aucune empathie vis-à-vis des victimes du régime de Sékou Touré »

Elhadj Boubacar Barry, ancien ministre, enfant de victime du Camp Boiro

Le colonel Mamadi Doumbouya a créé une vive polémique en rebaptisant l’aéroport international de Conakry-Gbessia, devenu désormais « Aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry ». Si cette décision du président de la transition est vivement saluée par les partisans du premier président de la République de Guinée, elle suscite une grande colère chez les parents des victimes du camp Boiro (la tristement célèbre prison de Sékou Touré).

C’est le cas notamment de l’ancien ministre de la Pêche, Boubacar Barry, qui dénonce un manque d’empathie du CNRD (la junte militaire au pouvoir) vis-à-vis des victimes du régime de Sékou Touré. Ce responsable de l’UFR (le parti dirigé par Sidya Touré) trouve incompréhensible que les autorités de la transition veuillent rendre hommage au père fondateur de la l’indépendance de la Guinée sans penser aux nombreux Guinéens qui ont victimes des exactions de son régime.

« Nous considérons que le CNRD n’a aucune empathie vis-à-vis des nombreuses victimes du régime de Sékou Touré. Dans ces conditions, cette décision a pour principal impact malheureusement, la division des Guinéens, avec un parti pris véritablement du président de la transition et du CNRD au détriment des victimes. C’est ça que nous a inspiré ce décret (…) Il y a tout un passif qui est quand même extrêmement lourd, dont nous n’avons pas encore discuté.

Et c’est pour cela que nous avons estimé que toute démarche de réhabilitation ou de réparation devrait suivre les recommandations de la commission provisoire de réconciliation nationale, qui a été dirigée par les religieux et qui a produit un rapport final dans lequel des recommandations pertinentes existent. Ce rapport a été déposé dans le bureau de l’ancien président, Alpha Condé, mais il ne l’a pas utilisé », rappelle ce membre de l’association des parents des victimes du camp Boiro (AVCB).

« Comment pouvez-vous imaginez que les premiers diplomates, les premiers ministres, les premiers députés, tous compagnons de l’indépendance, soient jusqu’aujourd’hui dans des fosses communes et que celui qui a été le principal responsable de ça, sans qu’il n’ait été jugé, soit aussi honoré ? C’est malheureux. Et nous, nous continuerons à nous battre et porter notre message et nos revendications partout où il le faut jusqu’à ce que la vérité éclate et que les droits des uns et des autres soient respectés », promet Boubacar Barry.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box