Des acteurs politiques sous-contrôle judiciaire : « c’est l’antichambre de la prison » (Diabaty Doré)

Diabaty DORÉ, président du RPR et vice-président de l'ANAD

Huit (8) leaders politiques, presque tous membres de ce qu’on appelait le Quatuor, avaient été inculpés le 27 octobre dernier pour « participation délictueuse à une manifestation illégale, attroupement illégal, complicité de destruction de biens publics et privés ». Leur inculpation était assortie d’un contrôle judiciaire avec un certain nombre de restrictions. Diabaty Doré, président du RPR et membre influent de l’ANAD, interrogé par un reporter de Guineematin.com hier, jeudi 15 décembre 2022, est revenu sur cette situation qui les empêche de se mouvoir à souhait.

Cette inculpation assortie d’un contrôle judiciaire de ces acteurs politiques est consécutive à la manifestation du FNDC du 20 octobre 2022 dans le Grand Conakry. Une manifestation à laquelle le FNDC Politique, le RPG/AEC et Alliés, l’ANAD et la CORED avaient apporté leur soutien.

Ce contrôle judiciaire interdit à ces huit acteurs politiques de sortir de Conakry et du territoire national sans avoir obtenu l’autorisation des autorités judiciaires. Et environ deux mois après cette décision, comment vivent-ils aujourd’hui ? Quel impact sur leur quotidien ?

Diabaty Doré, président du Rassemblement pour la République (RPR) et vice-président de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD), est revenu sur cette situation. « Nous avons été mis sous contrôle judiciaire il y a de cela maintenant deux mois. Pour ceux qui ne connaissent pas, être sous contrôle judiciaire, c’est d’être dans l’antichambre de la prison. Cela veut dire que quand tu es sous contrôle judiciaire, il y a des mouvements dont tu ne peux pas te permettre. Par exemple, quand tu as des invitations à l’intérieur ou à l’international, tu ne peux y aller. Même à Coyah ici ou à Dubréka, tant que tu ne demandes la permission et voir est-ce qu’ils vont donner l’autorisation… C’est pour vous dire encore une fois que c’est l’antichambre de la prison. Je ne souhaite pas ça à quelqu’un d’autre. Je suis leader politique, je dois beaucoup me mouvoir, je dois voyager mais actuellement, ça fait deux mois que je n’arrive pas à bouger. C’est comme si nous sommes en prison. Vous ne pouvez pas comprendre aujourd’hui l’agenda très chargé d’un leader politique. Parce qu’à tout moment, tu peux avoir une invitation et c’est extrêmement important. Parce que quand tu es appelé à gérer un pays demain, tu dois avoir un certain nombre de contacts sur le plan national et international, te faire des réseaux et de nouvelles connaissances et même communiquer dans la presse étrangère. En tant que leader politique, à chaque mois, nous devons nous rendre à l’intérieur du pays pour voir comment les structures de nos partis fonctionnent », a révélé monsieur Doré.

Une situation que regrette ce membre de l’ANAD dirigée par Cellou Dalein Diallo. « Ça n’honore pas aussi notre transition. Nous sommes au nombre de 8 leaders qui sont sous contrôle judiciaire. Mais quand on dit de ne pas sortir de Conakry, vous savez ce que ça fait à un leader. Quelle que soit la durée d’une transition, la finalité c’est d’organiser des élections. Donc, c’est le moment pour nous de nous préparer et si on te dit que tu ne sors pas, vraiment c’est extrêmement compliqué pour nous », déplore-t-il.

Parlant de l’obtention de l’autorisation de se déplacer, Diabaty DORÉ a indiqué qu’il n’en a jamais fait la demande. « Moi, je n’ai jamais demandé une autorisation pour dire que je dois aller à l’intérieur ou l’extérieur. Toutefois, à ce que je sache, Cellou Baldé (membre de l’UFDG et de l’ANAD, ndlr) était tout récemment à Labé. Il a demandé l’autorisation parce qu’il avait perdu sa grand-mère. Donc, ils l’ont autorisé à y aller. On ne nous a pas interdit d’aller saluer ou participer à des réunions politiques ni de l’assemblée générale, on ne nous a pas interdit aussi de parler à la radio. La seule chose qu’on nous demande, c’est de ne pas pour le moment faire une déclaration de soutien à une manifestation. Que ça soit avec le FNDC ou pas », a fait savoir le président du RPR.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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