Macky Sall désavoué par le Conseil constitutionnel : « la justice sénégalaise a montré qu’elle est un pilier du pouvoir »

Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

Le report de l’élection présidentielle au Sénégal a été annulé hier, jeudi 15 février 2024, par le Conseil constitutionnel. La plus haute juridiction sénégalaise a déclaré que la loi adoptée le 5 février dernier par l’Assemblée nationale (la loi relative au report du scrutin présidentiel au 15 décembre prochain) « contraire à la constitution » du pays. Cette décision a été vivement saluée par la majorité des Sénégalais et des observateurs de la vie politique du Sénégal.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, homme politique guinéen et président de l’Union Démocratique pour le Renouveau le Progrès (UDRP), s’est réjoui de cette décision qu’il qualifie de « courageuse » de la part du Conseil constitutionnel sénégalais.

« Moi je pense que la décision du conseil constitutionnel sénégalais qui est prise pour annuler le report des élections est une bonne décision. C’est un très bon coup de la part du président Macky Sall parce que n’oubliez pas que le président du conseil constitutionnel est nommé par le président de la République. Je pense que Macky a compris qu’il emprunté un chemin très dangereux et les réactions qui se sont pressenties au Sénégal ont été la preuve de l’agacement des populations et de toutes les installations du pays pratiquement parlant. Faire en sorte que le conseil constitutionnel vienne au secours en annulant son décret qui reporte les élections en décembre, je crois que c’est une bonne décision. En fait, il ne sort pas tout à fait écorcé parce que non seulement les élections n’ont pas eu le 25 février 2024 comme c’était prévu initialement, mais aussi en même temps, les élections n’auront pas lieu en décembre. Si vous avez remarqué l’annulation du décret qui avait remporté les élections par le conseil constitutionnel n’a pas fixé de date. Donc ça veut qu’on peut négocier. Les négociations se feront et chacun sortira grand. Je pense que c’est une bonne chose dans la mesure où la tradition de démocratie qui a été instaurée au Sénégal, elle a survécu à ces embrouilles. C’est son pouvoir d’appeler aux urnes. Ça, c’est le pouvoir discrétionnaire du président de la République. Le conseil national s’est seulement permis d’attaquer la légalité par rapport à la Consommation du Sénégal. En même temps, le conseil constitutionnel ne s’est pas donné les prérogatives du président de la République dont il joue en réalité. Donc il n’a pas fixé de date à cause de tous les dérangements, du tohu-bohu et du tollé de réactions, les élections n’auront pas lieu le 25 février comme initialement prévu. Donc le président de la République va devoir rappeler les populations aux urnes à une autre date qui ne sera ni l’une, ni l’autre. En cas de vacance du pouvoir, la Constitution sénégalaise dit que c’est le président de l’Assemblée nationale qui va assurer l’intérim. Donc si cela arrivait et je doute que cela arrive, monsieur Macky Sall est un homme très intelligent, je crois qu’il a compris le message. S’il veut sortir par la grande porte, il fera en sorte qu’il ne reste pas à la présidence après le jour du 2 avril. Cette décision du conseil constitutionnel est une décision rare, quand on connait le principe de recevabilité qu’ont les membres de ces institutions-là vis-à-vis du pouvoir central. Dans d’autres milieux on n’aurait pas assisté à ce scénario. Mais si on le voit, moi je dis qu’il faut tirer le chapeau pour le conseil constitutionnel qui a pris cette décision et surtout d’une manière à ne pas écorcher le président de la République Macky Sall. Parce qu’il en sort complètement ému. Dans nos pays, où il y a le partage entre le pouvoir exécutif, le judiciaire et le législatif. La justice sénégalaise a montré qu’elle est un pilier du pouvoir. Et qu’en cas de conflit entre l’exécutif et le judiciaire, elle peut intervenir et mettre les choses sur les rails. Et c’est effectivement, ce qui vient de se passer. Et le Sénégal a une tradition de justice et de démocratie. Mon inquiétude c’était que cette situation laisse apparaître des fissures et même de très grandes fautes et que les uns et les autres qui sont aujourd’hui accrochés au pouvoir y voient un salut, ils voient une possibilité de pouvoir capitaliser sur ce genre de choses. Moi je crois que c’est une très bonne chose. Si la justice en Guinée pouvait être comme ça, ne pas être sous injonction ça serait une très bonne chose. Malheureusement, la justice au Sénégal, la démocratie au Sénégal sont une sorte des années lumières par rapport à ce que nous nous vivons ici dans notre pays. Moi je pense que Macky Sall va devoir faire en sorte qu’il finisse en apothéose en libérant tous ses adversaires politiques et qu’ils les laisse battre sur le terrain et que chacun y trouve son sort», a déclaré Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, président de l’UDRP.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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