Fin de 2019 : voici quelques faits qui ont marqué l’année à Kindia

L’année 2019 a tiré sa révérence pour laisser la place à 2020. Au cours des 12 derniers mois, beaucoup d’événements se sont produits dans la préfecture de Kindia. Un correspondant de Guineematin.com sur place vous propose ci-dessous une rétrospective de quelques faits et gestes qui ont retenu les attentions de la ville des agrumes.

Comme partout en Guinée, l’actualité politique à Kindia au cours de l’année 2019 a été largement dominée par les activités du FNDC. Le Front National pour la Défense de la Constitution a organisé des campagnes de sensibilisation des citoyens, des meetings et des marches dans la commune urbaine, dans le but de barrer la route au projet de nouvelle Constitution du président Alpha Condé, qui ouvrirait au chef de l’Etat guinéen, la voie à un troisième mandat. Ces mouvements de protestation ont ouvert un véritable bras de fer entre les leaders du FNDC et les autorités de la ville.

Mamadouba Bangoura

La mairie de Kindia n’a autorisé qu’une seule marche du front anti-troisième mandat dans la ville. Toutes les autres ont été interdites par la commune. Et, lorsque les protestataires ont tenté de défier les autorités communales, ils ont dû faire face à de multiples interpellations. La première vague n’a concerné que de simples manifestants : une dizaine de manifestants ou de supposés manifestants ont été interpellés à différents endroits de la ville et conduits à la prison civile de Kindia. Après quelques semaines de détention et un débat contradictoire devant le tribunal de première instance de la ville, ils ont été jugés non coupables des faits d’attroupement illégal et trouble à l’ordre public pour lesquels ils étaient poursuivis, et remis en liberté.

La seconde vague d’arrestations a concerné des leaders locaux du FNDC. Alsény Farinta Camara, le coordinateur régional du Front National pour la Défense de la Constitution, et quatre autres membres du mouvement ont été arrêtés et détenus pendant un mois avant d’être libérés. Deux d’entre eux ont été relaxés et les trois autres ont été condamnés à trois mois d’emprisonnement dont deux assortis de sursis. Malgré leur libération, les avocats des trois personnes condamnées ont relevé appel de la décision du TPI de Kindia.

De son côté, le FNDC-Kindia a décidé de poursuivre le maire de Kindia devant la justice pour « abus de pouvoir ». Après avoir appris le dépôt d’une plainte contre lui, Mamadouba Bangoura a réagi au micro d’un correspondant de Guineematin.com dans la ville. Et sa réponse est plutôt cinglante. « Ceux qui ont porté plainte contre moi sont malades, ils sont sérieusement malades. On ne porte pas plainte contre le pouvoir. C’est une ironie. On ne porte pas plainte contre le maire qui a été légitimement élu. Aucune constitution ne le dit. La population de Kindia a dit qu’il n’y aura pas de marche à Kindia, un point, un trait. On n’accepte pas la pagaille à Kindia. Il n’y a aucun droit de manifester.

La Constitution dans laquelle se trouve l’article 10 (relatif au droit de manifester, ndlr) est caduque. Ça, c’est la constitution qui a été faite provisoirement. C’est comme si on parlait d’une délégation spéciale. Une délégation spéciale est transitoire, donc ce n’est pas légitime. Ceux qui ont fait cette constitution, c’était une constitution transitoire, il faut qu’ils le sachent. De l’article 1 à l’article 162 de cette constitution, tout est caduque.

Nous ne prenons pas ça en considération », a déclaré le maire de la commune urbaine de Kindia, ajoutant que même si le procureur arrivait à le convoquer, il ne répondrait pas à la plainte du FNDC. 2019 s’en va donc en laissant cette page importante de l’actualité politique dans une impasse totale. Le FNDC promet de reprendre les manifestations de rue en janvier alors que les autorités locales assurent qu’« il n’y aura pas de pagaille (manifestations) à Kindia.

Dans le même registre politique, les préparatifs des élections législatives prévues pour se tenir le 16 février 2020 ont focalisé les attentions à Kindia. Les manquements enregistrés dans l’opération d’enrôlement des électeurs et de révision des listes électorales, et les divergences autour du choix des candidats du RPG Arc-en-ciel dans la préfecture ont suscité de vives polémiques au cours des derniers mois. Le partage des redevances minières a opposé aussi les autorités locales : la préfecture et la mairie.

La commune a dénoncé un partage « inéquitable » des 2 milliards 900 millions francs guinéens dans lesquels la préfecture a empoché 300 millions de francs contre 100 millions de francs pour la mairie. Dans le cadre du développement communautaire par contre, on a noté des bonnes nouvelles. Les communes rurales de Kindia ont bénéficié de plusieurs infrastructures, financées par l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC).

Sur le plan économique, les citoyens de Kindia ont été confrontés à d’énormes difficultés, notamment une dure traversée du mois de ramadan, la cherté du prix des moutons et des habits à l’approche des grandes fêtes, la hausse du prix des denrées de première nécessité dans les différents marchés de la place.

Sur le plan éducatif, l’année 2019 a été marquée par un faible taux de réussite aux différents examens nationaux et le remplacement de l’ancien Inspecteur Régional de l’Education (IRE) Abdoul Tchapato Barry par Mouctar Camara.

Sur le plan sanitaire, plusieurs campagnes de vaccination contre la poliomyélite ont été organisées au cours de l’année qui vient de s’achever.

Sur le plan sécuritaire, de nombreux incendies dont certains d’origine criminelle ont été enregistrés. C’est le cas notamment de celui de la mosquée de Khaliakhori, dont les auteurs n’ont pas encore été identifiés. A cela s’ajoute des cambriolages et des attaques à main armée perpétrés dans des domiciles, des lieux de commerces et sur la route. On note également des cas de viols, de maltraitance d’enfants, des mariages précoces et des violences conjugales.

Sur le plan judiciaire, l’année 2019 a été marquée par les procès de plusieurs leaders et militants du FNDC au tribunal de première instance de Kindia, le remplacement de Mamadou Dian Bora Diallo par Amadou Diallo à la tête du parquet de la ville et l’organisation de plusieurs audiences foraines à Télimélé et à Forécariah.

Sur le plan sportif, on note l’organisation du tournoi inter-quartiers doté du trophée, Professeur Alpha Condé, président de la République, a mobilisé du grand monde au stade préfectoral Fodé Fissa. Remportée par le quartier Condeta 3, cette compétition a été émaillée de beaucoup d’incidents.

Les mauvaises performances du Gangan FC ont conduit le club de Kindia à la relégation en ligue 2. De son côté, le Wawa AC s’est maintenu en deuxième division guinéenne. Sur le plan culturel, on retient notamment la participation de certaines troupes de Kindia au festival national des arts et de la culture, qui s’est tenu à Conakry.

Loin d’être exhaustive, cette rétrospective démontre que l’année qui tire sa révérence n’aura pas été pauvre en événements pas toujours souhaités. Les habitants de la préfecture de Kindia abordent 2020 en espérant que tous les problèmes qu’ils ont connus au cours des 12 derniers mois sont partis avec l’année écoulée.

De Kindia, Mohamed M’Bemba Condé pour Guineematin.com

Tél. 628 51 88 88

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