Déguerpissement à Kagbelen : « on s’en va d’ici désespérés », dit un citoyen

Abdourahamane Diallo

Comme annoncé précédemment, le déguerpissement des occupants des alentours du rond-point de Kagbelen (Dubréka) a été officiellement lancé ce mardi 12 janvier 2021. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la construction de l’échangeur prévu à cet endroit pour faciliter la circulation. S’ils n’ont opposé aucune résistance à cette opération, les citoyens concernés expriment tout de même leur préoccupation et demandent aux autorités à leur venir en aide.

 

Hier déjà, certains citoyens concernés par ce déguerpissement avaient plié bagages pour quitter les lieux. Mais c’est aujourd’hui que le grand ménage a commencé. Sur le terrain, chacun s’active à prendre ses affaires et partir avant le début de la construction de l’échangeur de Kagbelen, dont les travaux sont confiés à la société chinoise CBITEC. Parmi eux, Abdourahamane Diallo, responsable de Kioques Orange money de la zone Coyah-Dubréka-Forécariah. Gants à mains, il cherche avec le concours d’autres jeunes à déplacer ses conteneurs en attendant de trouver un autre endroit où les installer.

 

« Je n’ai pas été informé à temps. C’est hier que mes agents qui gèrent les kiosques m’ont appelé pour que les autorités nous demandent de quitter et que les voisins sont en train de défaire leur place. Mais, il s’est trouvé que j’étais loin d’ici. Donc, ce matin, je suis venu à 8 heures dans la précipitation pour enlever mes kiosques (…) J’ai trois kiosques qui sont menacés, j’ai enlevé deux d’abord, il me reste un de l’autre côté qui n’est pas encore concerné par les travaux », a-t-il expliqué. Il précise qu’il n’a aucun par rapport à l’obtention d’une autre place, parce qu’il coopère bien avec les autorités communales de Dubréka et paie régulièrement la redevance annuelle.

 

Contrairement à lui, Facinet Soumah, électromécanicien, est très préoccupé. Il se demande où est-ce qu’il va trouver une place pour installer son garage. « Il n’y a pas deux semaines depuis qu’on a appris que nous devrions quitter ici. Et, ce n’est que le samedi dernier que nous avons officiellement reçu un acte nous disant de quitter avant le 12 janvier 2021. Donc, on s’en va d’ici désespérés, sans qu’aucune autre place ne soit prévue pour nous. C’est ce qui nous préoccupe sérieusement aujourd’hui.

 

Moi, je demande aux autorités de nous aider à avoir de la place où nous réinstaller. Parce que nous les ouvriers, on galère souvent pour avoir une place où s’affirmer. Ce n’est pas facile pour nous d’aller exercer notre métier dans une société si on n’a pas des bras longs. Et là où on se débrouillait si on nous retire là-bas aussi, ça devient compliqué pour nous. Donc, il faut que l’État aide les ouvriers pour ça », a lancé ce citoyen.

Saïdou Fofana

Saïdou Fofana, coiffeur, partage cette préoccupation. N’espérant pas avoir une autre place, ce dernier compte attendre la fin des travaux de construction de l’échangeur pour revenir sur les lieux. « Aujourd’hui, nous sommes en train de prendre nos affaires et partir en attendant la fin des travaux. Après les travaux, je compte revenir à ma place parce que je n’ai pas où aller. C’est le chômage qui fait qu’on se débrouille dans ça, sinon on n’aurait quitté longtemps. Si le gouvernement pouvait nous aider à avoir du travail, ça allait nous arranger mieux que de venir toujours s’installer au bord de la route pour nous débrouiller », a-t-il dit.

 

Du côté de la société chargé de construire l’échangeur de Kagbelen, l’heure est à la satisfaction. Un responsable interrogé par notre reporter se félicite du déroulement pacifique de l’opération de déguerpissement. « Depuis le 9 janvier, nous avons fait un communiqué pour informer les habitants et marchands du démarrage des travaux. Donc, c’est aujourd’hui que nous commençons officiellement les travaux. Et depuis qu’on a commencé, on n’a pas encore rencontré de difficultés.

 

Les occupants ont bien compris le message et ce sont eux-mêmes qui sont en train de faire partir leurs bagages sur la limite d’emprise du projet, ou parfois ils sont assistés par les travailleurs même de la société pour que personne ne se plaigne d’une bavure de la part de la société. La machine ici présente n’a participé à aucune démolition. Pour le moment, nous sommes en train de faire des déviations sur la route Kagbelen-Sanoyah avant de couper la circulation au niveau du carrefour », a-t-il indiqué.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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