CAN 2015 : l’aventure continue (par le doyen Amadou Diouldé Diallo)

syli national de Guinée, supporters Un philosophe disait que la chance est une catégorie scientifique. Le syli de Guinée et ses millions de supporters ne peuvent dire le contraire tant la chance a été de leur côté dans l’insoutenable épreuve du tirage au sort qui devait les départager avec leurs frères maliens. Ce qui a provoqué une joie indescriptible chez tous les guinéens et démentir la règle établie de jamais 2 sans 3.

Cette qualification pour les 1/4 de finales attendue après tant de CAN vient par contre donner raison aux observateurs avertis qui, depuis la CAN 2012 à Franceville au Gabon avaient prédit des lendemains chantant pour la bande de copains d’Ibrahima Traoré. Mais vouloir résumé cette qualification a un simple tirage au sort serait ignorer les difficiles et patients efforts menés par la fédération de football dirigée par Super V qui a facilité le travail d’exploration et de détection de l’entraîneur Michel Dussuyer et qui, le sachant opiniâtre et assidu s’est battu pour le renouvellement de son contrat alors que le ministre des sports de l’époque, Bantam Sow, certainement embrigadé par les réseaux mafieux avait demandé son départ. L’oreille attentive de la nouvelle ministre Domany Doré et son entente parfait avec la fédération ont crée une atmosphère conviviale de collaboration.

Le premier architecte de cette belle œuvre est incontestablement Michel Dussuyer qui, en dépit de 10 mois d’arriérés de salaires est resté fermement à la barre, déambulant dans les rues et stades de Conakry avec un Jean délavé, s’il n’est pas en Europe auprès des joueurs.

Une telle proximité a crée une complicité positive jusque sur le terrain. Michel Dussuyer est un technicien double d’un pédagogue répétiteur à souhait pour une meilleure compréhension de ses élèves. Parmi ces derniers comme dans toute classe, il y a les moins bons, les bons et les surdoués. Et, les sessions de rattrapage favorisent le changement de statut selon les notes obtenues. Le surdoué a pour nom Ibrahima Traoré, une synthèse de ce que la Guinée, la France et l’Allemagne ont de meilleur et qui est couvert par un père Dominique Traoré issu du serl footballistique ; il a été gardien de but et président de l’AS Kaloum.

Ce joueur d’exception, toutes les équipes en ont besoin. Le barça avec Messi, la maison blanche du real de Madrid avec Ronaldo ou encore le Cameroun avec Etoo,  la Côte d’Ivoire avec Drogba. La liste est longue. Et, elle est guinéenne aussi. Kandia, Cherif,  Njoléa, Seydouba Bangoura, Titi Camara, aujourd’hui Ibrahima Traoré.

On ne saurait donc expliquer et résumer  la qualification du syli national pour les 1/4 de finales à la main divine de Dabo à Malabo. Son parcours dans cette CAN parle déjà pour lui. Pour avoir bousculé tous, a priori en faisant jeu égal avec les favoris du groupe dont le Cameroun et le Mali  qui ont fait leurs valises pour un retour forcé à la maison. Le syli a démontré durant toutes les phases du jeu qu’il pouvait défendre, attaqué, joué à plein régime ou à la retenue. Mener ou menant, sa nomenclature, sa technique et sa stratégie sont toujours en conformité avec la réalité du terrain. Et, c’est cela les grandes équipes.

Pour dire vrai, le temps a fait son œuvre et le pays vient d’avoir une nouvelle race de footballeurs capables de faire tourner la planète foot à sa guise. Il s’agit à présent de maintenir cette dynamique en embrayant sur des résultats porteurs qui passent nécessairement par un championnat national relevé, la création des centres de formation, le placement des meilleurs muscles à l’étranger, l’identification et la sensibilisation des binationaux à porter le maillot national.

C’est pourquoi, il faut saluer l’excellent travail de révolutionnaire d’Antonio Souaré qui, en prenant les rennes du Horoya a favorisé la stimulation chez d’autres jeunes nantis Guinéens à investir de grands moyens dans notre football. Bouba Sampil, Almamy Mariador Sylla, Mamadou Thiangui, KPC sont de ceux-là. Il reste le travail qui n’est dévolu qu’à l’Etat, c’est à dire la réalisation des infrastructures sportives. Le pays en manqué cruellement. Il ne faudrait pas que cette qualification du syli soit l’arbre qui cache la forêt. Elle ne saurait a elle être l’étalon de mesure de notre grand retour sur l’échiquier.

Tout en louant les gros efforts financiers et matériels du gouvernement dans la préparation et la participation de l’équipe à la CAN, des mesures d’accompagnement s’imposent et celles-ci doivent être étudiées et prises dans la durée.

La dimension nationale de cette qualification sans aucune pulsion de vengeance contre nos frères maliens, est une démonstration de ce que les Guinéens savent faire en termes de réussites, de fierté et de grandeur sublime lorsqu’ils s’enrichissent de leurs diversités et font de leurs divergences un terreau fertilisant de leur unité dans la solidarité.

Question : est-ce c’est parce que le syli national a joué tous ses matchs à l’extérieur qu’il a réussi une telle performance? On serait tenté de répondre par l’affirmative en stigmatisant EBOLA quand on sait que deux événements regrettables et tragiques se sont produits au stade du 28 septembre, à la veille de la CAN 1998 au Burkina. Le ballon d’or, Souleymane Cherif, alors entraîneur du syli national a été hué, humilié et demis de ses fonctions devant le général Lansana Conté et le 28 septembre 2009 des femmes ont été violées en plein jour, suivies de plus d’une centaine de morts et de blessés sous le règne du capitaine Moussa Dadis Camara.

Alors, vivement l’ouverture du stade de Nongo.

  Amadou  Dioulé Diallo, depuis New York pour Guineematin.com

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