Scandale à l’hôpital régional de Mamou : témoignage du médecin chef de la maternité

 

Hôpital de Mamou 1Le médecin chef de la maternité de l’hôpital régional de Mamou avoue que ces agents ont reçu un petit montant offert volontairement par une pauvre vieille, Nénan Djéïnaba Bah, venue d’un lointain village, situé à 85 km de la ville, comme prix du savon, suite à la prise en charge d’un accouchement, a appris Guineematin.com à travers un de ses correspondants basés en Moyenne Guinée.

Selon Dr. Lamine Diallo, après l’accouchement qui s’est bien passé, la vieille Nénan Djéïnaba Bah, grand-mère du nouveau-né, a donné 10 mille francs guinéens aux sages femmes qui ont travaillé : « elle est venue à Mamou. Elle n’avait rien. Elle a vu ses parents pour lui donner de l’argent pour ses frais de séjour qui s’élèvent à 200 mille francs guinéens. Mais, à l’hôpital, après le travail, elle-même, elle a reconnu qu’elle n’a donné, de bon cœur, sans aucune obligation, aux sages femmes qui ont travaillé que 10 mille francs guinéens pour leur dire que c’est le prix de votre savon.»

Nénan Djéïnaba Bah est venue d’un village situé à 20 km de Kégnéko, une sous-préfecture distante de 65 km de la ville-carrefour, pour accompagner sa fille à la maternité de l’hôpital régional de Mamou. Malheureusement, cette pauvre vieille s’est retrouvée au commissariat central de police pour avoir expliqué qu’elle n’était pas à même de payer toutes les multiples réclamations financières des sages femmes qui ont aidé sa fille à accoucher.

Pour la faire arrêter par la police, les agents de santé et leurs complices ont tenté de faire accréditer la thèse selon laquelle que la victime est une sorcière voulant de la mort de sa fille. Comme arguments, les comploteurs expliquent que Nénan Djéïnaba Bah est venue de son lointain village avec un linceul et une petite calebasse souvent utilisés en pays musulmans pour la préparation traditionnelle du corps d’un proche décédé.

« Nous étions au bloc opératoire. Quand on est sorti, les gens se sont mis à raconter des choses n’importe comment, qualifiant même la vieille de sorcière. Et qu’elle avait un linceul que personne n’a vu, qu’elle avait une calebasse que personne n’a vu. Ce sont des ‘’ont dit’’ » explique le médecin chef de la maternité de l’hôpital régional de Mamou.

Heureusement, après avoir écouté attentivement cette prévenue, le commissaire central de la police de Mamou a trouvé utile de libérer la vieille.

Sur cette affaire de linceul et de petite calebasse, Nénan Djéïnaba Bah a expliqué qu’au départ de son village, elle n’avait aucun espoir quant à une quelconque chance de survie de sa fille : « elle était dans un état très critique.»

Avec cette situation, elle avait aussi en idée les mesures de l’état d’urgence sanitaire en vigueur en République de Guinée : « j’ai voulu alors parer à toute éventualité » a-t-elle convaincu le commissariat central de police de Mamou.

Comme par coïncidence, ces déclarations de la vieille ont été confortées par le diagnostic médical : « cette patiente est arrivée dans mon service en catastrophe. Elle était très fatiguée. Antérieurement, elle avait fait des complications lors de ses premières grossesses. Elle avait eu donc des déchirures du col de l’utérus et de la vulve qui ont été réparés. C’est donc une vulve et un col cicatrisés qui sont généralement très fragiles. Avec cette nouvelle grossesse, elle devait normalement accoucher par césarienne. Ce qui n’a pas été parce qu’elle a été envoyée en retard au moment où on ne pouvait plus intervenir. La femme a fait deux jours de travail à la maison. Dès donc après l’expulsion de l’enfant, la femme a saigné. Elle est même arrivée dans un état où elle saignait. Le saignement a continué après l’expulsion de l’enfant. Heureusement, on a pu arrêter l’hémorragie par les sutures »  explique Dr Lamine Diallo.

Les choses se sont envenimées quand on a réclamé encore 28 milles francs guinéens à la vieille comme prix de deux (2) poches de sang. Au préalable, cette pauvre grand-mère avait appris qu’elle devait débourser 25 mille francs guinéens comme prix du savon pour les deux sages femmes bénévoles du service.  Ce montant est officieusement officiel à la maternité de l’hôpital régional de Mamou, selon une source généralement bien informée.

C’est  face à ces multiples réclamations pressantes qu’elle a demandé que le personnel médical attende l’arrivée du grand-père de l’enfant, parce qu’elle, était sans sous.

Comme on le voit, contrairement aux déclarations du médecin chef de la maternité de l’hôpital régional de Mamou, la vieille n’a pas donné volontairement les 10 mille francs guinéens. Au contraire, elle tendu ce billet, là où on lui réclamait 25 milles francs guinéens.

C’est dans cette atmosphère tendue entre la vieille et le personnel médical que le grand-père du nouveau-né qui était tant attendu est arrivé à l’hôpital régional de Mamou. Le notable de Kégnéko, a tout de suite tenté de calmer le jeu, en tendant aux  médecins de la maternité une enveloppe de 50 milles francs guinéens. Mais, l’affaire avait déjà été ébruitée par votre quotidien en ligne Guinneematin.com à travers un de ses correspondants basés en Moyenne Guinée.

« A l’arrivée maintenant du mari de la vieille, ils sont même venus pour donner de l’argent à l’équipe de garde, parce qu’ils étaient très content des agents qui étaient en place. Mais, les agents ont maintenant peur à cause de ces spéculations. Ils ont eu peur même de prendre les 50 milles francs.»

Avec cette situation conflictuelle, il est important de signaler que le plan officiel d’accouchement en vigueur en République de Guinée demande à la famille de la femme en grossesse d’épargner de l’argent pour des complications éventuelles. Ainsi, la famille doit venir avec un ou deux paquets de savon et prévoir un éventuel donneur de sang en cas de perte de sang pendant l’accouchement. A cela, il faut ajouter une autre somme d’argent pour d’autres petites dépenses imprévues.

Ce plan d’accouchement officiel est difficile à comprendre surtout pour une paysanne, au moment où on se vente de la gratuité des soins obstétricaux. Comment faire comprendre aux plus sceptiques que la transfusion en cas de perte de sang pendant l’accouchement ne fait pas partie de l’acte physiologique ?

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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