Siguiri : la mairie devenue une justice parallèle ?

Depuis quelques temps, un service chargé des conflits existe à la mairie de Siguiri. C’est lui qui juge pratiquement toutes les affaires civiles opposant des habitants de la commune urbaine. Une justice parallèle qui fait beaucoup de mécontents dans la ville, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.

Divorces, conflits domaniaux, dettes, tous ces dossiers sont jugés actuellement par le service chargé des conflits à la mairie de Siguiri. Il émet des convocations, juge et condamne ceux qu’il reconnait coupables et leur inflige des amendes à payer. Et les décisions de cette justice parallèle sont souvent décriées par les citoyens. C’est le cas de Sidiki Magassouba qui est passé devant ce service.

« J’avais un problème avec ma femme, c’est elle qui m’avait convoqué. Arrivé, on m’avait demandé de payer une somme de 50 000 GNF avant le jugement, et on m’a fait payer la somme que ma femme a déclaré que je lui dois », soutient-il. Outre les jugements que certains trouvent biaisés, c’est surtout les amendes réclamés par « le juge » qui sont dénoncés.

« J’avais un litige avec mon voisin et qui a porté plainte contre moi, Sékou Condé (le président), a rendu son jugement en faveur de mon voisin tout en disant que même si je vais à Conakry c’est le même jugement que j’aurai. Moi je suis vieux, j’ai laissé l’affaire à Dieu », déclare de son côté Mamady Bérété.

Il faut dire que les affaires jugées par ce service de la mairie relèvent pourtant du ressort de la justice. En principe, c’est le tribunal civil qui a la charge de juger ce genre de conflits. Mais le président du service chargé des conflits à la mairie de Siguiri, interrogé par Guineematin.com, estime que son service travaille avec la loi. « Nous utilisons le même code que la justice, on se saisit des affaires civiles telles que les divorces, les dossiers domaniaux.

Quand on vous envoie une convocation, on vous demande de payer le déplacement de la police communale, et quand on rend le verdict, la partie victorieuse peut volontairement nous donner de l’argent. Mais celui qui à tort sera obligé de payer une amende qu’on va verser dans la caisse de la commune. Et lorsqu’une affaire dépasse notre niveau on la transfère devant la justice », explique Sékou Condé.

 De Siguiri, Bérété Lancéï Condé pour Guineematin.com

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