Les marchés constituent aujourd’hui les endroits où le risque de propagation du coronavirus est le plus élevé. Des milliers de personnes se retrouvent chaque jour dans ces lieux où il est impossible de respecter la distanciation sociale, qui fait partie des mesures barrières permettant de se prémunir contre cette maladie. En plus, le lavage régulier des mains et le port obligatoire du masque de protection ne sont pas respectés dans certains marchés. C’est le cas notamment de celui de Bantounka 1 (Cosa), où s’est rendu un reporter de Guineematin.com, le mardi 28 avril 2020.
Sur place, le constat est à la fois alarmant et inquiétant. Les lieux sont bondés et il est difficile de se frayer un chemin par endroits à plus forte raison respecter la distanciation sociale d’un mètre. Pire, de nombreuses vendeuses de condiments ne pratiquent pas le lavage régulier des mains et ne portent même pas leur masque de protection. C’est le cas de Madame Boussouriou Diallo, qui dit avoir enlevé son masque pour pouvoir bien respirer.
« Je suis consciente que le Coronavirus est une réalité, et je remercie Dieu du fait que je ne l’ai pas contracté encore. J’ai peur parce que je suis au milieu d’une foule au marché avec tous les risques que cela comporte. Mais, je suis obligée quelques fois d’enlever mon masque, car il m’empêche de bien respirer », a-t-elle fait savoir.
Cette situation, Madame Oumou Diallo, vendeuse de pomme de terre dans ce marché, l’observe avec inquiétude. Elle dit avoir peur de contacter le Covid-19. « Nous venons toujours au marché avec la peur au ventre parce que ici, on ne sait pas qui est qui, on se croise avec tout le monde, il y a des frottements entre nous. Nous sommes conscients de la dangerosité de cette pandémie et nous savons qu’elle a déjà fait des victimes. Donc nous aussi, on craint pour notre santé. Mais, nous n’avons pas le choix, parce que c’est ici que nous gagnons notre quotidien. Nous demandons au gouvernement de nous aider à avoir de cache-nez et même des gants », a-t-elle sollicité.
Même son de cloche chez Madame Rabiatou Sow, une autre vendeuse au marché de Bantounka 1. « Je sais que notre pays est frappé en ce moment par cette épidémie, et cela m’inquiète vraiment. Parce que c’est lorsque je viens au marché que je trouve de quoi nourrir la famille. J’ai appris aussi qu’une quantité importante de masques, de savon et d’eau de javel a été mise à la disposition du gouvernement. Je les exhorte à les mettre à notre disposition. Qu’ils nous aident à avoir des kits pour que nous puissions mieux nous prémunir contre cette épidémie », a lancé cette autre dame.
De son côté, Daouda Diallo, président du conseil du marché de Bantounka 1, se montre alarmiste. Il reconnaît que les mesures préventives ne sont pas respectées et que le risque de contamination est très élevé sur les lieux. « Nous avons près de deux mille personnes dans ce marché. Mais, j’avoue que la distanciation d’un mètre n’est pas respectée ici. Les tables sont collées les unes aux autres. Pour le lavage des mains, nous avons installé 5 kits. Mais, lorsque nous disons à certaines personnes de se laver les mains, elles nous disent que nous leur manquons de respect.
Nous avons mille et un problèmes à faire appliquer les mesures barrières. Donc, il y a vraiment un très grand risque de propagation du virus dans notre marché. C’est en cela que nous demandons aux partenaires au développement et au gouvernement de nous aider à avoir davantage de kits pour les installer dans le marché. Nous n’avons que 5 kits de lavage des mains pour près de deux mille personnes », a-t-il laissé entendre.
Selon les chiffres officiels, publiés hier, mardi 28 avril 2020, par l’agence nationale de sécurité sanitaire, la Guinée compte déjà 1 240 cas confirmés de coronavirus. Parmi eux, 269 sont guéris et 7 sont décédés, selon l’ANSS.
Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
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