Liberté de la presse : les craintes du journaliste Ibrahima Sory Traoré

Ibrahima Sory Traoré, journaliste et administrateur général du site Guinee7.com

C’est sous le thème « Le journalisme sans crainte ni complaisance » que sera célébrée la journée mondiale de la liberté de la presse aujourd’hui, dimanche 03 mai 2020. En Guinée, cette journée intervient dans un contexte difficile, alors que le non respect des libertés par le régime Alpha Condé est dénoncé par de nombreuses ONG comme Reporters Sans Frontières (RSF) et Human Rights Watch (HRW).

Joint au téléphone par Guineematin.com, Ibrahima Sory Traoré, journaliste et administrateur général du site Guinee7.com, a commencé par rappeler le thème de cette année, qui dit « qu’il faut faire du journalisme sans avoir la peur au ventre et qu’il faut qu’il y ait toutes les conditions nécessaires pour exercer le métier de journalisme ».

Se fondant sur la mort de notre confrère Mohamed Koula Diallo, son ancien collaborateur, le 05 février 2016 dans des circonstances jamais élucidées, Ibrahima Sory Traoré dit craindre pour les journalistes dans notre pays. « Nous, déjà en Guinée, nous avons un problème qui nous tient à cœur et qui est calé comme un arrêt dans la gorge : c’est le cas de Mohamed Koula Diallo. Cela fait 4 ans depuis qu’il a été assassiné au siège de l’UFDG au moment où il était en train d’exercer son métier. Depuis, on ne connait pas encore son assassin parce qu’il y a eu une parodie de justice, un procès à l’issue duquel on n’a pas trouvé son assassin. Donc, je dis qu’il est encore à craindre à exercer ce métier dans notre pays. Quand vous êtes malheureusement tué pendant que vous exercé, ce n’est pas évident qu’il y ait la justice et qu’on retrouve votre bourreau ».

Ibrahima Sory Traoré, journaliste et administrateur général du site Guinee7.com

En dehors du cas de Mohamed Koula, notre confrère déplore également les poursuites judiciaires et les multiples agressions contre des journalistes. C’est ainsi qu’il appelle à faire preuve de vigilance. « On a connu le cas de Lansana Camara qui avait été arrêté parce qu’il avait publié un article autour du ministère des Affaires étrangères et après, nous avons fait des manifestations ; et, finalement, il a été libéré. Je sais aussi que les journalistes-reporters ont assez de soucis, notamment pendant les manifestations. Là, je crois qu’il faut impérativement qu’au niveau de la corporation qu’on sache un peu se protéger quand on est en train de faire notre métier. Par exemple, quand une manifestation est organisée, il est des moments aussi où c’est inutile de prendre certains risques », estime-t-il.

Enfin, Ibrahima Sory Traoré déplore la faiblesse des moyens dont disposent les médias pour se protéger et protéger leurs employés. « Quand vous allez pour couvrir une manifestation par exemple, on a dit qu’il faut bien vous identifier, éviter des endroits où on jette les pierres si vous n’êtes pas protégés parce que malheureusement, les journalistes viennent sur le terrain, alors qu’ils n’ont pas assez de moyens. Mais, ça ne dépend pas d’eux. Normalement, c’est les rédactions qui doivent mettre les moyens adéquats. Mais, nos rédactions ne sont pas aussi riches pour tout cela. Ce sont là quelques actes à déplorer et à condamner parce que le journaliste, quand il est identifié en tant que journaliste, soit il porte un gilet et un badge très visible, nul n’a le droit de porter main sur lui ou de le violenter parce qu’il est dans l’exercice de son métier ».

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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