Violences meurtrières à Dubréka : « un béret rouge a tiré sur deux personnes, dont mon apprenti »

Aboubacar Bangoura, maître du défunt
Feu Mohamed Soumah, apprenti maçon

Les révoltes contre les abus des agents des forces de l’ordre au niveau des barrages filtrant ont fait un mort à Kénendé, dans la ville de Dubréka, le mardi 12 mai 2020. La victime de cette autre bavure des forces de défense est un jeune homme de 25 ans, apprenti maçon, tué par balle. Rencontré par un reporter de Guineematin.com, Aboubacar Bangoura, le maître de la victime, a raconté les derniers instants passés avec celui qui était son protégé.

Des scènes de violences ont éclaté à Dubréka entre forces de l’ordre et manifestants qui protestaient contre l’érection d’un barrage non conventionnel pour empêcher la sortie de Conakry vers l’intérieur du pays. C’est dans ces échauffourées que les forces de l’ordre sont accusées d’avoir tiré à bout portant sur le jeune Mohamed Soumah, décédé plus tard suite à une forte hémorragie.

Interrogé par un reporter que Guineemati.com a dépêché sur place, Aboubacar Bangoura a relaté les circonstances de la mort de son apprenti dans le quartier Kénendé, secteur Mansayah.

Décryptage !

Aboubacar Bangoura, maître du défunt

« Hier matin à l’aube, nous avons pris le petit déjeuner ensemble avant de se séparer. En ce moment de ramadan, nous n’avons pas beaucoup d’activités. Donc, je le laisse se débrouiller. Il était parti confectionner des briques pour gagner son argent de poche. C’est en ce moment qu’il y a eu une altercation entre les forces de l’ordre et les conducteurs de motos. Les militaires sont allés jusque dans leur famille pour frapper des gens et casser des matériels. C’est là qu’un béret rouge a tiré sur deux personnes, dont mon apprenti qui avait reçu la balle au niveau de la hanche. Les jeunes ont pris mon apprenti en l’envoyant vers les forces de l’ordre. C’est en ce moment que je suis venu pour le prendre dans mes bras et le conduire à l’hôpital. Je suis resté longtemps à son chevet mais son état ne me rassurait pas. J’ai commencé à pleurer et c’est là que les médecins m’ont dit de sortir. Donc, j’étais obligé de rentrer à la maison. A mon retour, j’ai dit aux médecins de m’informer si mon petit est décédé. Je leur ai dit que nous sommes tous des hommes, ne me cachez pas la vérité. Ils m’ont dit encore de rentrer en famille avec les parents du jeune. Un moment, ils ont appelé un autre petit de la famille pour nous informer que Mohamed Soumah est mort. Après, nous avons reçu une délégation conduite par monsieur le préfet pour présenter les condoléances. Ils sont venus avec 1 million de francs guinéens, avec deux sacs de riz plus une quantité de kits de lavage des mains. Ils nous ont fait savoir qu’on ne pouvait pas l’enterrer sans faire l’autopsie. A la dernière minute, on a été appelé pour aller prendre le corps à la morgue de l’hôpital préfectoral et l’enterrer… ».

Propos recueillis par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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