Prêt de 230 millions d’euros à la Guinée : « on s’engage dans des trucs opaques… » (Bah Oury)

Bah Oury, président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée

Les députés de la nouvelle Assemblée nationale ont approuvé vendredi dernier la loi d’autorisation de ratification de la convention portant sur un prêt de 230 millions d’Euros auprès de la société britannique PALUMBO GROUP LTD. Ce prêt est destiné à la construction d’infrastructures de formation technique et professionnelle dans les huit régions administratives de la Guinée. Un vote qui a fait réagir de nombreux opposants, à l’image de Bah Oury qui dénonce « un prêt dont on ne peut pas justifier la solidité ni le sérieux ». Il l’a dit dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com dans la journée de ce lundi 8 juin 2020.

Pour Bah Oury, ancien président de l’UDD, la Guinée a dépassé ses capacités d’endettement. Ce qui constitue à ses yeux, un sérieux problème qui pourrait coûter cher à notre pays. « Je ne connais pas à fond le dossier; mais, la capacité d’endettement de notre pays est de loin dépassé au regard des performances économiques de la Guinée. En 2012, où on a eu l’allègement de la dette, depuis lors à maintenant, la dette s’est accrue de près de 4 milliards de Dollars alors que la Guinée, de l’indépendance à 2010, n’a jamais atteint un niveau d’endettement aussi élevé. Et en plus maintenant, on s’engage dans des trucs opaques avec des prêts dont on ne peut pas justifier la solidité ni le sérieux. Et ça, c’est inquiétant parce que cela prouve qu’on est vraiment dans une gouvernance qui est en train de brader les ressources du pays, qui est en train de faire du n’importe quoi pour s’enrichir. Donc, il faut que les Guinéens sachent qu’on est aussi bien en danger sur le plan institutionnel, on est aussi en danger par rapport au maintien du patrimoine public aujourd’hui et demain ».

Pour l’ancien ministre de la réconciliation, les Guinéens doivent prendre leur destin pour éviter le pire à notre pays. « Les Guinéens doivent se battre pour le changement, il n’y a pas d’autres alternatives. Avec tout ce qui se passe, c’est urgent qu’il y ait un changement, qu’il y ait une transition politique du fait de la falsification de la constitution, du fait de la crise institutionnelle, du fait de cette crise sanitaire, du fait de cette crise de gouvernance. La Guinée a besoin d’une transition pour remettre les choses en ordre et aller dans le sens d’une meilleure gouvernance. Si on ne le fait pas maintenant, on risque d’être une République bananière où c’est l’argent qui circule n’importe comment et qui risque de prendre le dessus. Et, dans ce cadre-là, on va être assimilé à un Etat voyou », a laissé entendre Bah Oury.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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