Viol sur une fille de 14 ans au Camp Alpha Yaya : le parquet de Mafanco demande 15 ans de prison contre Mohamed Camara

Âgé d’une trentaine d’années, Mohamed Camara était devant le tribunal criminel de Mafanco hier, mardi 02 novembre 2021, pour répondre des faits de « viol sur mineur » qui pèsent à son encontre. Ce jeune garagiste est accusé d’avoir abusé sexuellement d’une fille de 14 ans dans une chambre à l’intérieur du Camp Alpha Yaya Diallo (un camp militaire). Mais, à la barre, il a réfuté toutes les accusations portées contre lui dans cette affaire. Il a même juré sur Dieu qu’il n’a pas touché à cette fille. Mais, le ministère public a tout de même requis sa condamnation à 15 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 7 ans, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Selon l’ordonnance de renvoi qui a conduit Mohamed Camara devant le tribunal criminel, les faits reprochés à ce jeune garagiste remontent au 27 septembre 2018 à l’intérieur du Camp Alpha Yaya Diallo à Conakry. Il aurait ligoté sa victime avant de la violer à sa guise. Le rapport médico-légal versé au dossier de la procédure révèle que le viol sur cette mineure de 14 ans a entrainé « une déchirure de 1.5 cm avec une suture à 4 points ». Et, ce sont les cris de la fille qui ont alerté le voisinage et ont permis aux gens de mettre le grappin sur Mohamed Camara.

Cependant, à la barre ce mardi, l’accusé a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés. Il jure qu’il n’a jamais abusé de cette fille qu’il a d’ailleurs présentée comme étant la copine de son grand Ousmane Kanté (un militaire).

« J’étais dans mon garage quand mon grand Ousmane Kanté est venu me dire de lui prêter la clé de ma chambre, il va aller prendre mes woofers pour écouter de la musique. Je lui ai donné la clé et il est parti. Quand j’ai arrêté le boulot, je suis rentré à la maison. A mon arrivée, j’ai trouvé mon grand et sa copine dans ma chambre. Alors, je suis allé prendre mon bain. A mon retour, j’ai trouvé la fille assise seule dans ma chambre. Mon grand était dans sa chambre en face de la mienne. J’ai dit à la fille de sortir de ma chambre, elle a refusé tout en me demandant si c’est moi qui l’ai amenée là. Alors, je l’ai poussée vers la porte pour la faire sortir. Ensuite, je l’ai tapée, elle est tombée ; et, sur place, elle a crié en disant que je l’ai violée. Mais, moi je ne l’ai pas violée. Ainsi, mon grand Ousmane Kanté qui est militaire est venu me prendre et me ligoter. Lui et moi, nos chambres se font face l’une à l’autre. C’est lui d’ailleurs qui m’a hébergé dans la chambre-là. Je suis resté comme ça, attaché de 22 heures à 6 heures. Le matin, on m’a envoyé à la gendarmerie de Yimbaya. Et, de là, on m’a envoyé ici à Mafanco avant de me déférer à la maison centrale le 1er octobre 2018. Mais, je jure sur Dieu, je n’ai pas violé cette fille. Je ne sais si mon grand Ousmane l’a violée ou non, mais moi je ne l’ai quand-même pas violée », a indiqué Mohamed Camara.

Cependant, selon l’ordonnance de renvoi, Mohamed Camara avait reconnu à l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur les faits de viol mis à sa charge. Les procès verbaux versés au dossier de la procédure en font foi ; mais, devant le tribunal ce mardi, l’accusé s’est inscrit dans une logique de négation. Il a même contesté le contenu les PV de son audition, tout en accusant les agents enquêteurs et le juge d’instruction de l’avoir accusé à tort dans cette affaire.

« Je n’ai reconnu nulle part avoir violé celle qu’on dit victime. Ceux qui ont fait ces écrits m’ont accusé en écrivant ce que je n’ai pas fait. Ils m’ont soumis ces écrits pour que je signe, j’ai signé sans connaître ce qu’il y avait dedans. Ils ne m’ont pas traduit ce qu’ils ont écrit. Moi aussi je ne sais ni lire, ni écrire. Ce que je sais, c’est que moi je n’ai pas violé cette fille », s’est défendu Mohamed Camara devant le tribunal.

Après cette déposition de l’accusé, malgré l’absence de la partie civile représentée à cette audience, le tribunal a annoncé la clôture des débats et ordonné aux différentes parties au procès de passer aux plaidoiries et réquisitions. C’est ainsi que Me Joseph Loua, avocat de la partie civile, a pris la parole pour demander au tribunal de condamner Mohamed Camara au paiement de 500 millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts.

« Monsieur le président, vous remarquerez que le rapport médico-légal versé au dossier a révélé que la fille (la victime) a subi une législation entraînant une incapacité de 21 jours. Ma cliente est déshonorée, elle est à Forekaria. Elle n’ose même pas venir à Conakry à cause de cet acte. C’est pourquoi nous demandons qu’il vous plaise de condamner monsieur Mohamed Camara à nous payer 500 millions de francs guinéens à titre de dommage et intérêts », a plaidé Me Joseph Loua.

De son côté, le ministère public a demandé au tribunal de condamner Mohamed Camara à 15 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 7 ans.

« Mohamed Camara a d’abord ligoté la victime avant de commettre sa forfaiture sur elle dans l’enceinte du camp Alpha Yaya. Alors que cette fille était venue faire ses vacances chez un de ses parents. C’est sur place que la fille a crié au secours et ce sont ses cris qui ont alerté le voisinage. C’est dans ces circonstances qu’il (l’accusé) a été arrêté sur place et ligoté, avant d’être conduit à la gendarmerie de Yimbaya. Ce viol qu’il a commis sur la fille a fait une déchirure. La déchirure est de 1.5 cm avec une suture à 4 points. Il a violé la fille sans pitié. Il ne doit y avoir aucune circonstance atténuante pour Mohamed Camara parce qu’il a abusé de la fille sans pitié. C’est pourquoi le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir Mohamed Camara dans les liens de la culpabilité et le condamner à 15 ans réclusion criminelle assortis de 7 ans de sûreté », a requis le procureur Alseny Bah.

Pour sa part, l’avocat de la défense, Me Ousmane Mansaré, a clamé l’innocence de son client et a demandé au tribunal de passer outre les réquisitions du ministère public.

« Mon client est cloîtré à la maison centrale depuis 2018 sur la base des hypothèses du ministère public. Nous sommes vraiment désolés. Mohamed Camara a été torturé. Il n’a pas bénéficié d’une assistance ni à l’enquête préliminaire, ni à l’instruction. On lui colle des infractions qu’il n’a pas commises tout simplement parce qu’il ne sait pas lire et comprendre le français… Dans cette affaire, il y a le doute ; et, et le doute profite à l’accusé. Comment le Pr Hassane Bah va faire un rapport médico-légal et que ce soit quelqu’un d’autre qui va signer ce rapport ?  Le ministère public et la partie civile n’ont fourni aucune preuve des infractions articulées contre mon client. Mon client est victime d’un complot. Il est innocent dans cette affaire… Je vous demande de bien vouloir faire application des dispositions de l’article 544 du code pénal et libérer Mohamed Camara », a plaidé Me Ousmane Mansaré.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 16 novembre prochain.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel:666919225

Facebook Comments Box