Cyril Aboli sur la COP26 : « la Guinée attend une contribution financière des pays développés »

 

La Guinée a participé à la 26ème conférence internationale sur le climat, COP26, organisée cette année à Glasgow, en Ecosse. Cette rencontre a réuni les dirigeants du monde, qui ont échangé pendant deux semaines environ (du 1er au 13 novembre) sur plusieurs sujets liés aux enjeux climatiques. Quel bilan tirer de la participation de la Guinée à ce rendez-vous mondial ? Quels avantages notre pays peut-il en tirer ? Un journaliste de Guineematin.com a posé ces questions à Cyril Aboli, point focal adjoint du Fonds vert climat en Guinée.

Décryptage !

Guineematin.com : une délégation guinéenne, conduite par la nouvelle ministre de l’Environnement et du développement durable, Louopou Lamah, a pris part aux travaux de la COP26, qui ont été clôturés samedi dernier dans la capitale écossaise. Que peut-on retenir de la participation de la Guinée à cette rencontre mondiale qui porte sur les enjeux climatiques ?

Cyril Aboli, point focal adjoint du Fonds vert climat en Guinée

Cyril Aboli : je commence par vous remercier de l’intérêt que vous accordez à l’Environnement. Sachez que la Guinée est engagée dans le cadre de lutte contre le réchauffement climatique. Et c’est pourquoi d’ailleurs, elle a ratifié la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, le protocole de Kiyoto et l’accord de Paris respectivement en 1993, en 2005 et en 2016. La Guinée s’est engagée, à l’instar des autres pays, à prendre à bras le corps cette question climatique qui constitue une menace pour l’humanité toute entière.

Donc, c’est important pour elle de participer à cette COP pour exposer les préoccupations environnementales dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Vous n’êtes pas sans savoir, conformément à l’accord de Paris, la Guinée a eu à prendre des engagements par rapport à cette lutte. Je pense que vous avez suivi l’intervention de la ministre qui, effectivement, s’inscrivait dans cette dynamique, cette volonté de la Guinée de lutter énergiquement contre le réchauffement climatique.

D’ailleurs, on félicite notre pays parce que le groupe des 77 plus la Chine a été présidé par un de nous, en l’occurrence M. Sébhory Touré qui, au nom des pays en voie de développement, a décliné les préoccupations en matière de changement climatique. Donc, ça a été une bonne chose pour tous ces pays, particulièrement la Guinée de participer à cette COP, puisqu’elle a permis d’attirer l’attention des pays développés sur leur engagement en matière financier.

Ces grandes puissances se sont engagées à accompagner les pays en voie de développement qui sont victimes du réchauffement climatique. Lors de la COP de Copenhague, ces puissances s’étaient engagées à mettre à la disposition des pays en voie de développement 100 milliards de dollars jusqu’en 2020. Malheureusement, cette promesse n’a pas été tenue dans son intégralité puisque, à date, il n’y a que 79,6 milliards qui sont mobilisés.

Ce qui est insuffisant pour les pays en voie de développement pour financer les projets de lutte contre le réchauffement climatique. Tout ça a été exposé et ça a fait l’objet de beaucoup de débats surtout sur cet aspect financement. Donc, je pense que la Guinée a pu mettre à la disposition des pays riches ses propositions pour la lutte contre le réchauffement climatique. Mais, cela signifie que ces pays doivent accompagner nos États comme promis dans la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique.

Guineematin.com : concrètement quels sont les avantages que notre pays pourrait tirer de cette rencontre ?

Cyril Aboli : la Guinée va continuer à se battre puisque vous n’êtes pas sans savoir qu’elle a réussi à obtenir des financements pour ses projets d’adaptation au changement climatique. Donc, il faut juste faire en sorte que notre pays puisse, à l’instar des autres pays en développement, bénéficier d’autres financements pour les projets déjà élaborés ou qui sont en cours d’élaboration dans le cadre du changement climatique. Donc, la Guinée attend, tout comme les autres pays, une contribution financière de ces pays riches dans le cadre de la préservation et de la valorisation des ressources hydriques.

Guineematin.com : aujourd’hui, comment peut-on mesurer l’impact du réchauffement climatique en Afrique ?

Cyril Aboli : nul n’ignore que le changement climatique a un impact important sur le mode de vie des populations. Avec le réchauffement climatique, on peut avoir comme conséquence, une augmentation générale des températures moyennes. Aujourd’hui, on n’a même pas besoin d’aller à l’école pour sentir les conséquences du réchauffement climatique. On assiste également à une baisse des précipitations moyennes annuelles. Comme vous le savez, aujourd’hui, il pleut  rarement dans beaucoup de pays.

A côté, il y a aussi l’élévation du niveau de la mer qui peut avoir des conséquences désastreuses pour les populations côtières, parce qu’on va assister à des inondations. Ce qui va entraîner de facto des déplacements des populations qu’on va appeler aujourd’hui les réfugiés climatiques. Donc, selon les experts, il faut automatiquement monter des projets pour limiter ces conséquences qui peuvent être désastreuses pour l’humanité toute entière.

La Guinée est aujourd’hui en train de travailler dans ce sens pour faire face au réchauffement climatique. Cette volonté de notre pays de lutter contre ce phénomène se traduit également par la politique nationale de l’Environnement. Donc, il est important de renverser la tendance en montant des projets de nature à atténuer ces impacts. Mais, cela suppose qu’il y ait un accompagnement des pays développés puisque nos pays sont aujourd’hui sérieusement menacés par les effets du changement climatique.

Guineematin.com : on sait que l’émission des gaz à effet de serre qui est à l’origine du réchauffement, quelle est la part de contribution de la Guinée dans ce domaine ?

Cyril Aboli : récemment, une étude a été menée sur cette contribution de la Guinée au réchauffement climatique. Cette étude atteste que la Guinée contribue à l’émission des gaz à effet de serre, mais à un niveau très faible. C’est surtout dans le domaine de l’agriculture, de l’énergie et du transport. Ça a été démontré, mais à faible niveau. Qu’à cela ne tienne, je dis encore une fois, que la Guinée a cette volonté de lutter contre le réchauffement climatique. Nous avons le plan national du développement économique et social qui a accordé une place importante à l’environnement et notamment la diminution des effets du changement climatique, la promotion des énergies renouvelables.

Et d’ailleurs, si  vous vous rappelez, le président Alpha Condé à l’époque était le promoteur de ces énergies renouvelables. Aujourd’hui, on a pris les dispositions, mais ces dispositions ne peuvent être matérialisées que lorsque ces pays développés essayent de mettre une enveloppe à la disposition des pays en voie de développement, conformément à leur engagement dans l’accord de Paris.

Entretien réalisé par Alpha Assia Baldé pour Guineemtin.com

Tél : 622 68 00 41

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