Ibrahima Diallo tué par balle à Conakry : « je demande que justice soit rendue parce qu’il n’a rien fait »

Ibrahima Diallo, tué par balle à Sonfonia

Ibrahima Diallo, jeune mécanicien âgé de 16 ans, originaire de la Ninguélandé, dans la préfecture de Pita, a été tué par balle suite à la manifestation du FNDC dans le Grand Conakry. Il est mort hier, jeudi 16 février 2023, aux environs de 16 heures au secteur Hafia 1, relevant du quartier Sonfonia, dans la commune de Ratoma. Trouvés à leur domicile ce vendredi par un reporter de Guineematin.com, ses parents ont exprimé leur douleur suite à ce drame et demandé que justice soit rendue.

La manifestation du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) contre la junte militaire qui a renversé Alpha Condé a entrainé des pertes en vies humaines à Conakry. A Sonfonia, en banlieue de Conakry, Ibrahima Diallo a été tué par balle. L’émotion était vive dans sa famille ce vendredi.

Mamadou Diallo, père de la victime, Ibrahima Diallo

Selon Mamadou Diallo, Père de la victime, son fils était allé jouer au football avec ses camarades quand il a trouvé la mort. « Pour moi, on ne peut pas tout expliquer. C’est tellement douloureux et fatigant. C’est mon sang, c’est mon fils. J’étais au travail. En rentrant, j’ai trouvé que les gens sont mobilisés chez moi, au dehors. J’ai demandé ce qui se passait, les gens m’ont dit qu’ils ont tiré sur mon fils. J’ai demandé où ils sont ? Ils m’ont dit qu’ils ont envoyé l’enfant à l’hôpital Sino-guinéen. Je voulais m’y rendre, mais c’est un voisin qui m’a dit que l’enfant n’a pas pu survécu, qu’il est décédé. On m’a demandé si on va envoyer l’enfant à la maison ; mais mon voisin m’a dit qu’il préfère qu’on l’amène à Ignace Deen. C’est comme ça que j’ai été informé. Mon fils était un mécanicien, il était venu ici à la maison, ils ont mangé ensemble. Il est sorti de la maison ici avec ses amis pour aller jouer au football sur un petit terrain ici. Je ne sais pas qu’est-ce qui s’est passé en réalité. Parce j’ai appris que quand les bérets verts sont arrivés, ses amis ont fui et lui, il a oublié ses chaussures derrière. Quand il est retourné pour prendre ses chaussures, c’est là qu’ils l’ont fusillé. Il a été tué par balle sur le bas-ventre. Il est tombé et ils sont venus se regrouper sur lui pour le battre avec des bâtons. Mais, il n’a pas rendu l’âme sur le champ. On l’a envoyé dans une clinique avant de l’envoyer à l’hôpital Sino-guinéen. Quand ils l’ont envoyé à l’hôpital Sino-guinéen, les médecins n’ont pas pu extraire la balle. C’est ce que je sais sur ce qui s’est passé », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, Mamadou Diallo a fait savoir que c’est le défunt est son 2ème fils en terme de rang de naissance. « C’est mon deuxième enfant. C’est pourquoi je dis que je ne peux pas tout expliquer. Quand tu perds ton enfant dans ce genre de conditions, je peux pardonner, entre Dieu et moi, mais je ne peux pas pardonner à ces gens-là. C’est Dieu qui va les payer. Je demande que justice soit rendue parce qu’il n’a rien fait. Ceux qui tuent les gens gratuitement comme ça ; mais, ce n’est pas gratuit, on donne à Dieu », a-t-il laissé entendre.

Mme Salamata Diallo, mère de la victime, Ibrahima Diallo

En sanglots, Mme Salamata Diallo, la mère de la victime, impute la perte de son fils aux autorités qui, selon elle, ont ordonné aux agents de sécurité de venir semer la terreur. « Les autorités ont donné l’ordre de tuer nos enfants. L’autorité a chargé les forces de l’ordre de tuer nos enfants. Qu’est-ce que je peux dire de plus ? ».

Amadou Diallo, Grand-père de la victime Ibrahima Diallo

De son côté Amadou Diallo, Grand-père de la victime, exhorte les autorités en charge de la sécurité de ne donner que du gaz lacrymogène aux forces de l’ordre. « Je n’ai rien à dire sauf que ça nous affecte beaucoup. Que le Gouvernement arrête de donner des balles pour tuer des gens, qu’il leur donne du gaz lacrymogène pour maintenir l’ordre. Ils viennent maintenant nous trouver dans les quartiers, dans nos maisons pour tuer nos enfants. Ce ne sont pas ceux qui sont allés manifester. Ils sont en train de faire exprès de tuer, ils tuent sans aucune retenue », a-t-il lâché.

Pour l’heure, le corps du jeune Ibrahima Diallo se trouve à la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Il vient rallonger la liste des victimes de manifestations sous le régime du CNRD.

Ibrahima Diallo, tué par balle à Sonfonia

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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