Gemalto piraté par des renseignement occidentaux ! Le fichier électoral guinéen est-il à risque ?

gemalto SIMC’est une information dont se serait sans doute passée la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au moment où l’on tente de remettre sur les rails le dialogue politique guinéen embourbé.

 
Le site d’investigation américain, The Intercept, a révélé, le vendredi 20 février 2015, que les Services de renseignement américains et britanniques ont dérobé une quantité « sidérante » de données appartenant à la société de sécurité informatique Gemalto. Les agents de la NSA ont aidé leurs homologues britanniques, le GCHQ, à infiltrer la société pour intercepter des mails de ses cadres contenant des documents hautement confidentiels. 
L’opération visait à voler des données de chiffrement, c’est-à-dire des clés de cryptage des cartes SIM dont Gemalto est leader mondiale pour la fabrication. Ces clés permettent ainsi aux services de renseignement de lancer des milliers d’écoute téléphonique à travers le monde, sans laisser de traces, apprend-on.
 
Seulement, voilà ! Gemalto n’est pas spécialisée uniquement dans la fabrication de cartes SIM. Cette société de droit néerlandais dont les services internationaux sont basés en France, possède un large éventail d’activités dans le domaine informatique. Elle détient ainsi le marché de révision du fichier électoral guinéen en vue de la présidentielle de 2015 !
 
Le 14 novembre dernier, la CENI annonçait dans un communiqué l’octroi du marché de révision du fichier électoral à Gemalto à la suite d’un appel d’offre international. Pour rassurer l’opposition, qui ne semblait pas être très enchantée sur la procédure, l’institution en charge d’organiser les élections s’était empressée d’animer un point de presse pour expliquer son choix. L’expérience et la capacité financière de Gemalto avaient étaient mises en avant par le directeur de planification de la CENI, M. Pathé Dieng, pour justifier l’adjudication de la société franco-néerlandaise.
 
Le vol des données cryptées des cartes SIM de Gemalto n’a, a priori, pas d’impact sur les opérations de révision de notre fichier électoral. Par contre Gemalto est le fabricant de cartes SIM pour plus de 400 opérateurs téléphoniques dans plus de 85 pays du monde. Elle fournit également les cartes bancaires, y compris pour des institutions financières guinéennes comme la BICIGUI (« Gemalto » est gravé au verso de nos cartes VISA de cette banque). Ce n’est donc pas exclu que les services secrets britanniques et américains aient déjà accès à nos données bancaires et pourquoi pas à celles du fichier électoral guinéen une fois disponible !
 
Le président Alpha Condé a souhaité, un temps, le financement exclusivement guinéen du processus électoral pour des motifs de souveraineté nationale avant d’opérer un revirement. Il doit à présent se rendre à l’évidence que les techniques d’espionnage contemporaines transcendent les frontières et la souveraineté des Etats.
Enfin, pour l’opposition s’agira-t-il d’un nouveau champ de bataille après la guerre de 2013 contre la société sud-africaine Way-Mark ? Wait and see.
Oumou Hawa Baldé
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