Cécé Loua, ancien de maire de N’Zérékoré, devant la justice : « on m’a arrêté à cause de mon nom »

Cécé Loua, Coordinateur régional de l'UFR et conseiller du FNDC N'Zérékoré
Cécé Loua, Coordinateur régional de l’UFR à N’Zérékoré

Comme annoncé précédemment, le procès sur les violences qui ont secoué la ville de N’Zérékoré en mars 2020 s’est poursuivi cette semaine. Le mardi, 6 avril 2021, plusieurs accusés ont comparu devant le tribunal de première instance de N’Zérékoré pour s’expliquer sur ce qui leur est reproché. Parmi eux, figure Cécé Loua, ancien maire de N’Zérékoré et coordinateur de l’UFR dans cette région. L’opposant a plaidé non coupable des accusations portées contre lui, dénonçant une affaire purement politique, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.

A l’ouverture de ce dossier concernant membres de la coordination régionale du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution) à N’Zérékoré, c’est d’abord l’opérateur économique et dissident du RPG Arc-en-ciel, Fassou Goumou, qui a été appelé. Mais le juge, Ibrahima Daman, a été informé que l’accusé est malade et qu’il suit un traitement à Conakry. C’est ainsi que l’ancien maire de N’Zérékoré a été appelé à la barre. Cécé Loua a commencé par prier Dieu « d’éclairer le tribunal », avant de livrer sa version sur ce qui lui est reproché.

« Moi, Cécé Loua, on me connait suffisamment à N’Zérékoré. J’ai dirigé cette ville pendant 9 ans. J’ai éteint assez de feux ici. En juin 2019, c’est moi qui ai éteint un grand feu à N’Zérékoré, où des gens étaient sur le point de s’entretuer. Je me suis interposé et il y a eu la signature d’un pacte qui interdisait aux pro et anti-troisième mandat de semer la pagaille dans la ville. Monsieur le juge, regardez-moi en face, est-ce que je ressemble à un criminel ? Je dis non. Je ne le suis pas. Donc je veux connaître mon accusateur. Qui m’accuse ? Où on m’a vu en train de commettre ce dont on m’accuse ? » S’interroge l’opposant. « On m’a arrêté à cause mon nom et parce que je suis le coordinateur régionale de l’UFR », a-t-il ajouté.

L’accusé est ensuite revenu longuement sur son arrestation, déplorant la façon dont il a été arrêté par les agents de la police judiciaire. « Le 22 mars, jour des élections, j’étais chez moi, à la maison. J’ai dit que je ne vais pas voter parce que j’étais contre ce vote. Je n’ai demandé à personne d’aller casser une maison. Après, je suis allé dans mon village, où je suis resté les 22, 23 et 24 mars. De là-bas, on m’a appelé pour me dire d’aller chercher mes enfants à Conakry, parce qu’ils sont en congé, à cause du Covid-19.

Quand je suis arrivé à Conakry, c’est de là-bas que j’ai reçu un message m’annonçant que je suis convoqué pour trouble à l’ordre public. J’ai dit que je ne suis pas à N’Zérékoré, mais je vais y retourner. Lorsque je suis arrivé à Coyah, on m’a demandé de me retourner à Conakry pour passer le test Covid-19. Le 27 avril, des éléments du commissaire Fabou sont venus me chercher à la maison. De mon domicile à la DPJ, ils ont fait la sirène on dirait qu’on a pris un djihadiste ou un mercenaire. J’ai fait 7 jours à la DPJ, après ils m’ont transféré à Kankan.

Monsieur le président, j’ai été déshonoré et je suis démoralisé. On m’a pris comme un bambin sans même que ma famille ne soit informé. Mes enfants étaient inquiets parce qu’ils n’avaient pas de mes nouvelles. Mais ce qui m’a le plus choqué monsieur le président, c’est pendant une nuit, lorsque j’ai voulu me mettre à l’aise, les policiers m’ont encerclé en disant que les Guerzés peuvent disparaître. Cet acte m’a démoralisé monsieur le président, je n’ai pas pu me mettre à l’aise », a déclaré l’ancien maire de N’Zérékoré.

Visiblement très remonté contre ce qu’il a subi dans le cadre de cette affaire, Cécé Loua a demandé à ses avocats « de formuler immédiatement une plainte » contre ceux qui lui imputent ces crimes dont il est accusé. Le coordinateur régional de l’UFR à N’Zérékoré se retrouve dans ce dossier avec plusieurs autres leaders du FNDC dans la région : Fassou Goumou, Elisée Sagno, Cécé Théa, Sékouba Loua, Job Lucas Kpoghomou, Mamadou Maladho Diaouné, Moïse Haba, Bangaly Théa, Noé Lamah, Alpha Thierno Barry et Djiba Koné.

Ils sont poursuivis pour « incitation à la violence, complicité de meurtre, d’incendie volontaire, enlèvement de personnes, association de malfaiteurs, de vol aggravé, coups et blessures volontaires, participation délictueuse à un attroupement, destruction et dégradation d’édifices publics et d’habitations, détention, port et utilisation illicite d’armes légères et de munitions ». Des faits qu’ils auraient commis pendant les violences survenues le 22 mars 2020 (jour du référendum constitutionnel et des élections législatives contestées) et les deux jours suivants.

Ces violences avaient fait plusieurs morts, de nombreux blessés, des maisons, des édifices publics, des commerces et des églises incendiés. 42 personnes avaient été interpellées suite à cette situation. Après six mois de détention à la Maison centrale de Kankan, 35 d’entre eux, dont les leaders du FNDC, ont bénéficié d’une liberté provisoire. Ils comparaissent libres devant le tribunal criminel de N’Zérékoré.

A suivre !

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tél : +224620166816/666890877

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