Me Alseny: «les 70 personnes enterrées à Bambéto ont été tuées par des contre-manifestants »

Maître Alsény Aïssata Diallo
Maître Alsény Aïssata Diallo

En attendant le retour du tribunal pour le verdict dans le procès contre le député uninominal de Gaoual, les reporters de Guineematin.com essaient de vous décrypter quelques propos tenus au cours de la journée de ce vendredi 12 août 2016 au TPI de Dixinn.

Ci-dessous, quelques passages de la plaidoirie de maître Alseny Aïssata Diallo, un des avocats de l’opposant Ousmane Gaoual Diallo :

Je vous remercie monsieur le Président de m’avoir donné la parole.

Depuis trois jours, je suis en train de chercher le mot pour saluer le courage, la sérénité, l’équilibre du débat que vous dirigé tout au long de ce procès.

Monsieur le Président, je suis vexé, frustré pour le non respect de la loi.

Monsieur le Président, je vois promet de ne pas être long. Je voulais jeter un regard rétrospectif pour les vaillantes grandes et personnalités qui se sont battues pour l’instauration de la démocratie en Guinée. Je veux parler de Siradiou Diallo, du doyen Bâ Mamadou, du Professeur  Alpha Condé…

Mais, je suis sidéré par le système du parti unique que ce pouvoir veut instaurer en Guinée. Le Président de la République a juré qu’il va respecter et faire respecter la Constitution de notre pays. Aujourd’hui, tout le problème est de savoir si on la respecte ou est-ce qu’on ne la respecte pas !

Monsieur le Président, nous apercevons que ça ne va pas dans la cité, parce qu’on n’a pas respecté la loi, on n’a pas fait respecter la loi. Les différents  dialogues auxquels ont pris part toutes les parties, y compris la communauté internationale en font foi, car aucun d’entre eux n’a été respecté…

Les plaignants dans cette affaire, c’est monsieur Bantama Sow et Cie et monsieur le procureur de la République.

Monsieur Bantama Sow a plusieurs fois dit au siège du RPG que les victimes des manifestations politiques ne seront jamais indemnisées ! Pourtant, dans les précédents dialogues, ce sujet d’indemnisation a été discuté. Pourquoi le président de la République, en violation des lois de la Constitution, se rend au siège du RPG ?

Monsieur le Président, on est là parce que notre Constitution est foulée au sol.

Monsieur le Président, c’est ce qui fait qu’en France, en 1942, lorsque Napoléon Bonaparte a commencé à violer la Constitution, en arrêtant les magistrats et les autres citoyens, le peuple a fini par se révolter.

Monsieur le Président, je vais revenir en Guinée, pour dire que quand Bantama Sow a dit de que le chef de file de l’opposition veut préparer un coup d’Etat, il a fini par être reproché même par ses proches, notamment madame Nantou  Cherif.

On reproche à notre client d’avoir tenue des propos diffamatoires. Mais, il est à rappeler que la charte africaine a proscrit cette disposition. Les premiers à donner les coups sont des plaignants ici. Il y a 3 semaines, monsieur Malick Sankhon, lors d’un meeting, a interpellé madame Hadja Halimatou Dalein Diallo, qu’au lieu qu’elle nettoie la ville de Conakry, qu’elle aille nettoyer le Cimetière de Dixinn, ce n’est pas encourageant.

Monsieur le Président, les 70 personnes enterrées au cimetière de Bambéto ont été tuées par des contre-manifestants. Ces personnes-là n’avaient pas le droit à la vie ?

Monsieur le président, monsieur le procureur a requis 5 ans d’emprisonnement, vous ne devrez pas le suivre. Parce que si lui, il a des comptes à rendre à ses supérieurs, vous vous n’avez de comptes à rendre à personne ! Vous devez rendre un jugement avec votre ultime conviction.

Aujourd’hui, monsieur le Président, à l’heure où je vous parle, un criminel a pillé et incendié des biens des populations à Mali. Aujourd’hui, il se promène avec des sirènes, aux yeux et au de tout le monde, les procureurs, les chancelleries, les procureurs généraux…

Mais, lorsqu’il s’agit d’une affaire qui concerne l’opposition, le procureur met l’action publique en mouvement comme il en reçoit les instructions.

Aujourd’hui, le chef de l’Etat a de bonnes actions. Mais, on l’empêche de travailler. Il y a eu combien de combat pour qu’un chef d’Etat civil accède au pouvoir.

Monsieur le Président, nous vous reconnaissons être un brillant magistrat, je sais que vous n’allez pas suivre le procureur dans sa démarche, je suis convaincu que vous allez prendre la bonne décision…

Bref, je suis rassuré que votre tribunal ne condamnera pas un innocent ! L’honorable Ousmane Gaoual Diallo est un innocent ! Je vais assimiler les propos de Ousmane Gaoual Diallo à ceux du touriste français qui a dit : « Si les populations de Kaloum n’arrêtent pas de repousser la mer ; un jour, c’est la mer qui va repousser  toute la population de Kaloum, y compris le palais Sékhoutouréya.

Donc, il ne faut pas ignorer le « Si », il a parlé au conditionnel. En définitive, monsieur le Président, je voulais que vous renvoyiez l’honorable Ousmane Gaoual Diallo pour des fin de non poursuite.

Propos recueillis et décryptés par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

 

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