Impact du Covid-19 : le calvaire des huissiers de justice de Guinée

Me Sory Daouda Camara, président de la chambre nationale des huissiers de justice de Guinée

L’état d’urgence sanitaire, décrété pour freiner la propagation du coronavirus, a été reconduite d’autant plus le nombre de guinéens testés positifs croit chaque jour un peu plus avec quelques 192 cas confirmés. Cette crise joue négativement sur de nombreux secteurs d’activités, à l’image des huissiers de justice qui n’assurent que le service minimum.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com dans la journée de ce vendredi, 10 avril 2020, maitre Sory Daouda Camara, président de la Chambre Nationale des Huissiers de Justice de Guinée (CNHJG), a expliqué les difficultés rencontrées à cette période de Coronavirus.

Les huissiers étaient déjà mal en point avec « des ordres venus du sommet, adressés au Procureur Général », de ne plus leur donner des réquisitions nécessaires à l’exécutions des décisions de justice. Mais, la survenue de la pandémie du Covid-19 a aggravé une situation déjà inconfortable.

Pour maître Sory Daouda Camara, depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, leurs activités sont au ralenti. « Les huissiers de justice, depuis la prise en charge ou la prise au sérieux de cette pandémie par nos autorités, nous ne travaillons pas. Le ministre de la justice avait déjà pris un acte renvoyant toutes les audiences jusqu’à nouvel ordre. Donc depuis, dans notre profession, nous ne travaillons pas. C’est vrai qu’il y a des actes que nous pouvons poser à cette période. Mais nous, pour la sauvegarde de l’état de santé du personnel, nous ne travaillons pas. Je peux prendre l’exemple sur mon cabinet qui a bien voulu mettre en congé tout son personnel. Donc nous, nous ne venons au bureau que pour des cas d’urgences », a fait savoir maitre Camara.

Pair ailleurs, le président de la Chambre Nationale des Huissiers de Justice de Guinée a indiqué que ce secteur était déjà en crise avant cette pandémie. « Nous étions déjà en crise. Il y avait déjà une crise dans le secteur parce que, depuis un bon moment, les décisions de justice ne sont pas exécutées. Cette mesure a été décidée de façon unilatérale par le sommet, d’après ce qui nous a été dit en tout cas par monsieur le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry. Ce dernier aurait reçu des instructions de ne plus accompagner les huissiers dans le cadre de l’exécution des décisions de justice. Parce que lui, son accompagnement consiste à nous délivrer des réquisitions. La dernière grève qu’on avait connue était effectivement liée à cette même réquisition. Donc, avant cette pandémie, nous étions déjà en crise. Le secteur connaissait déjà cette crise liée à l’inexécution des décisions de justice. Nous n’étions pas loin d’aller à une nouvelle grève. On était à quelques microns d’une nouvelle grève avant cette pandémie. Mais ça a fait qu’aujourd’hui, nous ne pouvons pas profiter de cette période qui est morose pour tout le monde… Mais là, ça ne travaille pas. Tout est en berne. Donc, lancer un mouvement de grève, ce n’est pas réaliste. C’est pourquoi, nous estimons qu’il vaille mieux observer l’auto-confinement. Nous préférons nous auto-confiner jusqu’à ce que nous sortions de cette pandémie. »

Pour finir, maître Sory Daouda Camara n’a pas caché les difficultés rencontrées en ce moment pour joindre les deux bouts. « Cette maladie nous impacte. Elle nous impacte, nous et nos familles. Parce qu’ils ont besoin de cette profession. Dans la mesure où nous ne sommes pas opérationnels, vous pouvez imaginer qu’est-ce que cela va représenter du point de vue souffrance. Tous les gens qui dépendent de nous souffrent aujourd’hui. Il n’y a pas de subvention, il n’y a aucune forme d’assistance. Mais, nous gérons la chose au plus simple comme tout le monde », a-t-il laissé entendre.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620 589 527/654 416 922

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