Covid-19 : pas de prières collectives pendant le ramadan en Guinée

Elhadj Aly Jamal Bangoura, Secrétaire général des Affaires religieuses
Elhadj Aly Jamal Bangoura, Secrétaire général des Affaires religieuses

Le ramadan de cette année sera très particulier pour les fidèles musulmans de Guinée. Car pour la première fois, ils vont passer ce mois de pénitence sans pour pouvoir faire des prières collectives. En effet, toutes les mosquées du pays sont fermées en raison de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays. Pour parler de cette situation et d’autres sujets liés à la religion musulmane, le secrétaire général des affaires religieuses, Elhadj Aly Jamal Bangoura, a accordé une interview à Guineematin.com, ce jeudi 16 avril 2020.

D’entrée, le leader religieux a rappelé que l’islam met en dessus de tout, la préservation de la vie humaine. Et, c’est pour cette raison que toutes les mosquées y compris la Kaaba, le plus important lieu de culte des musulmans dans le monde, ont été fermées en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus. « Vous savez qu’il est très bon de faire la prière collective. Aussi bien chez les musulmans que chez les chrétiens. Mais, la religion met toujours la vie de l’homme au-dessus de tout. C’est un principe pour l’islam de sauvegarder avant tout la vie du fidèle musulman. La Kaaba (située à la Mecque), la maison la plus sacrée chez les musulmans, a été toujours ouverte 24 h sur 24 pour les fidèles.

Mais à cause du coronavirus, elle est fermée par les autorités saoudiennes. Et du coup, toutes les mosquées de la Mecque, de Médine et d’ailleurs, partout dans les pays musulmans, ont été fermées. Dieu nous enseigne de ne pas nous exposer à la mort. Cela fait partie des principes de notre religion. C’est pourquoi, il ne faut pas jouer avec la vie des populations. Le gouvernement est là pour sauvegarder la vie des citoyens. C’est pour cette raison que le chef de l’Etat a décrété l’urgence sanitaire suivie de mesures strictes pour le respect des barrières. C’est fondamental », a-t-il souligné.

Elhadj Aly Jamal Bangoura, Secrétaire général des Affaires religieuses

Elhadj Aly Jamal Bangoura rappelle d’ailleurs que les musulmans ne sont pas les seuls à devoir passer leur mois saint sans pouvoir aller à la mosquée. Les catholiques aussi viennent de vivre la même situation. « Les musulmans de Guinée doivent se rappeler que les chrétiens viennent de terminer leur jeûne. Ils ont fêté pâques dans la plus grande intimité. Et le ramadan aussi est une activité religieuse de haute portée et individuelle. Jeûner, c’est entre le fidèle et son créateur. Ça c’est différent de la prière collective. Le jeûne lui-même est une obligation alors que la prière collective relève de la sounna (recommandation du Prophète de l’islam).

Du temps du Prophète Mohamed, (PSL), il a fait la prière Nafila dans sa mosquée de Médine par deux fois de suite pendant le ramadan. Et le 3ème jour, il n’est pas venu. Les gens ont prié individuellement. Ses compagnons lui ont demandé après pourquoi il n’est pas venu au 3ème jour pour les faire prier. Il a répondu qu’il l’a fait de bonne raison. S’il venait pour la 3ème fois de suite, explique-t-il, cette prière allait devenir une obligation pour sa communauté… Donc, tu peux jeûner et prier chez toi sans problème. Actuellement, nous sommes dans l’urgence sanitaire décrétée par le président de la République jusqu’au 15 mai. Donc, les gens doivent accepter d’observer les mesures barrières et la distanciation sociale pour contrer la pandémie chez nous. Et avant la date du 15 mai, nous serons dans le mois de ramadan, annoncé d’ailleurs à partir du 24 avril », a dit le chef religieux.

Même si les mosquées sont fermées, Elhadj Aly Jamal Bangoura appelle les fidèles musulmans de Guinée à multiplier les prières, la récitation du saint coran et les invocations pendant ce mois de ramadan. Mais aussi, demander à Dieu de débarrasser le monde de cette pandémie du Covid-19. « Vous savez, l’homme ne peut pas affronter son créateur. Comment est-ce que vous pouvez comprendre que les gens disent que des personnes de même sexe peuvent se marier par exemple ? Des actes de ce genre peuvent provoquer très vite la colère de Dieu. Dieu n’aime pas l’injustice, il n’aime les excès, ce n’est pas ça les droits de l’homme.

L’humanité doit absolument se repentir. Les gens doivent arrêter les injustices, ils doivent arrêter de pêcher. Ce n’est pas bon. Et comme Dieu aime sa créature, il aime la communauté mohammadienne, il acceptera notre repentir. Pourvue que celui-ci soit correct et sincère. Les gens doivent œuvrer à changer de comportement. C’est par la seule voie qu’on sortira de cette peur inédite et se sauver de cette pandémie qui n’épargne rien ni personne à travers le monde », estime le secrétaire général des affaires religieuses.

Abdallah BALDE et Ibrahima Sory DIALLO pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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