Covid-19 à Conakry : les vendeuses réoccupent la chaussée au marché ENCO 5

Bountou Bangoura, vendeuse

Les mauvaises pratiques ont la vie dure. Les vendeuses du marché de la Cité Enco5, dans la commune de Ratoma, ont réoccupé la chaussée, devant les murets, en pleine période Covid-19. Alors que le marché était censé être fermé le lundi, 27 avril 2020, suite au décès de son administrateur testé positif à la maladie, les vendeuses étaient pleines d’entrain à la recherche de la pitance quotidienne. Interrogées par un reporter de Guineematin.com, ces femmes affirment ne pas pouvoir se confiner et ne pas avoir de la place dans l’enceinte dudit marché.

Pour empêcher l’occupation de la chaussée dans les marchés de Conakry, le ministère des Travaux Publics a construit des murets à divers endroits. Le manque de place à l’intérieur des marchés aidant, les vendeuses ont repris l’occupation de la chaussée, tant à Enco5 qu’à Matoto, ENTAG et Lansanaya.

Au marché Enco5, de nombreuses femmes vendeuses de vêtements, de chaussures, d’objets de parure, de condiments et de légumes ont envahi la chaussée. Pire, le marché avait été annoncé fermer pour le lundi suite au décès de son administrateur, tué par le Covid-19.

Interrogées, ces femmes disent ne pas être prêtés à rester à la maison à cause de la galère ambiante. Par ailleurs, elles disent que le manque de places au marché justifie leur présence sur la chaussée. C’est ce qu’a laissé entendre Bountou Bangoura, vendeuse de poissons.

Bountou Bangoura, vendeuse

« Toutes les femmes de Conakry souffrent ; mais, nous les femmes vendeuses au marché d’Enco5, nous souffrons encore plus. On parle de confinement à la maison, nous n’avons rien à manger là-bas, comment on va vivre avec nos maris et nos enfants si on ne vient pas au marché ici ? Nous ne pouvons pas rester à la maison en train de regarder nos maris et nos enfants. C’est pourquoi nous venons ici. Ici au marché aussi, on nous serre, nous n’avons pas de places, comment on va faire ? Au marché ici, à l’intérieur, nous ne pouvons pas rester là-bas parce qu’il n’y a ni places, ni clients. Tous les prix ont augmenté depuis l’arrivée de Coronavirus. Tout ce qu’on achetait à 1000 francs, s’achète désormais à 2000. Avec cette hausse, si tu vas à l’intérieur du marché, il n’y a pas de places, il y a beaucoup de boue, les clients ne descendent pas là-bas, ce n’est pas facile pour nous. Tout le monde se limite à la route ici. C’est pourquoi nous venons nous installer au niveau de la route ici pour avoir des clients. Parce que c’est quand ça marche, que nous aurons de l’argent et gagnons notre vie ».

Toutefois, Bountou Bangoura est consciente qu’il est interdit de vendre sur la chaussée. D’ailleurs, les policiers s’en prennent à elles souvent. « Mais au niveau de la route ici, où nous gagnons notre dépense, les policiers viennent terrasser nos marchandises, emporter d’autres et puis nous frapper. Chaque fois, ils viennent nous chasser d’ici et nous frapper. Nous souffrons vraiment. Nous n’avons nulle part où aller pour gagner notre dépense. Les hangars que vous voyez comme ça, ce sont les femmes vendeuses au marché Enco5 ici qui ont cotisé pour les construire, ce ne sont pas les autorités. Nous demandons à Alpha Condé de nous aider, nous souffrons », a-t-elle lancé.

Une autre dame s’alarme, se plaignant du pourrissement de ses produits suite au manque de places. « Moi, je suis vendeuse de condiments frais. Si je reste à l’intérieur du marché, les clients ont la paresse d’y aller, ils se limitent à la route ici. Je reste là-bas jusqu’à l’heure de la fermeture, rien ne marche et tout pourri. Donc, c’est à la route que tout ça là marche. C’est pourquoi je viens ici. Mais ici aussi, on a toujours peur parce que les policiers viennent prendre parfois nos marchandises et frapper certaines d’entre nous. Avec le début de la saison des pluies, tu ne peux pas te promener dans le marché, il y a beaucoup de boue. C’est ici que je vais rester sinon je ne peux pas avoir de quoi manger ».

Selon nos informations, le bureau de l’administrateur du marché, décédé de Covid-19, devait être pulvérisé. Les membres de son bureau et les précepteurs d’impôts seraient sous surveillance de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS).

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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