Fête du 1er mai : Abdoulaye Sow adresse un message à l’Etat et aux travailleurs de Guinée

Abdoulaye Sow, secrétaire général de l'Union Syndicale des Travailleurs de Guinée
Abdoulaye Sow, secrétaire général de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée

Le 1er mai, journée internationale des travailleurs, intervient cette année dans un contexte assez particulier, marqué par la crise sanitaire liée au coronavirus. Une pandémie qui a fait de nombreuses victimes à travers le monde et qui entraîne beaucoup d’autres conséquences négatives. En raison de ce contexte, cette journée ne sera pas célébrée en Guinée, où les rassemblements sont interdits.

Mais, Abdoulaye Sow, le secrétaire général de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), a profité de l’occasion pour adresser un message à l’endroit de l’Etat guinéen et des travailleurs du pays. Il l’a fait à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, à travers un de ses journalistes

Décryptage !

Guineematin.com : cette année, la journée internationale intervient dans un contexte difficile, dû à la propagation de la pandémie du coronavirus dans le monde. En tant que leader syndical, que représente cette journée pour vous ?

Abdoulaye Sow : merci de me tendre le micro pour parler de la fête du 1er mai. Une date qui consacre le sacrifice de beaucoup d’ouvriers à travers le monde. Sacrifice qui a permis aujourd’hui aux travailleurs d’avoir une meilleure visibilité, de vivre décemment et de pouvoir poser des revendications sans cesse pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Dans le contexte guinéen, nous avons encore le souvenir triste de la fête du 1er mai dernier. Notre centrale syndicale a été victime de violences fortes avec la complicité de certains membres du gouvernement. Nous avons été frappés, envoyés à l’hôpital. Ce n’était pas une fête digne. Et à l’époque, j’avais honte pour mon pays par rapport à la célébration de cette fête. Donc, c’est un triste souvenir puisqu’il est nécessaire de le rappeler.

Maintenant comme vous venez de le dire, cette année, la fête du 1er mai 2020 intervient dans un contexte particulier et extrêmement difficile. Nous vivons le coronavirus, nous avons le mois de ramadan en face, nous avons les enseignants qui sont privés de leurs salaires depuis 4 mois. Malgré le fait qu’ils ont écrit et suspendu le mot d’ordre de grève, malgré le fait qu’ils acceptent une trêve, ils sont privés de leurs salaires. Et vous savez que le salaire a un caractère alimentaire. C’est vraiment inacceptable, voir grave qu’ils n’entrent pas en possession de leurs salaires. J’interpelle les autorités par rapport à ça.

Guineematin.com : vous voulez dire que la situation des travailleurs guinéens est loin d’être reluisante actuellement ?

Abdoulaye Sow : aujourd’hui, les travailleurs de Guinée rencontrent beaucoup de difficultés : il y a des entreprises qui veulent procéder à des licenciements, mettre des travailleurs en chômage technique. Ce que nous avons refusé. Nous avons écrit au gouvernement, nous avons écrit au secteur financier pour dire qu’il n’y aura pas de licenciement en ce moment précis. Nous ne sommes pas d’accord. Au Sénégal par exemple, c’est le chef de l’Etat qui a pris un décret interdisant tout licenciement en ce moment. Ici, il y a des tentatives dans certaines entreprises de faire des plans sociaux, de faire le chômage technique, et c’est ce que nous n’acceptons pas.

Nous soutiendrons vaille que vaille, coûte que coûte les travailleurs pour que cela ne soit pas. Pas de licenciement à ce moment… Tout le monde est en difficulté, et pour atténuer ces difficultés, il faut qu’il y ait des sacrifices de partout, notamment de la part du gouvernement. Il (le gouvernement) a pris des mesures, il faut les mettre en application. Nos entreprises doivent comprendre la situation pour ne pas affecter la vie des travailleurs guinéens.

Guineematin.com : à l’USTG, est-ce que vous avez prévu quelque chose pour marquer cette journée du 1er mai ?

Abdoulaye Sow : le contexte nous emmène aujourd’hui à plutôt se concentrer au respect des mesures de sécurité édictées par le gouvernement, édictées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et par nos entreprises respectives. Faire en sorte que la propagation de cette maladie s’arrête. Donc, nous invitons tous les travailleurs de Guinée, tous les travailleurs affiliés à l’USTG, à toute la population guinéenne, d’accepter la discipline en ce moment, d’accepter de respecter les mesures barrières. Comme ça, nous allons vaincre cette pandémie qui ravage le monde et tue l’économie. Et, c’est le moment également de demander au gouvernement de regarder les mesures prises.

Parce que nous avons été les premiers, en tant que structure syndicale, de faire des propositions au gouvernement. Et c’est sur cette base que le Premier ministre, chef du gouvernement, a fait son plan de riposte économique au Covid-19. Nous avons également écrit au gouverneur de la Banque centrale pour faire des propositions par rapport à beaucoup d’aspects économiques qu’il a pris en compte. Donc, nous sommes fiers d’être une centrale participative. Pour vaincre le Covid-19, il faudrait que le gouvernement nous écoute. Il faudrait qu’on paie les salaires des enseignants. Ce sont des Guinéens. Dans un contexte comme ça, si tu prives quelqu’un de son salaire, c’est criminel.

Guineematin.com : avez-vous un message à l’endroit des travailleurs affiliés à l’USTG à l’occasion de cette fête du 1er mai ?

Abdoulaye Sow : c’est que nous demandons aux travailleurs, c’est de prendre conscience de la situation actuelle du coronavirus. Etre disciplinés, respecter les mesures barrières, à savoir : se laver les mains, respecter la distanciation sociale, porter les masques, et quand on se sent malade, il faut on appeler le 115 ou se rendre rapidement à l’hôpital. Donc, il faut respecter scrupuleusement les mesures barrières pour nous protéger. Parce que nous voyons aujourd’hui que cette maladie fait des ravages à travers le monde. Il y a beaucoup de morts, beaucoup d’hospitalisés, beaucoup en réanimation. Tout cela doit nous interpeller pour que nous prenions nos gardes pour nous protéger et protéger nos familles et nos proches.

Le virus ne se déplace pas, ce sont les Hommes qui se déplacent, qui le transportent et qui contaminent les autres. Nous devons arrêter et couper cette chaîne de contamination pour que nous puissions vaincre cette pandémie, qui a des conséquences désastreuses sur tous les plans. Sur le plan social, nous perdons aujourd’hui une valeur importante de nos sociétés : tu ne peux plus saluer quelqu’un en lui serrant la main, tu ne peux pas rendre visite à ton prochain, tu ne peux pas aller saluer quelqu’un pour lui apporter quelque chose pendant ce mois de ramadan.

L’économie est aujourd’hui en difficulté, il n’y a pas d’activités, les recettes ne rentrent pas au niveau des caisses de l’Etat, les entreprises sont à l’arrêt et les ménages sont en difficulté. Il faut que nous prenions conscience de tout ça. Savoir que le moment est difficile et grave. Donc, que chaque travailleur se protège et protège les autres en respectant toutes les mesures de sécurité et les mesures sanitaires. C’est ce que nous demandons aujourd’hui aux travailleurs. De tout faire pour respecter les mesures barrières pour que nous nous débarrassions rapidement de cet ennemi invisible qui est en train de hanter nos sommeils.

Entretien réalisé par Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620 589 527/654 416 922

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