Covid-19 à Kindia : les citoyens de Gomba Boutoukhou (Kolenté) entre pénuries et manque de kits

M'mah Hawa Soumah, présidente des femmes de Gomba Boutoukhou

La propagation du nouveau coronavirus a entraîné une paralysie des activités socioéconomiques en Guinée. Le monde rural, isolé des grandes villes, est très affecté par les nombreuses restrictions liées à l’instauration de l’état d’urgence sanitaire. Les citoyens de Gomba Boutoukhou, relevant de la commune rurale de Kolenté, sur la nouvelle route nationale numéro 24 Kindia-Télimélé, sont coupés de Kindia et manquent de tout. Leur marché hebdomadaire, autrefois fréquenté, est aujourd’hui clairsemé avec l’interdiction pour les gens de Kindia de s’y rendre, rapporte Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

La couche féminine de Gomba Boutoukhou, relevant du district de Kabéléya, à Kolenté, est particulièrement touchée par cette paralysie des activités. C’est ce qu’a laissé entendre M’Mah Hawa Soumah, présidente des femmes de Gomba Boutoukhou, qui parle des difficultés rencontrées, surtout en ce mois de Ramadan.

M’mah Hawa Soumah, présidente des femmes de Gomba Boutoukhou

« Nous sommes contentes de la nouvelle route nationale qui passe par chez nous ici. On a un petit marché hebdomadaire. Les autorités ont interdit ceux de la ville de venir ici. Donc, pour avoir les condiments, il faut que les femmes de la ville de Kindia viennent nous approvisionner. A l’heure là, on compte le nombre de vendeurs et vendeuses dans notre marché à cause de la maladie. On ne gagne rien à acheter le jour du marché pour se nourrir pendant ce mois saint de Ramadan », a expliqué la dame.

Devant cette situation, M’Mah Hawa Soumah interpelle les autorités sur leurs conditions de vie de plus en plus compliquées. « Nous demandons aux autorités, au président de la République, le professeur Alpha Condé, de nous aider. Nous avons faim, les activités sont au ralenti à l’heure là. On a l’habitude d’importer nos mangues à Conakry. Mais cette fois-ci, on ne voit pas de clients. Les routes sont bloquées, on dit qu’il n’y a pas de regroupement. Nous vivons une situation exceptionnelle. On dit c’est la maladie coronavirus. Nous préférons mourir de la maladie que de mourir de la faim », a lancé la présidente des femmes de Gomba Boutoukhou.

N’famoussa Soumah, agriculteur domicilié à Gomba Boutoukhou

L’autre constat dans ce secteur, c’est le manque de kits d’hygiène sanitaire et le non respect du port du masque faut de moyens matériels. N’Fa Moussa Soumah, agriculteur, interrogé sur la question, a apporté des précisions : « toutes les activités sont paralysées chez nous à cause de la maladie. On a un marché hebdomadaire où le taux de fréquentation est très faible. Notre mosquée a été fermée depuis l’annonce faite par les autorités. Même la prière de vendredi, on ne la fait pas. Depuis la déclaration de cette pandémie, on n’a jamais obtenu de kits de lavage de mains, même sur les lieux publics. Mais, les bidons communément appelés Sipa, qui contiennent de l’eau de javel, sont suspendus partout pour le lavage des mains. Pour ce qui du port obligatoire des masques, il y a certains qui portent et d’autres qui ne portent pas. Même moi je ne porte pas de masque. La raison est que tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter un masque. C’est seulement ceux qui ont eu des masques à Kindia ville par l’intermédiaire de leurs parents qui en portent. Mais, nous avons tous besoin des masques de protection ».

Notre interlocuteur s’adresse aux bonnes volontés. « Je demande aux ONG, aux personnes de bonne volonté et au gouvernement de nous aider parce que c’est le seul moyen de lutter contre la propagation du COVID-19. Il vaut mieux prévenir que guérir », a laissé entendre N’Fa Moussa Soumah.

De retour de Kolenté, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628 51 67 96

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