Le maire de la commune rurale de Kouratongo, Abdoulaye Sadio Diallo et son homologue de Kollet, Ibrahima Kaba Bah sont accusés par des éleveurs soutenus par le préfet de Tougué, Elhadj Abdourahmane Baldé, de vouloir étouffer une affaire de vol de bétail dont le réseau a été démantelé au début de ce mois de mai 2020, rapporte un correspondant de Guineematin.com, en Moyenne Guinée.
Le chef du district de Douroun, situé à 27 km du chef-lieu de la commune rurale de Kollet, dans la préfecture de Tougué découvrait 8 bœufs attachés au bord d’une rivière. Informé, le maire de la commune rurale de Kollet, Ibrahima Kaba Bah s’est rendu à Douroun Mangol avec le chef du cantonnement forestier, un gendarme et le chef du poste vétérinaire. Sur les lieux, cette importante délégation du maire de Kollet a appris du président du district de Douroun, Abdoulaye Barry, que les présumés voleurs des bœufs retrouvés ont pris la poudre d’escampette.
Le maire de Kollet aurait alors négocié avec des gens pour convoyer les bêtes au chef-lieu de la commune rurale. Il en aurait informé immédiatement le juge de paix et le préfet de Tougué avant de faire passer un avis de recherche des propriétaires des bêtes sur les antennes de la radio rurale locale. A la suite de cet avis de recherche, 7 propriétaires se sont présentés aux autorités communales de Kollet.
Selon Ibrahima Cissé Baldé, membre du conseil communal de Kouratongo, se faisant passer pour une victime de vol de bétail, « les propriétaires des 7 bœufs ont été retrouvés à Hooré Kollet (2), Kollet (2), Kakouma (1), Woulenko (1), Bambena (1).» Mais, ils étaient obligés de verser, chacun, aux autorités de Kollet la somme de 500 mille francs guinéens, soit un montant total de 3 millions 500 mille francs guinéens.
Sur la question, le maire de Kollet, Ibrahima Kaba Baldé dit avoir donné « deux millions de francs aux jeunes qui ont convoyé les bœufs, pris 500 mille francs comme frais de carburant de son véhicule, 200 mille francs comme frais de vidange du même véhicule et 300 mille francs pour alimenter les animaux.»
Les recherches ont permis de retrouver les convoyeurs Oumar Diallo et Ibrahima Baldé qui ont été déposé à la gendarmerie de Kollet où ils ont dénoncé celui qui leur a demandé d’emmener les 8 bœufs à Dinguiraye. Il s’agit, dit-on, du sieur Alhassane Diallo, membre du conseil communal de Kouratongo, issu de la liste de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
« Lorsque le sieur Alhassane Diallo a répondu à l’invitation des autorités de Kollet pour cette affaire, il a pu négocier la libération des prévenus Oumar Diallo qui est son jeune frère et Ibrahima Baldé.
Avec l’appui du président des éleveurs de Tougué, Elhadj Thierno Ousmane et du directeur préfectoral de l’élevage, Barry Koufa, les victimes ont déposé une plainte contre Alhassane Diallo qui a été dénoncé par les convoyeurs qui ont été arrêtés avec les 8 bœufs à Douroun Mangol, dans la commune rurale de Kollet.
« C’est comme ça que l’affaire a été déclenchée. Les accusés ont été appelés à la Justice de Paix de Tougué pour une première fois. Là, aussi, le maire de Kouratongo, en complicité avec son homologue de Kollet qui cherchait à étouffer l’affaire, est allé à gendarmerie pour réclamer la libération provisoire des prévenus, sous-prétexte que ce sont des chefs de familles qui ne vont pas fuir. La Justice a fini par confier les accusés au maire de Kouratongo. Entre temps, nous avons découvert que le nommé Ibrahima Baldé, ressortissant de Kollet installé avec sa femme et ses enfants à Kouratongo où il exerce le métier de maçon est membre de ce réseau. Nous l’avons pris, il nous a expliqué comment ils ont opéré pour prendre les 8 bœufs. Informé, le maire et le commandant de la gendarmerie de Kollet sont venus chercher Ibrahima Baldé que nous avons arrêté. Nous étions très contents de l’arrivée de ces deux autorités. Nous leur avons demandé d’user de leurs pouvoirs pour prendre en même temps les complices dénoncés par Ibrahima Baldé. Ce qu’ils n’ont pas voulu faire. Nous, aussi, nous avons refusé de mettre Ibrahima Baldé à leur disposition, parce que nous savons qu’ils cherchent à étouffer l’affaire. Sinon ils ne pouvaient pas libérer ceux qui avaient été arrêtés avec les bœufs chez eux. Finalement, c’est le Juge de Tougué qui s’est rendu sur le terrain pour demander à la foule révolté de faire confiance à la justice de la préfecture. Que l’affaire sera vraiment prise au sérieux. Nous avons répondu que puisqu’ils sont tous venus, mieux vaut qu’ils partent avec tous ceux qui ont été dénoncé par Ibrahima Baldé. Le Juge de Tougué, le maire de Kollet et les 3 gendarmes ont laissé la foule au centre pour se diriger vers la concession de Bhoundou Koura, père de l’accusé Alhassane Diallo. Quelques temps après, ils sont revenus nous dire qu’ils n’ont trouvé personne dans la concession sauf des femmes. Nous avons compris qu’ils n’ont pas voulu revenir avec Oumar Diallo qui était bel et bien dans la concession de son oncle. Le lendemain, nous avons accepté alors de déposer Ibrahima Baldé qui était avec nous à la Justice de Tougué où nous avons été prévenus que le sieur Alhassane Diallo qui était sous contrôle judiciaire a pris la clef des champs pour Koundara. Devant le juge, nous avons réclamé au maire de Kouratongo qui a pris la garantie du fugitif de tout faire qu’il soit de retour. Avec les pressions, Alhassane Diallo est revenu. Mais, son jeune frère Oumar Diallo qui est l’un des convoyeurs de 8 bœufs serait allé se réfugier au Mali. Alhassane Diallo et Ibrahima Baldé ont été alors transférés à la maison centrale de Labé par le Juge de Paix de Tougué », explique longuement Ibrahima Cissé Baldé.
Il semble que les éleveurs sont soutenus dans leur démarche par le préfet de Tougué, Elhadj Abdourahmane Baldé qui aurait des griefs contre les maires de Kouratongo et Tougué.
Joint au téléphone par le correspondant régional de Guineematin.com, le maire de la commune rurale de Kouratongo, Abdoulaye Sadio Diallo n’a pas voulu coopérer.
« Qu’est-ce que vous voulez. Comment voulez-vous qu’on fasse ? S’ils disent que je suis complice, seule une confrontation à la barre peut éclaircir l’affaire. Menez les enquêtes pour savoir ce qui s’est passé » a-t-il lancé avant de couper son téléphone.
De son côté, le maire de Kollet, Ibrahima Kaba Bah a promis de rappeler pour nous donner d’amples informations sur le dossier. Mais, depuis notre premier entretien téléphonique, il reste injoignable avec son numéro que nous détenons.
Tard dans la nuit d’hier, mardi, 26 mai 2020, nous avons reçu un sms du maire de Kollet dont la teneur suit : « Bonsoir Koto, je ne suis pas rentré à Kollet. On se verra demain Incha Allah. Bonne nuit. »
Sauf que depuis la petite matinée de ce mercredi, 27 mai 2020, il continuait d’être injoignable au téléphone jusqu’au moment où nous avons décidé d’envoyer cette dépêche à 16h 30.
De Labé, Idrissa Sampiring Diallo pour Guineematin.com
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